Des activités culturelles et des séminaires autour du trio espace, artiste et public. L'Institut supérieur des arts et métiers de Siliana et l'association Rakch pour la culture, l'art et le design s'associent pour donner vie à une manifestation qui risque de marquer la scène culturelle balbutiante de la ville de Siliana. Le festival international de l'art, de la jeunesse et de la Cité de Siliana se tient, dans sa première édition, du 12 au 16 avril. Les organisateurs évoquent dans leur argumentaire «l'injustice aberrante soulevée au niveau du développement culturel entre les régions intérieures et les régions côtières du pays». «Le Nord-ouest tunisien est parmi ces régions occultées qui risquent fort de produire des intonations vides de sens ; sinon de se convertir en un territoire de chasse propice aux loups qui attendent férocement leurs proies et qui ne sont, d'ailleurs, que les jeunes de notre pays», ajoutent-il. Ce constat amer de la précarité, du désenchantement des jeunes dont certains virent vers l'obscurantisme, ne peut être contré que par la culture «du beau et du vivant», comme le note Khaled Abida, directeur de l'Institut supérieur des arts et métiers de Siliana. Quelques sponsors ont cru en ce projet qui célèbre le patrimoine culturel millénaire de Siliana, autour d'un thème de synthèse : «Art et espace public : nécessité, enjeux ou défis». C'est également le thème du colloque international programmé au festival et qui s'étend sur trois jours, les 24, 25 et 26 avril. Un ensemble de questionnements autour de l'art et de la Cité seront abordés et discutés par des chercheurs tunisiens et internationaux, venant d'université tunisiennes (Jendouba, Sfax, Gabès, La Manouba...) et d'ailleurs dans le monde (Australie, France, Sultanat d'Oman, Algérie, Irak). Les panels de discussions porteront sur des sous-thèmes comme «l'art et la ville au temps du colonialisme et de l'indépendance» ou encore «Quel art pour quelle ville ?», entre autres sujets qui interrogent l'interaction entre le trio espace, artiste et public. Ce dernier est convié du 12 au 26 avril à un programme culturel varié. Le coup d'envoi sera donné par un concert qui marque le retour sur scène du groupe tunisien Jazz Oil. Expositions, pièces de théâtre, concerts et séminaires sont prévus, en plus d'ateliers de sculpture et d'image numérique. Entre autres rendez-vous marquants, une soirée de poésie le vendredi 17 avril, avec Moncef Mezghenni, les artistes de l'Union des plasticiens tunisiens qui exposeront le dimanche 19 avril leurs travaux dans la galerie du commissariat régional à la culture et la galerie du complexe culturel de Siliana et la représentation de la pièce «Ahwel» de la troupe de la Ville de Tunis, le lendemain. Le volet ludique du festival international de l'art, de la jeunesse et de la Cité de Siliana prend en compte les spécificités culturelles de la ville. Il se traduit, entre autres, par un tournoi maghrébin de pétanque au stade de Gaâfour le mardi 14 avril, ainsi qu'un rallye moto à travers le circuit touristique de la ville, pendant la journée d'ouverture. Quant au volet scientifique, il inclut le colloque international, en plus d'une série de conférences à l'Institut supérieur des arts et métiers de Siliana, sur la méthodologie de la recherche, la philosophie du design et Paul Klee et l'inversion. Le tout fera de Siliana, du 12 au 26 avril, un lieu bouillonnant d'art, de recherche et de culture. Une première édition qui enfonce les portes et s'attaque à des questions déterminantes pour la vie culturelle et le quotidien des jeunes à Siliana, cette Cité où les fouilles archéologiques ne cessent de révéler des trésors en poterie, en sculpture, mosaïques et bijoux. Des questions comme celles posées par Khaled Abida dans la présentation du festival. «Où sommes-nous aujourd'hui par rapport à ce patrimoine esthétique ancestral ? Pourquoi nos jeunes ont-ils oublié les pratiques artistiques de leurs ancêtres pour sombrer dans un anti-art étranger à l'esprit humain et à la véridique culture arabo-musulmane qui est ontologiquement ouverte sur la différence?».