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Dérapages, fluctuation de lignes éditoriales et inhibition du service public
Médias et élections
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

Le traitement médiatique de la campagne électorale a été abordé le long d'une récente matinée d'étude organisée par l'Association Yakadha pour la démocratie et l'Etat civil. Une occasion pour revenir sur un évènement qui a plus que d'autres reflété à la fois la fragilité du secteur des médias et son aspiration à acquérir les règles du professionnalisme et du pluralisme
Depuis sa création voilà deux ans, l'Association Yakadha pour la démocratie et l'Etat civil (Vigilance) s'est penchée à de multiples reprises sur des thématiques liées au secteur des médias. Probablement à cause du combat de plusieurs de ses membres pour la liberté d'expression en Tunisie bien avant l'avènement de la révolution, tels Oum Zied, Kamel Labidi, Heithem Mekki...
La dernière table ronde organisée dans les locaux de l'association au centre-ville de Tunis, samedi dernier, a abordé le sujet de « Médias et élections ». Le débat auquel ont participé des membres de la Haica, des universitaires et des journalistes, a pris la forme d'une évaluation de la couverture journalistique de la campagne législative et présidentielle 2014. Une démarche utile et nécessaire, notamment pour les journalistes. Car revisiter, loin des feux de l'actualité, un tel évènement professionnel et revenir, avec des experts du champ des médias, sur ses moments forts et ses zones de turbulence, ne peut qu'améliorer leur traitement futur de pareils rendez-vous politiques. Des moments capitaux pour la démocratie.
Contentieux et divergences entre la Haica et l'Isie
Larbi Chouikha, professeur à l'Institut de presse, a fait partie de l'équipe de l'instance des élections du 23 octobre 2011 ainsi que de l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (Inric), mise en place en mars 2011. Il pose un regard critique sur le climat dans lequel se sont déroulées les élections, ainsi que sur leur cadre juridique et institutionnel.
« Une bipolarisation politique intense a régné pendant la campagne. Les deux fronts n'étaient pas fondés sur des valeurs, mais plutôt sur des personnes. Ce qui nous a fait vivre dans une ambiance polluée par les tiraillements, les conflits et la faillite du consensus. La loi électorale, d'un autre côté, a comporté plusieurs défaillances, son interprétation a par conséquent posé problème. Enfin, la crédibilité des instances réglementant les élections, à savoir l'Isie et la Haica, a été secouée par les divergences entre les deux institutions, notamment lorsque la Haica a dû recourir au Tribunal administratif pour régler le contentieux qui l'opposait à l'Isie autour de la publication ou pas des sondages à la sortie des urnes », explique Larbi Chouikha.
L'universitaire aboutit dans son analyse sur des interrogations par rapport à la volonté politique réelle de réformer les médias dans un contexte de manque de transparence financière des médias privés, de leur refus de séparer l'administration de la rédaction et de l'absence de clarté dans la ligne éditoriale des uns et des autres.
Et pourtant, malgré cet état des lieux grisâtre brossé par L. Chouikha, une instance de régulation des médias audiovisuels a été mise en place en 2013 sur la base du décret-loi 116 après un long bras de fer des journalistes avec la Troïka, réticente depuis sa prise de pouvoir à activer cette structure indépendante. La Haica a commencé à travailler sur les élections depuis le printemps 2014, en formant une centaine de journalistes sur la couverture des élections, en réfléchissant sur les dispositions auxquelles doivent se conformer les médias en temps de campagne et sur la méthodologie de son monitoring du pluralisme politique.
