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Imed Hammami: Une icône d'Ennahdha 2.0
Publié dans Leaders le 08 - 07 - 2017

Béni Khalled, sa ville natale, écrin de verdure et d'agrumes au cœur du Cap Bon, est son royaume. Beni Khiar, en bord de mer tout près de Nabeul, où il a vécu jusqu'à l'âge de 18 ans, est le lieu de ses agréables premiers souvenirs. Des deux, il hérite valeurs, douceur et pondération. Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, fait souvent oublier qu'il est hissé au gouvernement par son parti, Ennahdha, où il occupe une position discrètement proéminente. Au sein de l'équipe de Youssef Chahed, c'est celui qui, de tous les ministres partisans, joue le plus collectif et incarne le mieux le gouvernement d'union nationale. Son implication totale dans la récente affaire de Tataouine et sa précieuse contribution à l'accord signé avec les protestataire en offrent un bel exemple.
A 54 ans, cet ingénieur électromécanicien, diplômé de l'Enit, passé par la case prison pendant deux ans et assujetti au contrôle administratif avec privation de passeport durant dix ans, est celui qui, autour de Rached Ghannouchi, oeuvre pour un renouveau d'Ennahdha. Il croit fermement en la nécessité d'une réconciliation totale avec l'Etat et d'une concorde avec les principaux partis politiques, à commencer par Nidaa. Son credo pour Ennahdha est de se convertir d'un mouvement de résistance à un parti de gouvernement sur la base de nouveaux enjeux en apportant les solutions indispensables pour le pays et pour le peuple. Une vision qui le met en opposition avec ceux qui rejettent l'ouverture et l'entente et prônent le raidissement en s'enfermant dans les fondements religieux rigides. Les clivages sont profonds. Hammami a fait son choix : l'union nationale, dans la modernité et la démocratie.
Quatrième d'une fratrie de cinq enfants (deux garçons et trois filles), un père agent de la Société régionale de transport de Nabeul, il a été élevé dans une famille réservée et pieuse qui fait de la bonne conduite et du savoir une règle absolue. Son engagement au sein du mouvement islamique date de ses années lycée, surtout au lycée technique de Grombalia. Cet établissement au carrefour routier était le point de convergence d'élèves venant de divers horizons et d'une effervescence islamiste. Riadh Bettaieb, futur ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale dans le gouvernement Hamadi Jebali, venu de Menzel Temime, y avait laissé ses marques militantes.
Bac en poche, le premier grand tournant pour Imed Hammami sera son admission en 1983 à l'Enit. Le campus universitaire qu'il fréquentait et le foyer de Ras Tabia où il résidait étaient alors le terrain d'âpres luttes entre factions de divers bords. La confrontation entre islamistes sous la bannière de l'Ugte et la gauche, sous multi-enseigne, entre Poct et autres Uget. Les islamistes étaient conduits par des irréductibles: Abdelkérim Harouni, Ridha Saidi, Ridha Bettaieb... Lotfi Zitoun y fera un court passage. Noureddine Bhiri et Cheikh Mourou avaient laissé une image d'icône à la faculté de Droit. Abdellatif El Mekki et Nejmeddine Hamrouni oeuvraient à partir de la faculté de Médecine, et Abdelhamid Jelassi, de l'Ecole nationale des ingénieurs de Gabès. Quant à Imed Hammami, il faisait sa percée à l'Enit, à l'Ugte et dans sa région...
Son militantisme ne l'empêchera pas de réussir ses études. C'est ainsi qu'il obtiendra en juin 1989 son diplôme d'ingénieur des travaux de l'Etat en électromécanique. Sur la même lancée, il s'inscrira à un DEA en mathématiques appliquées au Campus et à un DESS en gestion à l'ISG et commencera ses études. Les affrontements de 1991 entre islamistes et le régime de Ben Ali mettront rapidement fin à cette ambition. Pris dans un coup de filet général, Imed Hammami ne sera pas cependant identifié comme un dirigeant de premier plan au sein du Mouvement de la tendance islamique. Cela l'épargnera d'une lourde peine : deux ans de prison qu'il purgera avec patience et autant de contrôle administratif (se prolongeant à dix ans). Remis en liberté, il s'établira à Beni Khalled et se mettra à la recherche de travail dans la région. La chance lui sourit avec une première embauche chez Schlumberger avant d'évoluer au sein d'autres multinationales, firmes étrangères et entreprises tunisiennes. Concentré sur son travail, il se spécialisera dans la sécurité industrielle, la maintenance, la qualité et la mise à niveau industrielle et managériale. Un seul handicap: privé de passeport, il ne pouvait bénéficier de perfectionnement à l'étranger, devant se contenter de tirer le maximum du savoir-faire des experts étrangers invités par ses employeurs en Tunisie. Confirmé dans ses qualifications, Hammami fondera son propre cabinet de consulting et apportera ses prestations à des hôtels à Hammamet, des industriels à Korba et autres clients.
