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Le Maghreb monétaire, pour bientôt?
Publié dans Leaders le 30 - 11 - 2008

Comment accélérer l'intégration monétaire maghrébine pour lui permettre de jouer pleinement son rôle dans l'édification de cet espace et contribuer à sa prospérité ? Les gouverneurs des banques centrales des 5 pays du Maghreb en ont fait le centre de leurs débats, samedi 29 novembre 2008 à Tunis, à la faveur de la célébration du 50ème anniversaire de la BCT. Le symposium, soigneusement préparé par le gouverneur Taoufik Baccar, devait permettre, en introduction, de passer en revues différentes expériences «régionales», notamment celle de l'Europe, des pays du Conseil du Golfe, de l'Afrique de l'Ouest et les projets méditerranéens. Et de laisser les perspectives maghrébines se dessiner utilement.
Avec une adresse inaugurale du Président de la République, des intervenants de premier plan, des invités de marque et les enjeux de la crise financière, ce grand rassemblement d'argentiers prend une dimension particulière. Parmi les orateurs, figurent en effet, le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, le Vice-président de la Banque Fédérale Allemande (Deutschen Bundesbank), Franz-Christoph Zeitler, le Directeur Général du Fonds Monétaire Arabe, Jassem El Mannai, le Président du Directoire de la Financière Océor, Michel Gonnet et le Vice-Président de la Banque Européenne d'Investissement, Philippe de Fontaine Vive ainsi que l'économiste Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique (CAE).
De nombreuses figures des finances internationales ont également fait le déplacement à Tunis : Charles Milhaud, Président du Conseil d'Administration de la BTK, Omar Kabbaj, ancien président de la BAD et Sultan Bin Nasser Al Suwaidi, gouverneur de la Banque Centrale d'Abu Dhabi. L'auditorium de la BCT, flamboyant neuf, accueillait aussi la fine fleur de la finance tunisienne.
Que naisse la BMICE et que le FMI joue un rôle plus effectif
D'emblée, l'adresse du Président Zine El Abidine Ben Ali aux participants à ce symposium, prononcée en son nom par M. Taoufik Baccar donne le ton, sur l'engagement maghrébin de la Tunisie, mais aussi la vision d'ensemble de la conjoncture financière internationale. Dans cette allocution, le Chef de l'Etat appelle à l'accélération de « la cadence dans la réalisation du projet d'intégration maghrébine, en tant que condition indispensable pour s'adapter à ces mutations et se prémunir contre leurs retombées » émettant le vœu « que soient mises en œuvre l'ensemble des mesures prises à cet effet, et tout particulièrement l'entrée en exercice de la Banque Maghrébine d'Investissement et de Commerce Extérieur, afin de financer les projets maghrébins mixtes, l'ouverture des marchés aux produits maghrébins et la levée de toutes les barrières et autres restrictions au profit du commerce intermaghrébin. »
Aussi, et face à une situation financière internationale préoccupante, le Président Ben Ali a souligné «la nécessité de repenser le rôle du Fonds Monétaire International dans le traitement des problèmes financiers et monétaires mondiaux; et cela en lui conférant des prérogatives universelles en la matière, et en consacrant l'engagement de tous les pays, y compris les pays développés, à adhérer à l'exercice d'évaluation du secteur financier conduit par cette instance internationale. ». Il a préconisé « l'élaboration d'un code de conduite, sous forme d'une convention internationale, engageant, sous l'égide des Nations unies, toutes les instances de contrôle, en vue d'encadrer les méthodes de travail du système financier et les instruments financiers qu'il utilise, et de prévenir le surplus de liquidités, afin d'assurer l'adéquation entre les secteurs financier et réel. »
Message attentivement suivi et bien reçu par l'auditoire qui n'a pas manqué de souligner sa perspicacité. Christian de Boissieu, en éminent économiste particulièrement investi dans la projection de la sortie de crise estime que cette recommandation de repenser le rôle du FMI et de le doter de nouvelles missions comme indispensable et salutaire.
Indépendance et implication
Si les présentations de la Banque de France et de Deutschen Bundesbank ont souligné les vertus de l'intégration monétaire dans l'indépendance qui a montré son efficacité lors de la récente crise, l'exemple des pays du Golfe, culturellement plus prés du Maghreb est non moins édifiante. Dès 1981, précisera Jassem Al Mannai, les premiers accords ont été signés pour donner naissance en 1983 à une première zone de libre échange, avant d'instituer l'union douanière en 2003 (avec 5% de taxe uniforme) et le marché commun en 2007. L'objectif étant d'aboutir le 1er janvier 2011 à l'union monétaire, à travers une banque centrale commune des pays du Golfe. Nombre de règles ont été édictées telles que pour la maitrise de l'inflation (moyenne +2%, des taux directeurs (m+ 3 a 4), réserves (4 mois d'importations, en considérant les importations réexportées), le déficit budgétaire 93% du PNB), et la dette publique (60 a 70%). Cela ne se fait pas à grands sacrifices, comme en Europe, mais non sans certaines spécificités telles que la décision du Koweït de ne pas rattacher son dinar au dollar uniquement, mais un à un panier de monnaies, ou celle du Sultanat d'Oman, de surseoir, dans son cas à l'échéance de 2011. La conclusion est nette : la démarche commune a le mérite de renforcer la capacité des pays du Conseil du Golfe à mieux faire face aux aléas des tourmentes.
