Par M'hamed JAIBI Arborant le thème du «lancement de partenariats stratégiques» au Maghreb, la 3e Conférence américaine sur l'investissement et l'entrepreneuriat a marqué, au niveau des intentions proclamées, en l'active présence de la secrétaire au Commerce US, Penny Pritzker, et de l'ancienne secrétaire d'Etat, Madeleine Albright, un tournant majeur dans les relations économiques entre nos deux pays. Significativement symbolique, le message vidéo du président Obama, qui explique que la région fait face à des défis véritables, souligne tout l'espoir que la Tunisie représente pour le monde entier. «La Tunisie est un exemple à suivre et les Etats-Unis sont fiers d'être son partenaire», déclare-t-il, indiquant que les progrès démocratiques et économiques vont de pair et que la Tunisie aura l'appui de l'Amérique sur ces deux objectifs majeurs, avec une note particulière pour l'investissement et l'entrepreneuriat. Et le président américain d'annoncer : «Nous comptons investir un milliard de dollars dans le renforcement du leadership jeune et féminin». Longtemps en quête d'une réelle diversification de ses marchés et de ses partenaires stratégiques, la Tunisie semble ainsi voir les USA répondre à son attente de la manière la plus officielle. Mais l'engagement des States pose certains prérequis que Penny Pritzker expose clairement : une simplification du code de l'investissement, la restructuration des banques, un système fiscal et douanier efficace et équitable et un bon partenariat public-privé. Et la ministre d'annoncer des mesures complémentaires décidées par son département pour promouvoir le commerce et l'investissement dans toute la région et spécialement en Tunisie, dont une enveloppe de 37 millions de dollars consacrée au soutien des PME tunisiennes. «Les Etats-Unis seront à vos côtés pour voir une Tunisie pluraliste, démocratique et ayant réussi économiquement», conclut Penny Pritzker. Donnant le la, Habib Essid loue le «dialogue stratégique» entamé entre les deux pays en 2014, indiquant qu'il a pour finalité de «mettre en place un partenariat stratégique et un accord de libre-échange» entre la Tunisie et les Etats-Unis. Ira-t-on vraiment et franchement vers un accord de libre-échange avec ce géant de l'économie mondiale ? Sommes-nous vraiment désormais aux portes du marché américain ou s'agit-il uniquement d'un marquage de territoire face au nouveau Satan jihadiste ? Quoi qu'il en soit, le chemin est désormais balisé et le pari légitimé. Reste à savoir y consacrer l'effort qui s'impose. Tout d'abord par une substantielle intégration maghrébine.