Quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, rien n'effacera l'amère désillusion récemment vécue. Spoliée, meurtrie, la Tunisie a été victime d'un «vol à l'arraché», au vu et au su de tout le monde. Quand Balbouli se détend et efface un but, Hayatou, d'un geste de la main, ne peut cacher son parti pris. Quand le match est déplacé à Bata, faisant fi des usages inhérents au tournoi même, personne au sein de la CAF ne crie à la manipulation. Les règles ont pourtant été transgressées, un arbitre en pré-retraite a été désigné, cette nébuleuse opaque qu'est la CAF a tranché. Le «vainqueur», connu d'avance, n'a fait que composter le billet «chèrement» acquis dès la désignation d'un pays hôte venu au secours d'une confédération continentale qui, rappelons-le, avait reçu une fin de non-recevoir de la part du Royaume chérifien, le Maroc. «Ave Hayatou morituri te salutant» Maintenant que ce déchirement est consommé, même si l'injustice ne sera jamais réparée, la FTF doit monter au créneau et rompre avec la CAF. La rupture est inévitable. Nous avons été le dindon de la farce, et, sans parler de représailles (nous sommes tout de même dans un contexte sportif), retirer notre confiance à l'instance suprême du football africain semble la seule issue possible pour laver notre honneur comme on dit. Car nous sommes tombés dans un piège tendu et attendu (comme l'avait affirmé Leekens). Un miroir aux alouettes, une embuscade qui n'en finit pas de ternir l'image d'un football africain en mal de sérénité, de légitimité, d'alternance au plus haut sommet de sa hiérarchie, le tout sur fond d'un machiavélisme partisan. Intérêts financiers obligent (contrats publicitaires mirobolants signés) et juste récompense ou plutôt gratification pour le pays hôte (sauveur providentiel de Dame CAF), la Tunisie en a payé le prix fort. Sorte de dommage collatéral pour un onze tunisien sacrifié sur l'autel du mercantilisme et de l'opportunisme. Les dés étaient pipés dès le départ. Manquait plus pour les nôtres que saluer le maître de céans avant les trois coups via un cinglant «Ave Hayatou morituri te salutant» (salut Hayatou, ceux qui vont mourir te saluent)...