Face à ce gaspillage et au coût généré, l'INC vient d'élaborer une stratégie pour réduire une telle perte, d'autant que, quotidiennement, près de 900 mille pains retournent aux boulangeries L'Institut national de la consommation vient de soumettre au ministère du commerce, une stratégie nationale pour réduire le gaspillage du pain subventionné, élaborée avec l'administration et la profession. Dans un entretien avec l'agence TAP, le directeur général de l'INC, Lassaâd Laâbidi, a dévoilé que le coût du gaspillage du pain est évalué à 100 millions de dinars au niveau des boulangeries (près de 900 mille pains retournent quotidiennement aux boulangeries), des unités hôtelières, des ménages et des restaurants universitaires. Cette stratégie vise, selon lui, «la rationalisation du coût de la subvention des produits de consommation de base, à travers l'adoption d'un comportement de consommation qui limite le gaspillage des produits compensés et notamment le pain». «Quelque 6 millions 734 mille pains sont préparés quotidiennement en Tunisie, dont 2 millions 786 mille baguettes et 3 millions 950 mille gros pains». 84 baguettes et 119 gros pains, par an D'après l'Institut national de la statistique (enquête nationale sur la consommation des ménages), le Tunisien consomme 84 baguettes et 119 gros pains par an. En Tunisie, les ménages viennent en tête de liste des grands consommateurs de pain, suivis du secteur touristique, puis des restaurants universitaires (17 millions) et enfin des prisons. Le pays compte 900 boulangeries spécialisées dans la fabrication du petit pain (baguette) et 2105 boulangeries spécialisées dans celle du gros pain. La stratégie de l'INC propose la fabrication d'un seul type de pain au lieu des deux catégories: baguette et gros pain, actuellement disponibles. Il faut aussi améliorer la qualité du pain, en ajoutant une quantité de son, ce qui est meilleur pour la santé. Elle propose encore de coordonner avec la fédération nationale des restaurants touristiques pour le développement de la préparation de mets à partir de pain rassis. D'après un diagnostic réalisé par l'INC sur le phénomène du gaspillage du pain, il s'est avéré que le Tunisien achète des quantités de pain dépassant, de loin, ses besoins réels et n'adopte pas de moyens appropriés pour conserver le pain. Les boulangeries, elles-mêmes, produisent des quantités qui dépassent leurs capacités de commercialisation. Lutte contre le gaspillage à trois niveaux Pour faire face à ces pertes, la stratégie nationale de lutte contre le gaspillage du pain va agir sur trois volets : la lutte contre le gaspillage au niveau de la production et au niveau de la consommation, la rationalisation des achats de pain selon les besoins réels et l'adoption de moyens de conservation adéquats du pain. Dans ce même contexte, l'Institut national de la consommation envisage, durant l'année 2015, de focaliser son activité sur la rationalisation de la consommation du pain à travers des campagnes de sensibilisation, des études sur le terrain et des formations destinées aux restaurants et aux boulangeries. «La stratégie nationale de lutte contre le gaspillage du pain est inspirée de l'expérience turque qui a prouvé son efficacité», a conclu le responsable.