Le banquier libyen pionnier à Bahreïn Brahim Saoudi, apporte un éclairage utile sur les dégâts de la crise financière dans la région arabe et plus particulièrement les pays du Golfe. Tout en se félicitant du fait que la Bourse de Tunis soit la seule à demeurer stable, voire même positive, il a rappelé que toutes les autres bourses arabes ont été durement affectées, à des taux allant de 31% (le Koweït), jusqu'à 59% pour l'Arabie Saoudite et 68,7% pour Dubaï. La région, estime-t-il, passe d'une économie d'expansion à une économie de survie, exigeant l'abandon des projets de prestige dont le rendement ne commencera qu'à partir de longues années.
L'impératif maghrébin
Premier à aborder le contexte maghrébin, Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque Centrale du Maroc ne cache pas sa déception quant aux retards subis par l'édification de l'union monétaire de la région, appelant à adopter une démarche pragmatique consistant à commencer par deux ou trois pays et œuvrer pour rallier les autres. Sur un ton très courtois, son homologue égyptien, Farouk El Okda, rappelle que son pays sera heureux de se joindre à cette union monétaire des pays de « l'Afrique du Nord » et l'auditoire a droit à deux analyses pertinentes des gouverneurs algérien et libyen. Le message à retenir est clair : au-delà des considérations politiques et de certaines divergences passagères, les financiers doivent avancer à pas rapides sur la voie de l'intégration et commencer au moins à développer les interconnexions, les systèmes de compensations et d'autres aspects pratiques.
Méditerranée : un appoint a la construction maghrébine
Dans cet élan commun, les pays du Maghreb peuvent compter sur le soutien de la BEI, souligne son Vice-président, Philippe de Fontaine Vive. L'année qui s'écoule, observe-t-il est marquée par un mistral du Nord qui refroidit la planète et risque d'engourdir la région en particulier, à savoir la crise financière, et un zéphyr réchauffant, à travers l'Union pour la Méditerranée. Pour contribuer à la réalisation du projet UPM, six grands projets structurants (dont l'électricité a base solaire, l'eau, les transports maritimes, les PME et l'économie de la connaissance) ont été retenus par la BEI qui se tient prête à soutenir les initiatives maghrébines.
Pour sa part, Michel Gonnet, président du Directoire de La Financière Oceor (Groupe Caisse d'Epargne), rappelle à juste titre que le GCE et sa filiale en Tunisie, la BTK ne cessent de traduire en actes leur volonté d'être acteurs dans l'UPM. Il cite à cet égard l'initiative pour la valorisation de l'épargne des migrants et la création d'un consortium de banques euro-méditerranéennes, fort de 11 banques dont 2 tunisiennes la BIAT et la BTK. M. Gonnet estime que l'intégration intra pays méditerranéens favorisera le succès de l'UPM et sur ce plan, la BCT aura certainement un rôle majeur à jouer.
A crise systémique, réponse intégrée
Très attendue, la communication de Christian de Boissieu sur la crise financière a tenu ses promesses. Le vrai débat, indique-t-il, est, d'une part, celui des prix des actifs, pour permettre aux instances de régulation de jouer pleinement leur rôle et, d'autre part, d'anticipation sur les prochains phénomènes. Apres la bulle de l'Internet (1995-2000), nous sommes passes à la bulle de l'immobilier, avec de courtes transitions par des bulles pétrolières, avec cette impression que l'argent se promène d'un actif à un autre, dans un monde incertain. Cela impose aux banques centrales de s'appuyer sur des politiques prudentielles et engager rapidement les restructurations nécessaires.
De Boissieu recommande l'élargissement du périmètre de régulation à travers un système optimal à deux pôles, l'un concernant le marché et, le second, les différent operateurs, l'actualisation des dispositions de Bale 2, notamment pour ce qui est du traitement prudentiel de la titrisation par les banques et le rééquilibrage des modèles internes pour l'évaluation des risques, ainsi que la mise en place de nouvelles règles pour les liquidités bancaires, le dispositif global de supervision et un nouveau rôle a jouer par le FMI, comme préconisé par le Président Ben Ali.
La boucle est bouclée : l'appel de la Tunisie, lancé par son Président, pour l'accélération du démarrage de la BMICE, d'un coté, et l'assignation d'un nouveau rôle au MI, s'avère de grande actualité et trouve un réel écho, à travers ce symposium de la BCT, parfaitement réussi. Le Gouverneur Taoufik Baccar, par le choix de la thématique et des intervenants, la direction consensuelle des débats, et l'atmosphère cordiale imprimée aux travaux, a su faire émerger un consensus unanime : hâter l'intégration monétaire maghrébine. En prime, de sincères et chaleureuses félicitations a la Tunisie pour le comportement exemplaire de son système financier, sa démarche prudentielle et sa vision avant-gardiste.
« Un engagement ferme est d'ores et déjà obtenu, se félicite un hôte : nous n'attendrons pas le prochain cinquantenaire pour que la BCT organise un autre symposium aussi riche et fécond.


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