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Néjib Dérouiche: Comment peut-on devenir ministre
Publié dans Leaders le 15 - 08 - 2015

«Je sais que vous ne connaissez pas l'administration, mais tout ce que je vous demande, c'est qu'elle ne vous change pas. C'est à vous de la changer !» Pour lettre de mission le jour de sa nomination, Néjib Dérouiche, ministre de l'Environnement et du Développement durable, ne pouvait pas recevoir meilleur défi que lui lance le chef du gouvernement Habib Essid. Pas plus tard que la veille, il était encore en ce mois de janvier 2015 dans le secteur privé et essentiellement à l'étranger. Basé avec sa famille à Dubaï, il brassait, à la tête de compagnies privées, des affaires florissantes dont certaines en Tunisie.»
Son compagnon de route, de longue date et partenaire en affaires, Slim Riahi, l'avait entraîné avec lui dans cette grande aventure de création de l'UPL. Il s'y impliquera à fond en 2011, s'illustrant dans la campagne des législatives tambour battant. Avant de revenir aux affaires. En 2014, il n'était pas candidat aux législatives et encore moins en première ligne au sein du parti. Mais, après le bon score remporté lors des élections et l'accord de coalition gouvernementale, Slim Riahi glissera son CV parmi ceux qui doivent siéger, au nom de l'UPL, au sein du gouvernement. Il sera retenu et devait hériter du ministère de l'Investissement et de la Coopération internationale.

L'annonce officielle en a été faite lors de la version 1.0 du gouvernement Essid, mais le voilà nommé à l'Environnement. Sans regret, de sa part. Comment peut-on devenir, si rapidement, si magiquement ministre ? A quelles conditions peut-on réussir? Et une question cruciale : Néjib Dérouiche appartient à l'UPL, dirigé par Slim Riahi. Le parti et son chef ne jouissent pas de la meilleure image. En cas de réussite du ministre, à qui sera imputé son succès, au parti, à Slim Riahi, à lui-même, ou aux trois avec un dosage spécifique ? Mais, avant d'en parler, Néjib Dérouiche est-il en train d'accomplir convenablement sa mission?
Portrait et éclairages
Même s'il ne s'en plaint pas, Néjib Dérouiche, 52 ans, est victime de son look de jeune premier qui débarque de Dubaï, de la réputation de son parti et de ses relations d'affaires avec Slim Riahi. Sa biographie officielle, rédigée à la hâte lors de sa nomination, ne lui rend pas justice. Ce Bizertin irréductible, féru à la fois de mathématiques et de philosophie, de technologie et de littérature, de recherche et de gestion, a su marier tout cela dans son parcours universitaire.

Décidé à postuler aux grandes écoles françaises, il ira faire sa prépa au prestigieux Lycée du Parc à Lyon dont étaient issus feu Lassaad Ben Osman et nombre de grands ingénieurs tunisiens. Puis, son choix se portera sur l'Institut national des télécommunications (Télécom Sud Paris), optant pour une spécialité et marketing et gestion. L'ingénieur devient alors marketeur et gestionnaire: c'est ce qu'il voulait au juste. Il reviendra en Tunisie mettre le pied à l'étrier dans des compagnies internationales (HP, France Telecom Tunisie, Nortel Network...), mais préfèrera repartir en France, dès 1996, travailler pour LLLDC Télécoms. C'est à partir de ce moment que son destin de ministre commence à se décider. Assigné pour un projet avec Total en Libye, il fera alors la connaissance de Slim Riahi à Tripoli.

Tous deux étaient jeunes : lui 26 ans et Slim 24, ambitieux, mais aussi très soucieux de ce qui se passe en Tunisie. Malgré son jeune âge, Slim réussit bien en affaires, opérant surtout avec des compagnies pétrolières étrangères.
C'est un «magicien du business», capable d'arracher n'importe quel contrat. Mais, il vit mal ce qui s'est passé pour son père et n'hésite pas à rêver de la fin de la dictature en Tunisie et de la mainmise du clan du président déchu sur les affaires. Néjib, moulé, depuis ses études en France, dans les valeurs de liberté et de démocratie, porte en lui sa frustration. Ce qui le choquait en plus, c'est le manque de considération porté par le régime à l'élite du pays, à ses figures emblématiques et à sa jeunesse méritante.

