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Abdelkrim Zbidi en ministre-soldat
Publié dans Leaders le 04 - 01 - 2018

Quatre ans après avoir quitté le gouvernement, il est remis en selle par le président Béji Caïd Essebsi au même poste de ministre de la Défense nationale. Comment Abdelkrim Zbidi a trouvé l'institution militaire ? Quel regard nouveau nourri de sa première expérience et de ses enseignements retenus porte-t-il aujourd'hui sur les forces armées ? Que compte-t-il faire rapidement ? Remettant de nouveau son uniforme à la tête de la grande muette, ne comptez pas sur lui pour qu'il se laisse aller à la confidence. Surtout qu'il affirme haut et fort à ceux qui veulent le croire qu'il «ne fait pas de la politique» !
Défendant le budget de son département, le 1er décembre dernier, devant les élus de la Nation sous la coupole du Bardo, il suscitera à ce sujet rires et applaudissements. Répondant avec humour au député Houcine Jaziri, qu'il avait côtoyé au gouvernement en 2011, il dira : «Je ne pourrai jamais être politicien. Vous savez pourquoi ? Parce que je ne peux ni mentir, ni camoufler un mensonge!»
La sincérité, comme le sens du devoir et de l'intérêt national, sont chez Abdelkrim Zbidi, 67 ans, des valeurs fondatrices. Pour cet enfant de Rejiche, tout près de Mahdia, elles se conjuguent à la modestie, l'humilité, la soif du savoir et la volonté de partager, de servir. Tout comme la recherche scientifique et l'enseignement universitaire qui ont constitué sa carrière de médecin physiologiste, la rigueur militaire expérimentée en tant que ministre sied à merveille à son caractère, la discipline et le sens de l'honneur en plus. A le voir défendre âprement, entre autres, l'indépendance de la justice militaire, on réalise son sens de l'Etat et son attachement à l'équité. Menant un train de vie simple, il s'impose un régime spartiate, fuyant tout faste, renonçant à tout goût pour le lucre, le luxe...
Ni salaire, ni résidence, une vie de spartiate
En acceptant de rejoindre le gouvernement, Abdelkrim Zbidi s'est interdit de percevoir son indemnité de ministre. « J'ai déjà ma pension de retraite ! », lâchera-t-il sur le ton de la confidence à un ami, comme en s'excusant. Il n'exigera pas une villa cossue parmi celles de la Présidence ou du gouvernement, avec personnel et gardes, comme l'y autorise son statut. Il s'est contenté de résider dans un modeste logement de fonction dans une caserne de la capitale. «Je n'ai pas besoin de plus, et c'est plus commode pour tous», explique-t-il. Sa journée de spartiate commence tôt le matin, ponctuée par un petit-déjeuner frugal et départ rapide au bureau. Il y passera toute la journée jusque tard dans la soirée, avant de regagner sa caserne. Comme s'il effectuait son service militaire.
Dans son vaste bureau en haut de l'annexe moderne dans l'historique enceinte de Bab Mnara, Abdelkrim Zbidi enchaîne les séquences : examen attentif du courrier, réunions de travail (au ministère, à la Kasbah ou à Carthage), accueil de visiteurs officiels, audiences sollicitées... Les parapheurs s'empilent sur une table de travail. Aucun n'y passera la nuit : tout est traité dans la journée, même s'il doit rester tard le soir au bureau. L'armée ne peut souffrir le moindre retard, la moindre hésitation.
Commander, c'est décider. Pas seulement à partir du quartier général de commandement, mais aussi à l'occasion des tournées continues auprès des troupes. De Remada à Tabarka, Zbidi sillonne le pays, visite les unités terrestres, aériennes et de la Marine nationale, galvanise les énergies et teste discrètement ses grands projets. Sans tapage, il s'éclipse en missions rapides à l'étranger, comme récemment aux Emirats arabes unis ou en France... «Qu'ai-je d'autre à faire que de travailler, tant que j'en suis encore capable», dit-il en souriant.
