Son départ fut l'objet de plus d'une rumeur ces quelques dernières années, mais, à chaque fois, il y a eu démenti. Mais cette fois fut, hélas, la bonne. Abnoudi n'est plus, après un long combat contre la maladie. Et même s'il n'est pas aussi connu chez nous, comme le fut Ahmed Foued Najm, ce fils de la Haute Egypte portait en lui l'essence même d'une tradition orale bien ancrée. C'est à lui que nous devons la collecte et la publication de plusieurs versions de La geste hilalienne, c'est à lui que nous devons la série de chansons patriotiques de Adbelhalim Hafedh, écrites et chantées pendant la guerre de 1967 sur les airs de Kamel Ettawil, et aussi la relance de la carrière de Abdelhalim avec son tube Ettouba composé par Beligh Hamdi. La verve poétique de Abnoudi portait les maux de sa société égyptienne, le souffle du quotidien des laissés-pour-compte, nombreux de ses poèmes furent chantés par de grandes stars de l'époque : Chadia, Halim, Faïza Ahmed, Najet Essaghira, Mohamed Rochdi; il s'associe avec Mohamed Mounir dans une série de chansons, et il a écrit pour Majda Erroumi quelques autres chansons. Il a signé des scénarios de feuilletons et des dialogues d'autres œuvres télévisées. «Essaid», la Haute Egypte, fut sa source d'inspiration, son oralité et son rythme furent son style. Abnoudi, encore un autre qui part, en laissant derrière lui une œuvre riche et une sensibilité qui ont porté très loin l'âme du pays du Nil.