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Le bilan globalement négatif d'Ennahdha
Publié dans Leaders le 06 - 12 - 2012

Alors que la plupart des partis tunisiens doivent faire face à des crises à répétition, le mouvement Ennahdha affiche, deux ans après la révolution et un an après son accession au pouvoir, une santé insolente, du moins en apparence. Pas une défection, pas un esclandre, ni même une voix discordante depuis sa légalisation en mars 2011. Gênés par cet excès de discipline qui confine à l'indolence, les dirigeants d'Ennahdha en sont même arrivés à organiser des simulacres de débats publics comme cette cacophonie autour de la date des élections, histoire de brouiller les cartes, car rien n'est spontané dans ce parti : 2013 ?2014 ? 2015 ? Qui croire ? Moncef Ben Salem Hamadi Jebali ? Ni l'un ni l'autre, mais celui qui détient la réalité du pouvoir, en l'occurrence Rached Ghannouchi. Ce sera probablement le 23 juin 2013. Les militants de ce parti seraient-ils donc des « hommes de marbre » venus d'une autre planète et non des citoyens comme vous et moi qui réfléchissent, doutent, se fâchent et à qui il arrive de se mettre en colère et de claquer la porte ?
Quand on leur en fait le reproche, les militants de ce parti vous répondent que le centralisme démocratique qui y est pratiqué n'interdit nullement la contradiction dialectique. Il est vrai qu'il existe au sein d'Ennahdha des structures comme le Conseil de la Choura ou le bureau exécutif censés être des espaces de dialogue. Mais les débats tournent généralement au défoulement cathartique. En fait, il s'agit de courroies de transmission où les discussions qui fonctionnent dans un seul sens, de haut en bas (le pouvoir vient d'en haut, la confiance d'en bas comme disait Sieyès). Le culte du chef y est si fortement ancré dans les esprits que les clivages entre modérés et ultras, entre les anciens de Londres et Paris et la résistance de l'intérieur ne pèsent pas bien lourd face au fait du prince. Le congrès de l'été 2011 aurait pu constituer une occasion pour insuffler un sang neuf dans le parti et en finir avec les anciennes pratiques. On a préféré temporiser en renvoyant les sujets qui fâchent au prochain congrès qui aura lieu dans deux ans et en maintenant des structures qui font ressembler Ennahdha à un parti stalinien des années 60. Ghannouchi nous avait promis en juin dernier «un congrès qui ferait date dans l'histoire de l'humanité». On a eu droit à un remake du plénum du parti communiste albanais. On connaît tous la fidélité et le dévouement des militants d'Ennahdha pour leur parti qui tranche avec le dilettantisme de ceux des autres partis, mais l'unanimisme n'est pas toujours un signe de bonne santé et de dynamisme.
C'est donc un parti ankylosé, incapable de se renouveler parce que prisonnier de sa logique interne et enferré dans ses certitudes qui dirige depuis près d'un an le pays avec deux autres partis que le déséquilibre des forces a réduit au rôle de faire-valoir. La priorité des priorités pour Ennahdha n'est pas tant de réaliser les objectifs de la révolution que de conquérir la totalité du pouvoir au cours des cinq prochaines années pour mener à bien «la réislamisation» à marche forcée du pays quitte à «importer-c'est le terme utilisé par Ghannouchi- des prédicateurs de la péninsule arabique et de...Mauritanie dont on connaît bien l'esprit d'ouverture. Le chef d'Ennahdha l'avait promis lors d'un meeting électoral à Sousse en juillet 2011 : «sous Ben Ali, on perdait un point de croissance du fait de la dictature. Demain avec Ennahdha, nous gagnerons des points de croissance parce nous aurons la démocratie et dieu sera avec nous, puisque nous allons suivre sa parole ». Pour s'installer durablement au faîte du pouvoir, rien ne vaut les vieilles recettes.notamment, le renforcement du parti, mais surtout la diabolisation de l'adversaire, en l'occurrence Nida Tounès et l'UGTT. Depuis des mois, tout est fait pour ostraciser le premier et écarter son fondateur, voué aux gémonies depuis qu'il était devenu le favori des sondages, et confiner le second dans un rôle purement syndical en le harcelant sans cesse par le biais de son bras armé, les mal-nommées ligues de défense de la révolution. Après avoir longtemps hésité, voilà Ennahdha engagé dans une entreprise incertaine qui risque de mener le pays à la guerre civile.

Les dirigeants du mouvement disent avoir tiré les leçons du passé. Mais leur action dit tout à fait le contraire. Sans doute à cause de leur refus d'aller jusqu'au bout de leur logique, de renoncer à leurs fondamentaux, aux fameuses « thawaabet », sans lesquelles ils cesseraient « d'être eux-mêmes ». On en a eu la preuve après la diffusion d'une vidéo fuitée de Ghannouchi qui s'y montre, enfin, sous son vrai jour. Intraitable sur l'objectif à atteindre (la réislamisation de la société tunisienne), mais pragmatique sur la démarche à suivre d'autant plus que «l'appareil de l'Etat n'est pas encore entre nos mains». La politique des étapes revisitée par le leader d'Ennahdha. Ceux qui s'attendaient à une révolution copernicienne en sont pour leurs frais. Mais cela prouve au moins que Bourguiba avait des qualités quoiqu'en dise Ghannouchi.
En deux ans, nous sommes passés de l'union sacrée à une société clivée comme elle ne l'avait jamais été pour avoir été entraînée dans des discussions sans fin sur le sexe des anges. Nous avons désormais deux Tunisie qui se regardent en chiens de faïence, alors que le pays fait eau de toutes parts, que l'économie s'installe dans la récession malgré les chiffres «réconfortants» de l'INS, que le déficit commercial atteint pour la première fois les dix milliards de dinars, que l'ANC chargée de rédiger la constitution, comme son nom l'indique, traîne les pieds On ne pouvait pas faire pire. Heureusement, dans cette grisaille, il y a ce petit coin de ciel bleu : la liberté de la presse. Il est vrai qu'on le doit en grande partie à la mobilisation de la société civile et aux journalistes eux-mêmes.
Deux ans après la révolution, les Tunisiens ne cachent pas leur désenchantement. Ennahdha devrait y prendre garde. Il y a des pays qui en ont péri.


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