Le Dr Fayçal Hentati remporte le prix Cheikh Hamdane Ibn Rashed Al Maktoum pour la meilleure institution de recherche médicale dans le monde arabe. Les 200 mille dollars — montant du prix — iront à la recherche au sein de l'Institut de neurologie Samedi 20 décembre 2014. L'Institut national Mongi Ben H'mida de neurologie était en fête. Les blouses blanches étaient venues, en grand nombre partager la joie de l'un des pionniers de l'Institut, le Dr Fayçal Hentati qui vient de remporter le prix Cheikh Hamdane Ibn Rached Al Maktoum, le prince héritier des Emirats arabes unis, récompensant la meilleure faculté, institut ou centre médical dans le monde arabe pour le compte de l'année 2013-2014. Et la cérémonie de revêtir une dimension particulière, puisque la somme de 200 mille dollars remportée par le Dr Hentati ira à l'Institut et sera consacrée à la recherche. C'est le Dr Hentati qui l'a décidé : «Tout simplement parce que l'Institut en a besoin et que les chercheurs méritent d'être encouragés. Et mon ambition est que les jeunes médecins et chercheurs que je forme depuis plus de quarante ans préservent la flamme qui nous a toujours guidés et dont les résultats font aujourd'hui la fierté de la Tunisie. Et cette fierté, je l'ai ressentie pleinement quand j'ai découvert aux Emirats arabes qu'ils étaient au fait de ce que nous réalisons à l'institut, qu'ils suivent nos recherches et qu'ils sont disposés à collaborer avec nous en vue de la création d'un centre de génomie arabe», confie le lauréat à La Presse. Toutefois, il n'arrive pas à cacher sa déception de ne voir aucun officiel tunisien de notre ambassade aux Emirats participer à la fête. «J'ai entrepris toutes les démarches nécessaires pour informer à temps le ministère de la Santé et celui des Affaires étrangères. Malheureusement, il semble qu'ils avaient d'autres préoccupations plus importantes. Qu'importe, l'essentiel pour nous, les élèves du grand professeur Mongi Ben H'mida, est de préserver l'esprit de famille qui a toujours régné au sein de notre institut et entretenir notre action militante afin que toutes les restrictions imposées injustement à nos jeunes médecins soient levées et que l'on finisse par imposer le mérite et la distinction en tant qu'uniques critères pour accéder aux postes de responsabilité. Il est temps que nos chercheurs, dont les travaux sont reconnus sur le plan international, ne soient plus recalés dans les concours pour des raisons inconnues. En, plus clair, l'interférence politique dans le domaine de la recherche scientifique et médicale n'a plus de droit de cité. Et cette récompense internationale remportée par l'Institut devrait faire sauter tous les clivages et ouvrir la voie à la médiatisation des succès réalisés par l'Institut durant ces vingt dernières années», révèle-t-il. Vers un remède contre le Parkinson Mais quels sont les domaines où l'Institut national Mongi Ben H'mida de neurologie s'est illustré ces dernières années ? «Nous avons réussi à identifier les gènes responsables de 15 maladies dont la myopathie tunisienne, l'ataxie avec déficit en vitamine E et la maladie de Parkinson héréditaire. Nos recherches montrent qu'un Tunisien sur trois est susceptible d'être atteint de cette maladie héréditaire. Nous avons découvert également que tous les Tunisiens ont la même mutation dont l'apparition remonte à 2.500 ans. Et toutes les découvertes sont publiées dans les revues internationales spécialisées. Actuellement, l'Institut collabore avec plusieurs laboratoires internationaux de recherche en vue de la découverte d'un remède efficace contre la maladie de Parkinson», précise le Dr Hentati. Il reste que le ministère de la Santé est sorti de son silence lors de la cérémonie au cours de laquelle le Dr Hentati et l'Institut ont été honorés aux Emirats. Samedi, le directeur général de la santé, Nabil Ben Salah, a été de la fête des blouses blanches et a tenu à assurer que «l'hôpital public sera préservé» et à lever les craintes exprimées par Habib Jerjir, S.G. adjoint de l'Union régionale du travail de Tunis et S.G. du Syndicat de base de l'Institut, qui a insisté sur la nécessité de revoir «la carte sanitaire, le financement de la santé et de prémunir le secteur public de la santé contre les convoitises de privatisation.