Le blocage de la production se traduit par une perte quotidienne d'un million de m3 de gaz pour la société et de 200 millions de dinars pour l'Etat tunisien Le coup risque d'être très dur cette fois-ci : après le départ de la compagnie pétrolière italienne ENI, une deuxième firme risque de faire de même. Il s'agit de la compagnie de prospection pétrolière et d'exploitation énergétique, Petrofac. Cette éventuelle décision intervient après le blocage de la production depuis presque un mois déjà. M. Imed Darwich, directeur général de Petrofac, rappelle à ce propos qu'en 2011, et suite à une réunion au gouvernorat, on a imposé à toutes les sociétés pétrolières de la région de participer au fonds de l'environnement. Ainsi, une enveloppe annuelle de 880 millions a été réservée à cet effet. Selon l'accord conclu, ce montant est destiné au recrutement des agents de l'environnement (exclusivement des diplômés sans emploi), à raison de 450 dinars par poste et par mois. Mieux encore, une enveloppe d'un milliard 200 a été réservée annuellement pour le financement de projets de développement dans la ville de Kerkennah. Or, les responsables de la compagnie ont constaté, une année après, que la première enveloppe est, jusque-là, très mal gérée et que le gouvernorat n'a pas honoré ses engagements. D'où la proposition, depuis 2013, de reconvertir cette enveloppe en projets de développement. Une proposition qui n'a guère plu aux bénéficiaires, qui ont décidé ainsi de bloquer la production de la compagnie. Ce qui a amené les employés de la société à organiser un sit-in de protestation devant la présidence du gouvernement, réclamant leur droit au travail. Une situation qui perdure depuis plus d'un mois déjà, sans aucune réaction des autorités compétentes. Politique d'impunité intolérable Cela est d'autant plus grave que le gel de la production est lourd de conséquences. On parle ainsi d'une perte quotidienne d'un million de m3 de gaz pour la société et de 200 millions de dinars pour l'Etat tunisien, actionnaire majoritaire avec 55% des recettes. Une perte sensible. Ce qui est encore très grave, c'est que la société British Gaz a vécu ce même problème de blocage de la production à Sfax, mais grâce à l'intervention rapide des services compétents, la situation a été débloquée en quelques minutes. Ce n'est malheureusement pas le cas à Kerkennah. Le directeur général rappelle d'ailleurs qu'en trois ans, l'activité de la société a été gelée pendant 110 jours, ce qui a amené aujourd'hui la société mère à envisager sérieusement d'abandonner définitivement ses activités en Tunisie. Les responsables de la compagnie espèrent aujourd'hui une réaction rapide de l'Etat pour appliquer la loi et protéger ainsi ses employés. Faute de quoi, le résultat serait certainement désolant, surtout que la société est le 2e plus grand producteur de gaz (12,5% des besoins de la Tunisie en gaz). Une réaction que le directeur général qualifie de tout à fait légitime, car il n'est plus permis de supporter une telle politique d'impunité.