18 nouvelles municipalités vont voir le jour. Cette décision prise récemment par le gouvernement répondra-t-elle aux impératifs de l'équilibre escompté entre la quantité et la qualité ? Un Conseil ministériel tenu récemment sous la présidence du chef du gouvernement a ordonné la création de 18 nouvelles municipalités réparties à travers les gouvernorats de Gabès, Bizerte, Zaghouan, Béja, Kasserine, Sidi Bouzid, Sfax, Gafsa, Tozeur, Tataouine et Médenine. Survenue au terme d'un ballet de visites (inopinées et d'inspection) entreprises par Habib Essid et plusieurs de ses ministres pratiquement aux quatre coins de la République, cette décision répond évidemment à la volonté de décentraliser l'action municipale, de telle sorte qu'elle touche les citoyens où qu'ils se trouvent, y compris dans les zones les plus reculées du pays. Et c'est très bien, dans la mesure où dans certaines régions sans mairie, les habitants sont ordinairement soumis aux travaux d'Hercule qui pour obtenir un document officiel, qui pour résoudre les problèmes de la voirie et de l'environnement. Or, créer une municipalité est une chose, et lui donner les moyens d'être performante en est une autre. En effet, que peut-on attendre d'un Hôtel de Ville «désarmé», c'est-à-dire dépourvu des possibilités d'épanouissement et de réussite ? Rien, absolument rien, tout simplement parce qu'une municipalité qui se respecte doit être impérativement dotée d'un budget approprié, d'effectifs en nombre suffisant et d'engins requis pour les travaux de voirie, d'éclairage et d'enlèvement des ordures ménagères. Et dire que, dans ces domaines qui constituent le nerf de toute action communale, deux municipalités sur trois en souffrent et ont du pain sur la planche. De surcroît, il faut tenir compte des séquelles de la révolution qui ont porté des coups durs à la plupart de nos municipalités qui, l'insécurité aidant, éprouvent aujourd'hui toutes les peines du monde pour collecter les taxes et lutter contre les phénomènes du commerce parallèle et des constructions anarchiques. Surgirent alors les questions inévitables suivantes : avant de créer de nouvelles municipalités, a-t-on pensé au marasme dont souffrent celles déjà existantes ? Dans un pays qui croule encore sous le double poids de l'accumulation des dettes et du déficit persistant en matière de recettes et d'investissements, où trouver les moyens de financement de la mise en place de mairies supplémentaires ? ...Et les délégations spéciales ? Dans la foulée, très nombreuses sont actuellement les délégations spéciales des municipalités à rouler... deux à l'heure. En témoigne au moins leur manque à gagner chronique dans presque tous les domaines d'intervention. On a beau procéder jusqu'à présent à des nominations dans plusieurs d'entre elles, rien n'y fit. On a beau y espérer un léger mieux, que nenni. Tout cela pour conclure que le mal dont souffrent nos municipalités est autrement plus profond que ne le pensent certains, et que mettre la charrue avant les bœufs ne sert à rien. A bon entendeur... Les 18 nouvelles municipalités Ghézala, Joumine, Utique (gouvernorat de Bizerte). Saouaf (gouvernorat de Zaghouan). Thibar (gouvernorat de Béja). Hassi Frid, Layoune, Ezzouhour, Ennour (gouvernorat de Kasserine). Souk Jedid, Assaida (gouvernorat de Sidi Bouzid). El Amra (gouvernorat de Sfax). Sidi Yaiche, Belkhir (gouvernorat de Gafsa). Hazoua (gouvernorat de Tozeur). Sammar (gouvernorat de Tataouine). Sidi Makhlouf (gouvernorat de Médenine). Menzel Lahbib (gouvernorat de Gabès).