«Tous deux avaient un appétit vorace pour contribuer à quelque chose. J'ai senti en Libye que la Tunisie a des atouts majeurs à faire jouer et à offrir aux autres, une place de choix à occuper dans le monde».
La Californie, puis Dubaï
A la fin de sa mission en Libye, Néjib Dérouiche décidera, fin 1999, d'aller s'établir aux Etats-Unis, dans la Silicon Valley en Californie. C'est le berceau des nouvelles technologies, l'origine du grand boom, là où tout se passe vraiment. Repéré par une jeune start-up soutenue par Nortel Telecom, il est propulsé directeur des ventes. «J'avais bien averti mes supérieurs, confie-t-il à Leaders, que je ne maîtrisais pas suffisamment bien l'anglais. Ils m'ont répondu que ça se rattrape, l'essentiel est d'avoir une bonne vision, une bonne stratégie et de bons plans d'action. Ça me rappelle ce que m'avait dit cette année le chef du gouvernement Habib Essid au sujet de ma méconnaissance de l'administration publique».
Il fera rapidement le plein de la Californie où tout se conçoit, même si ce n'est jamais assez, et voudra compléter son parcours à Dubaï où tout se fait. Dès 2002, il y mettra pied avec femme et enfants, décrochant, pour démarrer, un bon contrat, avant de monter sa propre compagnie : Smart Bridging. Il commencera par le consulting en finance, puis étendra ses activités à la communication institutionnelle et évènementielle : grands tournois sportifs, production de shows culturels et, surtout, communication virale sur les réseaux sociaux. Dans nombre d'affaires, il collabore étroitement avec Slim Riahi et roule pour lui, affirment ceux qui les connaissent.
«Tawa»
Tout au long de son parcours en Amérique et à Dubaï, Néjib Dérouiche est resté très proche de Slim Riahi. Cette proximité se consolidera dans les affaires, à la faveur de son installation à Dubaï. Ils travaillent ensemble en win-win. Le déclenchement de la révolution les remettra au coeur de l'action politique. «C'était notre rêve commun qui commençait à se réaliser, nous dit-il. Lorsque Slim décida de fonder l'UPL, je ne pouvais que l'encourager fortement et y adhérer immédiatement. Je reviens sur le terrain en Tunisie dès le mois de juin 2011. Je deviens alors le vice-président du parti chargé du programme, de l'organisation structurelle, des finances, des médias sociaux, bref le back-office».
«On voulait, poursuit-il, coûte que coûte emporter le maximum de sièges aux législatives et avions lancé tous azimuts l'audacieuse campagne Tawa, et organisé de grands meetings. Le verdict des urnes n'a pas été à la mesure de nos ambitions. C'est alors que j'ai décidé de prendre un peu de recul par rapport à l'action politique au premier plan. Cela a coïncidé avec la création par Slim Riahi de Tunisia Holding qui devait lancer de très grands projets. J'ai laissé alors la politique en hibernation, pour reprendre mon métier d'ingénieur manager».
S'il ne s'implique pas dans la campagne électorale de 2014 pour les législatives, Néjib Dérouiche les suivra de près, apportant son soutien autant que possible. Contrairement à 2011, les résultats sont cette fois édifiants. L'UPL accepte la proposition de Nidaa pour participer au gouvernement. Tout se passera alors très vite. «Slim Riahi, qui prenait quelques jours de recul et de repos, m'a demandé de le rejoindre le 2 janvier 2015 à Londres, nous confie-t-il. Pendant deux jours, en pleine trêve des confiseurs, nous n'avons cessé de discuter, de débattre, d'échanger. Nous n'avions parlé que de la participation de l'UPL au gouvernement, sur quelle base, avec quel programme, dans quels départements et avec quels représentants ? Slim ne m'a rien laissé entendre quant à mon éventuelle entrée au gouvernement. Ce n'est que plus tard qu'il me fera la proposition. Pouvais-je la décliner ? Ayant la précieuse opportunité de servir mon pays et mon parti, j'ai rapidement dit oui».
Gérer un ministère
«Tous m'avaient fait peur, mis en garde contre tel ou tel piège, sauf le chef du gouvernement qui m'a libéré de tout tabou, confie Néjib Dérouiche. Je m'y suis engagé sans inhibition et j'ai rapidement découvert un point commun avec ce que je faisais avant à la tête de compagnies privées : l'aspect humain. Gérer des équipes, les motiver, les inspirer, leur donner confiance en elles et expriMer respect et considération est la clef d'une gestion inclusive. Une fois que vous le montrez sincèrement, tous y adhèrent. Les Tunisiens adorent rêver. Nous devons être réalistes, mais aussi les faire rêver et surtout réaliser leur rêve. C'est mon rôle.»

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