L'hibernation politique connaîtra ses premiers frémissements dès 2006 avec les premières vagues de libération de dirigeants nationaux du MTI: Jebali, etc. Discrètement, les contacts reprennent, la réflexion s'engage en évaluation critique du parcours et la prospective d'avenir. Il aura fallu cependant le déclenchement de la révolution pour que la machine d'Ennahdha s'emballe de nouveau et atteigne rapidement son plein régime.Imed Hammami liquide ses contrats et ferme son cabinet, se réinstalle à Tunis et s'investit à fond dès le printemps 2011 dans la préparation des élections de la Constituante. Investi tête de liste dans la circonscription de Nabeul 2, il remportera son siège haut la main. Sous la coupole du Bardo, les élus de l'Assemblée nationale constituante s'agitaient tous azimuts. Hammami, lui, garde son calme et sa vision claire. Alors que tous se disputaient la présidence de commissions prestigieuses et médiatisées, il avait opté dès le départ pour celle des collectivités publiques et du pouvoir local.
Dans la répartition des commissions entre les composantes de la Troïka, elle revenait à Ennahdha, mais personne ne s'en enthousiasmait tant elle était jugée «ringarde». D'ailleurs, pendant très longtemps, ses travaux n'étaient guère suivis par les journalistes qui ne réalisaient pas alors ses enjeux futurs. Tous en seront édifiés à la lecture du chapitre VII de la Constitution qui instituera les fondements de la nouvelle démocratie locale. Hammami y aura largement contribué en inspiration, comme en arbitrage et consensus. Au sein d'Ennahdha, c'est un autre combat qui se livrait férocement à huis clos. La loi sur l'immunisation de la révolution, la démission du gouvernement Ali Laarayedh, la feuille de route, l'article VI de la Constitution, la relation avec le CPR, puis Nidaa ne faisaient qu'attiser les passions. «Deux ailes que ces questions cruciales ne faisaient que s'écarter davantage», commentera Hammami. Le Xe Congrès (mai 2016) fera sauter les tabous. Ni faucons, ni colombes, mais mouvement islamique rigide, traditionaliste, à comportement rebelle et revendicatif, face à un parti civil, dans l'air du temps, moderniste, positif, constructif et ouvert. Nombre de ses camarades de lutte de longue date, du secondaire à l'Université, s'étaient cramponnés au passé, alors que d'autres militants moins connus et plus jeunes ont misé sur l'avenir et c'est d'eux qu'Imed Hammami se sentira le plus proche.
Tunisification d'Ennahdha, enrichissement de l'expérience tunisienne collective, rapprochement stratégique avec Nidaa, concepts novateurs et solutions appropriés pour les problèmes du pays et pari sur les programmes et non les personnes: Hammami se trouve en phase avec Rached Ghannouchi, de jeunes quadras et nombre d'adhérents.
Youssef Chahed connaissait de loin Imed Hammami. Il ne commencera à s'intéresser à lui que lorsqu'il a été nommé ministre du Développement local dans le gouvernement d'Habib Essid (janvier 2016) et se mettra à décortiquer le chapitre VII de la Constitution. Froid, réservé, Hammami ne cherchera pas particulièrement à «vendre» son œuvre, mais lui fera bonne impression. Une fois chargé de former son gouvernement, en août 2016, Chahed était ravi de voir le chef de file d'Ennahdha, lors des consultations y afférentes, avancer le nom de Hammami parmi les préposés pour un poste ministériel. En fait, ce n'est pas la première fois que son nom circule avec insistance sous la Troïka, mais surtout pour les deux gouvernements Essid, avec la bénédiction du «Cheikh». Abdelhamid Jelassi, alors chargé des négociations, avait-il insisté fermement ? Toujours est-il que c'est Zied Ladhari qui fera aboutir sa candidature. Quant au choix du ministère, exigeant de garder les mains libres sur les affectations, c'est Youssef Chahed qui en décidera et ce sera la Formation professionnelle et l'Emploi.
Dans la même foulée, Saida Ounissi, figure de proue des jeunes d'Ennahdha à l'étranger, était retenue comme secrétaire d'Etat. Le premier poste qui lui sera proposé par Chahed ne lui convenait pas. Imed Hammami se proposera de la prendre avec lui, surtout que Youssef Chahed avait prévu de consacrer un poste de secrétaire d'Etat chargé de l'emploi et de l'initiative privée. La fusion sera totale.
Comme celle avec Youssef Chahed qui découvrira chaque jour davantage la compétence et la loyauté d'Imed Hammami. El-Kamour sera son index de performance politique.


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