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Ennahdha doit changer!
Publié dans Leaders le 28 - 07 - 2011

2011 est une année exceptionnelle pour Ennahdha. C'est l'année du trentenaire (le parti est né le 6 juin 1981, sous l'appellation de Mouvement de la Tendance Islamique), l'année de la sortie de la clandestinité après les années de plomb.
Les dirigeants du mouvement savourent leur revanche : «Ben Ali n'est plus là, le RCD n'est plus là, par contre, notre mouvement est bien présent et ne s'est jamais aussi bien porté », déclarent-ils à l'unisson. 2011 sera-t-elle aussi l'année du triomphe électoral d'Ennahdha ? Beaucoup de partis y croient au point de faire alliance avec la formation de "Cheikh Rached", même au prix de quelques reniements. On serait donc malvenu de reprocher aux militants de ce parti leur optimisme excessif. C'est une évidence qu'Ennahdha a fait beaucoup d'efforts pour rassurer de larges franges de la population. Et comment ne pas l'être en écoutant Cheikh Mourou chanter en...allemand à la télévision, ou en entendant les cadres regretter les dérives du mouvement dans les années 80 et 90. «La Tunisie a changé. Le monde a changé, pourquoi pas nous», ne cessent-ils de répéter. De fait, depuis sa légalisation en mars 2011, le mouvement a procédé à un sérieux toilettage. Changement, d'abord dans le discours qui se modernise, se rationalise, s'affine, tout en évitant, autant que possible, les sujets qui fâchent. Changement ensuite, dans la gestion du parti (entièrement informatisée), les prises de décision (par consensus), son identité visuelle à travers un nouveau logo. Changement enfin dans le look de ses militants et ses cadres. Des jeunes, très «nouvelle vague», rasés de près, la mise bien soignée. Exit les barbus des années 80 avec leur mine patibulaire et leur accoutrement d'un autre âge. Les femmes voilées sont encore bien là, mais les jeunes filles «dans le vent» sont les bienvenues comme cette demoiselle, véritable attraction de la séance de présentation du logo du mouvement, au visage avenant et à l'allure moderne comme ceux que voudrait se donner le parti, avec sa chevelure bouclée, son jean moulant et son gilet modern fashion. Le parti déclare avoir tiré un trait sur son passé et le fait savoir urbi et orbi. Désormais, il se comporte comme un parti attrape-tout. «Nos portes sont grandes ouvertes à tous les Tunisiens».
Mais le parti a-t-il vraiment changé ? Ennahdha se compare volontiers à l'AKP turc. Comparaison n'est pas raison surtout dans le cas d'espèce. Le parti d'Erdogan a tellement évolué ces dernières années qu'il est devenu en quelque sorte le pendant musulman de la démocratie-chrétienne européenne, par son légalisme, sa modération, sa tolérance, son attachement à l'Europe et aux libertés fondamentales (politiques, économiques ou religieuses). Rien à voir donc avec Ennahdha, même dans sa version soft de 2011, accroché qu'il est à ses «thawabet » (constantes) et fasciné par « esssalaf essaleh ».
Dans l'une de ses dernières interventions, Hammadi Jebali, secrétaire général du mouvement, qualifie Ennahdha de parti des 30 000 prisonniers (le même chiffre est repris par Sadok Chourou, dans une interview à la revue Leaders. Irrésistiblement, cela nous renvoie aux 76 000 fusillés (par les nazis) revendiqués par le Parti communiste français. Il faut reconnaître qu'entre ce parti et le PCF des années 60 et 70, la comparaison s'impose car les points de similitude sont nombreux et ne se limitent pas à leurs martyrologes respectifs. A vrai dire, plus que de simples partis, porteurs de projets de société, on est, carrément, en présence de deux contre-sociétés, certes antinomiques, mais prônant tous les deux des valeurs opposées à l'idéologie dominante, avec leurs propres rites, leurs réseaux sociaux, leurs dogmes (la chariaa, pour Ennahdha, les écrits de Marx et Lénine pour les communistes), leurs militants disciplinés « on ne peut avoir raison contre le parti» et dévoués (les élus communistes versent la moitié de leurs indemnités parlementaires au parti, alors que le mouvement d'Ennahdha a pu louer un immeuble de sept étages à Montplaisir grâce à la générosité de ses adhérents), et enfin la même propension à se présenter comme les défenseurs patentés, d'une classe sociale (pour les communistes),ou d'une religion (pour le mouvement Ennahdha) .
De 1920, date de création au congrès de Tours, jusqu'en 1981, le PCF est resté (sauf pendant la période 1945-1947) dans l'opposition. Avec le programme commun, il a dû se résigner à des révisions déchirantes. Ce fut d'abord le programme commun puis l'alliance avec les socialistes (autrefois présentés comme des traitres à la classe ouvrière) dans les élections présidentielles de 1974, ensuite le rejet du centralisme démocratique suivi des premières critiques de l'Union soviétique, notamment en matière de droits de l'homme, enfin, l'accord de gouvernement de 1981 qui permit au PCF d'entrer au premier gouvernement Mauroy avec cinq ministres, provoquant, à l'époque, un véritable séisme politique. Le mouvement Ennahdha devrait s'inspirer des expériences respectives de l'AKP et du PCF pour réaliser sa révolution copernicienne. Il faudra plus que ses déclarations contradictoires et ambiguës sur le travail des femmes, la polygamie, les rapports entre l'Etat et la religion, suivies de mises au point qui ne le sont pas moins. En un mot comme en mille, Ennahdha devra changer réellement, en profondeur, même au prix de concessions douloureuses. Le parti semble hésiter pour le moment, craignant de « renoncer à être lui-même », se contentant de se répandre en déclarations rassurantes et à se montrer partout, à Metlaoui, el Aouina, dans les mosquées, bien sûr, aux enterrements, organisant même des mariages collectifs, des colonies de vacances et bientôt «Mawaed El Iftar» qui seront suivies de séances de cours religieux, donc politiques, puisqu'il est impossible dans l'idéologie et la praxis nahdhouie de dissocier les deux. Ces procédés n'ont même pas le mérite de la nouveauté. Elles ne dispenseront pas, en tout cas, le parti d'un changement en profondeur, aussi périlleux soit-il, s'il veut vraiment devenir un parti de gouvernement. A trois mois des élections, ce ne serait pas trop tôt.


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