Refonte de la Défense nationale et transformation de l'armée
S'il ne révèle pas les axes stratégiques qu'il compte développer, le ministre de la Défense annonce quelques pistes prioritaires devant les élus de la Nation. La réforme du service militaire fait partie de son projet de renforcement et de modernisation de l'institution militaire, mais aussi la finalisation du Livre blanc, l'activation des différentes composantes de l'Agence des renseignements et de la sécurité pour la défense (créée en février 2015), le développement des industries militaires et le renforcement de la lutte contre le terrorisme et le cyberterrorisme.
La dimension études stratégiques, comme celles de la formation, du perfectionnement, des entraînements de haut niveau et des stages spécialisés sont appelées à bénéficier d'une impulsion importante. Aussi, la réussite du projet de développement intégré de Rjim Maatoug servira de modèle pour le lancement du grand projet d'El Mahdath, dans la région d'El Fouar, sur 30.000 km2, soit le 1/5ème de la superficie du pays, dans une zone désertique bien difficile.
Parmi ses grandes préoccupations, le renforcement de la synergie entre les forces sécuritaires et celles armées. Plus qu'une coordination, une combinaison totale à concevoir, organiser, mettre en œuvre et suivre de près avec son collègue le ministre de l'Intérieur, sans omettre d'y associer les services de la Douane, sous l'autorité du ministre des Finances. Cette action en profondeur et de longue haleine est déterminante aux yeux d'Abdelkrim Zbidi.
Autant de dossiers qui font certes partie du lot quotidien du ministre de la Défense, mais qui exigent aujourd'hui une remise à plat, un regard neuf et une approche orientée performante. Dans ses délicates et stratégiques fonctions, Abdelkrim Zbidi doit faire face à un double impératif : défendre la souveraineté nationale et l'intégrité du territoire et forger dès aujourd'hui l'armée de demain.
Alors que les menaces persistent, les risques s'aggravent et les dangers se multiplient, dans un contexte géostratégique peu favorable, la mission de l'armée nationale devient encore plus déterminante. Effectifs bien formés, équipements performants, dispositifs opérationnels, bases et casernes modernes et financements conséquents lui sont plus qu'indispensables. Fort du soutien du chef suprême des armées, le président Caïd Essebsi, il appartient au ministre Zbidi de conduire cette impérieuse refonte de la Défense nationale et la transformation de l'armée. Dans un délai très court... L'échéance de fin 2019 est si proche.
La boîte noire
Il détient avec le général Rachid Ammar le secret le plus recherché sur ce qui s'est réellement passé en Tunisie entre 2011 et 2013. Ministre de la Défense nationale, Abdelkrim Zbidi était à la fois un acteur de premier rang et le témoin le mieux informé, la Sécurité militaire lui faisant remonter tout le renseignement collecté et ce qui est reçu des services étrangers partenaires. Rien qu'en ce qui concerne la Libye, une mine d'informations était constituée. Comment était géré depuis 2011 l'afflux des Libyens en Tunisie —«révolutionnaires »et kadhafistes—, d'armes et d'argent ? Dans quelles conditions a été extradé l'ancien chef du gouvernement, Baghdadi Mahmoudi ? Qui parmi les puissances étrangères tirait les ficelles en Libye ?
Sur la scène politique intérieure, comment opéraient les partis politiques et plus particulièrement la Troïka, ses trois présidents et ses ministres successifs ? Y a-t-il eu des tentatives d'infiltration de l'armée et de mainmise sur elle ? Comment le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, exerçait ses attributions de chef suprême des armées ? Y a-t-il eu des abus, des frictions ?
En matière de lutte contre le terrorisme, comment tout avait commencé ? Quelle a été la première réponse des forces armées ?
Et, sur le plan international, quelle collaboration effective était engagée par la Tunisie avec ses partenaires ?
Ne comptez pas sur le ministre Zbidi pour trouver une réponse. Son attachement au devoir de réserve et au secret d'Etat garantira l'étanchéité de la boîte noire. Il faudra sans doute attendre plusieurs années pour avoir un début de réponse - certainement partiel - et pour que les Tunisiens découvrent, non sans surprise, tant de vérités.
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