« Le service public doit représenter une locomotive »
Membre de la Haica, Riadh Ferjani a présenté les grandes lignes des résultats du monitoring, qui a passé au crible le contenu de 14 chaînes de télé et de 8 radios : « La bipolarisation politique a été reflétée amplement par le traitement des télévisions et des radios de la matière électorale. Cette bipolarisation se présente sous ses deux extrêmes à travers les deux chaînes Nessma et Zitouna. Al Hiwar, par contre, est un cas d'école : elle ne présente point une seule ligne éditoriale mais offre une galerie commerciale, une enfilade de boutiques de directions éditoriales. Ce qui affaiblit l'indépendance de cette chaîne et la rend plus vulnérable que les autres face aux risques de tiraillements idéologiques et de la tentation de l'argent politique. Le service public est apparu très inhibé au cours de la campagne. Il lui a manqué une stratégie de couverture claire et dynamique. A la radio nationale par exemple, 66% du temps imparti aux élections a été dédié aux membres du gouvernement de technocrates. Malgré tout, nous croyons fermement que, dans ce domaine, le service public doit représenter la locomotive ».
Mais comment éviter les conflits autour du partage des compétences entre l'Isie et la Haica qui ont émaillé cette dernière campagne ? Pour Rachida Enneifer, membre de la Haica, le problème se situe essentiellement dans l'article 67 du Code électoral, qui atomise les prérogatives de l'autorité de régulation au profit de l'Isie. L'article soumet l'édiction des règles et des conditions de la campagne à l'Instance des élections qui a une autorité plénière à ce niveau. Il stipule : « L'Instance fixe avec la Haute autorité indépendante les règles et les conditions générales auxquelles doivent se conformer les médias durant la campagne électorale. L'Instance fixe les règles de la campagne relative aux médias écrits et électroniques. L'Instance et la Haute autorité déterminent par décision conjointe les règles et procédures de la campagne relatives aux médias audiovisuels, ainsi que les conditions relatives à la production des programmes, reportages et des séquences concernant la campagne ».
Les radios plus que les télés se sont conformées au principe du pluralisme
En fait, l'idée de l'arrêté conjoint découle d'un « compromis boîteux », souligne Rachida Enneifer, trouvé à l'ANC pendant la discussion de la loi électorale. « Certains groupes parlementaires ne voulaient pas que la Haica dispose de toutes les prérogatives que lui donne pourtant le décret-loi 116 », ajoute la juriste et ancienne journaliste au journal La Presse.
« Malgré toutes les restrictions imposées à la Haica, nous étions au départ confiants : deux instances indépendantes, pensions-nous, pouvaient collaborer ensemble d'autant plus que nous avions un même formateur et bailleur de fonds, l'UE », affirme R. Enneifer.
Elle poursuit : « Comme les responsables de l'Isie étaient pris par d'autres tâches, ils nous ont laissés seuls à travailler sur les principes généraux et les décisions conjointes. Nous leur avons soumis les projets le 6 juin. Le compromis a abouti à la décision conjointe du 5 juillet, qui réglemente uniquement la campagne (les trois dernières semaines avant le scrutin) à cause d'une tare de la loi électorale qui parle de campagne et non pas de période électorale. Le 8 septembre et sans aucune concertation avec nous — ils ont plutôt consulté le Syndicat tunisien des directeurs de médias —, ils décident de faire une distinction entre médias privés et médias publics dans un sens où le critère du pluralisme concerne désormais uniquement les médias publics. Y a-t-il eu transaction avec les patrons ? ».
Même si la juriste appelle à réformer l'article 67 en prévision des prochains rendez-vous électoraux, à repenser les sanctions, notamment concernant la publicité politique et à renforcer les compétences d'autres instances comme celles de la lute contre la corruption, qui pourrait aider à détecter les sources de l'argent sale, elle semble globalement satisfaite de l'attitude de la majorité des journalistes pendant la campagne. Les professionnels de l'audiovisuel, notamment, se sont approprié, estime-t-elle, le long des trois mois de campagne les principes de la régulation.
« Ce sont les radios plus que les télévisions qui ont respecté les règles du pluralisme. Et les petites télévisions naissantes, comme la TNN et Al Moutawassat, plutôt que les grandes chaînes qui se sont conformées aux normes. L'échange régulier que nous avons eu avec les journalistes de ces entreprises nous donne la nette impression que quelque chose chez eux a changé dans le traitement des élections », ajoute la représentante de la Haica.


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