… Et de trois ! Le mouvement syndical tunisien a célébré cette année la Fête du Travail, le 1er mai avec trois centrales. L'historique UGTT a en effet enfanté deux nouvelles organisations, la Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT), fondée par Habib Guiza et la toute récente Union des Travailleurs Tunisiens, constituée par Isamail Sahbani. Ancien secrétaire général de l'UGTT, Sahbani avait été limogé par Ben Ali et jeté en prison. Mais, ce n'est pas la première fois qu'il subissait son ire. Patron de la puissante fédération de la Métallurgie dans les années 70, Sahbani avait été, en effet arrêté au lendemain du 26 janvier 1978 et sauvagement torturé, comme l'avait amèrement rapporté Habib Achour dans ces mémoires, en détail. Retrouvant place M'hammed Ali, avec ses camarades libérés, il reprenait le combat, se hissant au commandement, avant de déplaire à Carthage et d'endurer à nouveau la prison.
Le voilà à présent renouer avec le syndicalisme et créer avec d'anciens dirigeants de l'UGTT, une nouvelle centrale, installée rue d'Athènes, pas loin de la place M'hammed Ali, dans tout un immeuble de 3 étages. Dimanche 1er mai, il y présentait le manifeste de l'UTT et l'équipe fondatrice, devant une bonne centaine de travailleurs.
Le manifeste s'inspire des valeurs historiques du syndicalisme tunisien revigoré par la révolution du 14 janvier et se donnant de nouvelles ambitions. Quant à l'équipe, elle comprend Hassen Kenzari, Abdelaziz Zouari, ancien dirigeant de la fédération du Pétrole et de la Chimie et membre du bureau exécutif de l'UGTT du temps d'Achour, Ali Dhaoui, Abdelaziz Jaidi, Jilani Lach'hab, Leila Kradi, Hédi Jouini et Tarek Mehri Mbarek.
La multiplication des syndicats autonomes et le nouveau vent qui souffle auprès des travailleurs augurent d'évolution significative du paysage syndical tunisiens comme l'illustre déjà la naissance de la CGTT, puis, de l'UTT. Aussi, le retour sur la scène de dirigeants de la trempe d'Habib Guiza et d'Ismail Sahbani apportera une nouvelle dynamique. Les questions de représentation des nouvelles centrales syndicales lors des prochaines négociations sociales, mais aussi de leur financement ne manqueront de se poser avec insistance.
On sait en effet, pour ce qui est du financement, qu'une dotation puisée dans le 0,5% des contributions patronales aux régimes de sécurité sociales, est servie à l'UGTT. Il va falloir étendre cet appui substantiel aux autres centrales.
