L'exposition «Révélations lumineuses, 100 ans plus tard» des œuvres originales des peintres allemands Paul Klee, August Macke et Louis Moilliet se poursuit au Musée du Bardo. En partenariat avec le Goethe-Institut et le Musée national du Bardo, l'exposition d'envergure et inédite des trois peintres allemands Paul Klee (1879-1940), August Macke (1887-1914) et Louis Moilliet (1880-1962), intitulée «Révélations lumineuses, 100 ans plus tard», vient couronner les diverses manifestations culturelles qui ont eu lieu durant l'année 2014 à l'occasion du centenaire de leur voyage en Tunisie (1914). Plus qu'un mois avant la clôture des célébrations et de l'exposition qui a attiré un grand nombre de visiteurs, notamment des touristes venus en groupes lors de visites guidées au Musée du Bardo. Ainsi que les jeunes et moins jeunes Tunisiens qui ont pu admirer les œuvres originales des trois artistes allemands lors de visites organisées tous les samedis et dimanches à 11h00 et à 14h00 et commentées en langue arabe, française ou anglaise. «La couleur me possède. (...) La couleur et moi sommes un. Je suis peintre», note le célèbre peintre allemand Paul Klee dans son Journal le 16 avril 1914, en Tunisie. On peut donc dire que c'est en Tunisie que Paul Klee prit conscience de sa destinée, de l'importance de la couleur et du chemin vers l'abstraction qui lui restait à parcourir pour devenir l'un des peintres majeurs du XXe siècle. De même pour son ami d'enfance Louis Moilliet ou son autre compagnon de voyage August Macke qui, dès son arrivée en Tunisie, envoie une lettre à son épouse, pour lui dire qu'il est dans «une allégresse au travail comme je n'en avais jamais connu». «Je crois que je vais rapporter des quantités phénoménales de travail à la maison», écrit-il. 20 œuvres de Louis Moilliet, 5 de Paul Klee et 7 autres d'August Macke trônent impérialement dans une grande salle à l'étage du Musée. Sans oublier les multiples croquis, dessins et aquarelles réalisés par les artistes à Tunis, Sidi Bou Saïd, Ezzahra, Hammamet, Sousse, Gabès, Médenine, Zarzis et Kairouan et ramenés de plus de 65 musées dans le monde ou provenant de collections particulières et qui valent aujourd'hui une fortune. Pour cette exposition, également, un catalogue a été réalisé par la commissaire de l'exposition Anna M. Schafroth, historienne en art, en partenariat avec les ambassades d'Allemagne et de Suisse en Tunisie et le ministère de la Culture de Tunisie. C'est, en effet, une belle occasion de voir de près ces œuvres inédites qui ne sont pas exposées uniquement dans le contexte de l'histoire de l'art rendant ainsi hommage aux trois artistes, mais encore, elles thématisent les endroits visités par les trois artistes lors de leur voyage en avril 1914. En dehors de Tunis, ce sont le beau village de Sidi Bou Saïd, le Café des Nattes, et Ezzahra, l'ancien Saint-Germain, où les trois artistes puisèrent leur inspiration, tout en peignant les couleurs, les odeurs et l'ambiance des jours de Pâques dans la villa d'été du docteur Jäggi, leur hôte à Tunis. Leur voyage initiatique à la recherche de la lumière les amena ensuite à Hammamet, puis à Kairouan, l'apogée de leur séjour en Tunisie. Les œuvres sont une célébration généreuse de la lumière et de la couleur. Tous les trois ont trouvé matière dans notre pays, ils ont puisé dans son répertoire graphique et naturel qui selon les historiens d'art, leur travail effectué en Tunisie a marqué un tournant dans l'histoire de la peinture, c'était le début de l'abandon du figuratif vers une peinture plus abstraite et géométrique. C'est aussi la découverte de la lumière aveuglante du désert magnifiée par l'utilisation de l'aquarelle. On découvre des compositions où se mêlent textures et transparence, luminosité et scintillement, sensations abstraites et représentations figuratives. Les formes appellent des formes et des sensations dans des créations rigoureuses, où l'harmonie et la finesse font de ces œuvres qui dialoguaient entre elles un témoignage beau et remarquable. L'exposition est encore visible jusqu'au 14 février 2015.