Près du tiers des Tunisiens, plus exactement 3.545.083 habitants vivent encore aujourd'hui en dehors du milieu communal et se trouvent ainsi privés des prestations municipales. Tout en gardant le caractère rural de certaines zones, il s'agit d'y remédier en assurant une couverture totale de l'ensemble du territoire, mais en tenant compte des spécificités propres, et sur la base de critères rationnels. Concrètement, il s'agit de créer d'ici les élections municipales du 26 mars prochain, pas moins de 61 municipalités nouvelles, qui s'ajoutent aux 25 déjà instituées en 2015, soit 86 au total, portant le nombre des communes tunisiennes à 350. C'est l'ambitieux projet engagé depuis ces dernières années alors par le ministère de l'Intérieur et désormais porté par le ministère des Affaires locales, avec le concours des autres départements concernés. Dès sa nomination, le 6 janvier dernier, le ministre Youssef Chahed a pris ce programme à bras-le-corps, initié par son prédecesseur Hédi Mejdoub, soumettant sa version finale à deux conseils ministériels restreints avant de le faire adopter en conseil des ministres. Le concept de base est de ne pas procéder à de nouveaux découpages territoriaux et de s'appuyer sur les structures existantes d'imadats et de délégations, quitte à procéder à des extensions de périmètres et de menus ajustements nécessaires. Aussi, le lien entre le milieu communal et les indicateurs de développement étant nettement démontré, la priorité sera donnée aux gouvernorats les plus défavorisés, en pratiquant une discrimination régionale positive. Loin des tiraillements politiques" Selon Youssef Chahed, il s'agit de ne priver aucun des 3.5 millions Tunisiens concernés de vivre en milieu communal et d'accéder aux bénéfices y inhérents, de veiller à la création d'espaces équilibrés, en réduisant le nombre de communes de moins de 5000 habitants, qui sont actuellement de 40, dans l'espoir d'augmenter la densité à une moyenne de 20 000 à 30 000 habitants et de soutenir le développement local. La démarche d'étude et de proposition a été conduite sur une base scientifique loin des tiraillements politiques et sera mise en œuvre dans les plus brefs délais. Des crédits budgétaires sont d'ores et déjà alloués et il sera procédé au recrutement de pas moins de 376 cadres et de 86 agents techniques qui bénéficieront d'une formation adéquate. Le directeur général des Collectivités locales, Mokhatr Hammami, devait présenter à la presse, en présence du ministre, un rapport sur les différentes phases du programme et son financement ainsi qu'une note sur les différents défis qui se posent aujourd'hui au fonctionnement des collectivités.
Un vaste programme de communication est cependant indispensable à déployer dans chaque nouvelle commune concernée afin d'expliquer à la population locale les contours du projet, le calendrier de réalisation et les prestations qui seront offertes.
Pour annoncer ce programme, le ministre Chahed a choisi un lieu emblématique à savoir le Centre de Formation et d'appui à la décentralisation, (CFAD) rutilant neuf, édifié sur l'avenue Charles Nicolle, près de la Place Pasteur. Doté d'un budget annuel de fonctionnement avoisinant les 3 millions de dinars, il organise pas moins de 200 sessions de formation par an, bénéficiant à 11 000 agents et cadres, indique à Leaders, son directeur Adel Ben Yakhlef.
