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Exclusif - Comment Kais Saïed a désamorcé une « redoutable crise politique » entre Paris et Tunis
Publié dans Leaders le 06 - 06 - 2020

Paris - Corresondance particulière pour Leaders. En prenant l'initiative d'appeler vendredi après-midi son homologue français Emmanuel Macron, le président Kais Saïed a étouffé dans l'œuf une « redoutable crise politique » qui aurait « gravement assombri » la sérénité des relations entre la Tunisie et la France. En ce moment crucial, plus est. A l'origine de cette crise, un projet de motion déposé mardi dernier 2 juin devant l'ARP, par le groupe parlementaire Italaf Al Karama (présidé par Seifeddine Makhlouf, comptant 18 députés, dont 1 élu dans la circonscription de France 2). Le texte à soumettre au débat général public ''dénonce'' « diverses formes d'assassinat, de torture, de viols, de bannissements et de pillage de richesses » commises par la France en Tunisie. Il exige des excuses au peuple tunisien et l'indemnisation des victimes, ainsi que l'ouverture de toutes les archives y afférentes». Révélations.
« Le ton, le contenu et le timing de cette démarche a suscité étonnement, inquiétude et indignation dans divers milieux politiques et économiques en France, jusqu'au plus haut sommet de l'État souligne à Leaders une source parisienne bien informée. « La France ne comprend pas, ajoute-t-elle, cette haine profonde attisée à son encontre et cette remise en question d'une longue tradition d'amitié et de coopération, au-moment-même où elle s'apprête à augmenter sensiblement son aide publique à la Tunisie pour faire face aux suites de la pandémie du Covid-19 ».
Saïed bientôt à Paris et n'en rentrera pas les mains vides
« En signe de la cordialité des relations tuniso-françaises qui ne sauraient être perturbée par le moindre nuage, rapporte notre source parisienne, le président Saïed a annoncé à Emmanuel qu'il se rendra très prochainement à Paris, en réponse à l'invitation reçue. Cette visite sera sans doute l'occasion, outre les entretiens politiques, l'occasion pour la France d'annoncer de nouvelles mesures substantielles d'appui économique et financier à la Tunisie. »
Pendant près de trois quart d'heure, les deux présidents ont évoqué lors de leur conversations téléphonique « l'exploration de nouvelles voies de consolidation des relations privilégiées entre les deux pays », selon un communiqué de Carthage. A cette occasion, « le président français a réitéré la pleine disposition de son pays d'apporter les aides dont la Tunisie pourrait avoir besoin, dans ces circonstances », souligne le communiqué. La situation en Libye, et les efforts conjoints en faveur d'une sortie de crise dans ce pays, fondée sur le rejet de toute intervention étrangère et la partition du territoire a, également, figuré lors de l'entretien téléphonique. Il n'est pas exclu qu'en préparation de ce déplacement qualifié de part et d'autre d'important que le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian se rende à Tunis ou réitère l'invitation à son homologue de se rendre au Quai d'Orsay.
Une importance exagérée ou une inquiétude justifiée ?
La France a-t-elle donné cette fois-ci trop d'importance au projet de motion d'Italaf Al Karama (Coalition de la Dignité), s'interrogent à Tunis des analystes politiques contactés par Leaders. « Paris sait bien qu'il ne s'agit pour le moment qu'un simple projet qui n'est pas débattu par le bureau du Parlement et n'a pas beaucoup de chance pour être accepté et programmé lors d'une séance plénière, d'autant plus que la session parlementaire à l'ordre du jour bien chargé se terminera en juillet prochain. La France sait aussi que ce parti, marginal au Parlement, ne comptant que 18 députés sur 217, après en avoir perdu 3 depuis décembre dernier, a oscillé entre attaques contre la France et valorisation de la coopération bilatérale. Mais nombreux qui dans l'entourage du président Macron insistent sur une prise de position vigoureuse.
Le fonds de commerce de la campagne électorale d'Itilaf Al Karama pour la présidentielle comme pour les législatives, a été la dénonciation des concessions d'exploitation minières et salines accordées à des compagnies françaises, le rappel de certains de ses représentations, et des excuses officielles publiques. L'un de ses candidats en France, Ziad Elhechemi, s'est d'ailleurs fait élire dans la circonscription électorale tunisienne France 2, sur ce bréviaire. Mais, dans un revirement à 180°, le chef du parti, sans doute rappelé à l'ordre par ses mentors, a nié tout appel à la rupture des relations diplomatiques, allant jusqu'à déclarer aux médias que ‘'la France est le pays le plus important pour la Tunisie''. »
Virages successifs à 180°
Ce sont précisément ces volte-face successifs qui suscitent l'inquiétude de Paris. « Dans un geste courageux et inédit, le président Macron a de sa propre initiative, toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie, et la répété lors de sa visite à Alger, en février 2017, rappelle notre source parisienne. Sans hésiter, il avait présenté à cette occasion les excuses de la France, (sur une chaine TV algérienne) déclarant : ‘'ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes''. Il avait aussi mis en garde contre un travers dangereux : ‘' je ne veux pas qu'on tombe, tout en reconnaissant ce crime, dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien.'' Pourquoi continuer encore à s'acharner aujourd'hui, en Tunisie, contre la France et son président, d'un côté et demander, de l'autre le renforcement de la coopération ? »
Ce n'est pas la seule question qu'on se pose à Paris. « Imaginez, s'interroge un élu français contacté par Leaders, que des députés d''extrême droite déposent un projet de loi stigmatisant les ressortissants tunisiens vivants en France, pour diverses accusations fausses ou vraies et exigeant le règlement immédiat de l'ardoise de soins impayés de près de 190 millions laissée auprès des hôpitaux publics, sous peine de déchéance de la nationalité française pour les binationaux et de l'expulsion de tous vers la Tunisie. Quelle serait l'attitude des Tunisiens en France et en Tunisie et celle des autorités officielles ? »
Des craintes majeures à Paris
Ce qui irrite le plus Paris, c'est que cette motion, une fois mise en débat public sous la coupole du Bardo en séance plénière relayée par les chaines télévisées tunisiennes et arabes, attisera un sentiment anti-français et le propagera au-delà des frontières. « L'impact des discours haineux qui risquent d'être proférés à cette occasion trouvera écho non-seulement auprès de la rue arabe, explique cet élu. N'oublions pas l'Algérie où les relations sont déjà tendues, la Libye en pleins affrontements sanglants, le Moyen-Orient avec la grande colère prévisible en cas d'annexion imminente par Israël de territoires palestiniens… Mais aussi, la communauté maghrébine et arabe en France, en moins de deux ans des prochaines élections françaises. »
Dans un statut posté, vendredi soir sur sa page Facebook, Ziad Elhechmi, l'élu d'Itilaf El Karama, en France, a été jusqu'à prétendre que d'ores et déjà l'examen du projet de motion déposée par son parti est programmé pour ce mardi 9 juin (ce qui n'est pas confirmé par le bureau de l'Assemblée). Il se demande « si la France autorisera la tenue de cette séance plénière », mentionnant un climat délétère qui se propage dans certains médias…
L'entretien téléphonique entre Saïed et Macron s'avère opportun pour désamorcer cette crise qui ne profite guère à aucune partie.


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