L'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT) dirigée par Ismaïl Sahbani, vient d'annoncer une grève dans le secteur du transport public touchant le grand Tunis, durant deux jours, les 26 et 27 avril courant en signe de protestation pour dénoncer la politique de la sourde oreille adoptée par le ministère de tutelle. Lors d'une conférence de presse tenue, hier au siège de l'UTT, Hassen Kanzari, secrétaire général adjoint, a exprimé sa solidarité avec les journalistes agressés la veille par les sitinneurs devant l'Etablissement de la Télévision Tunisienne. « La défense de la liberté de la presse fait partie des constantes de notre organisation. Nous nous élevons contre toutes les pratiques et agressions subies par les journalistes de la chaîne Wattanya ». Pourquoi annonce-t-on une grève du secteur du transport à Tunis, avec toutes les conséquences qu'elle peut engendrer en terme de blocage de l'activité économique ? Hassen Kanzari, nuance : « nous avons la conviction que nous n'appelons pas pour la grève en tant que telle, c'est surtout pour inviter les autorités au dialogue constructif ». Après neuf correspondances, dont la dernière remonte au 11 avril courant en plus de diverses interventions, l'appel à la grève est lancé. Après les élections de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), l'UTT a préféré opter pour la stabilité. Des écrits ont été envoyés à l'administration sur des points inhérents à la situation des agents du transport, comme la détérioration de leur pouvoir d'achat. Les négociations et le dialogue supposent des concessions de part et d'autres pour arriver à une solution médiane. L'UTT se plaint de l'absence d'un partenaire avec qui engager le dialogue. Les anciennes pratiques perdurent. Quatre ministres se sont succédé à la tête du ministère du Transport, depuis la Révolution, mais les pratiques demeurent les mêmes. Elles se résument dans le refus du dialogue. « Le ministre actuel m'avait confié que le pays ne pourrait s'accommoder d'un pluralisme syndical », affirme le secrétaire général adjoint. Il rappelle que le pluralisme syndical est une partie intégrante des libertés publiques. D'ailleurs, Farhat Hached en quittant la CGT, pour créer l'UGTT avait opté pour le pluralisme syndical. Il n'y a rien d'illégal. « Nous appelons à la révision du Code de travail. La rupture avec le passé ne concerne pas uniquement la Constitution. Il faut rompre avec tout. En dépit de tous les tracas, nous nous sommes conformés au Code de travail. Certains ministres ont pu agir et respecter le pluralisme syndical sans rencontrer de problèmes ». A l'UTT, il est espéré qu'un dialogue s'amorce, pour s'en passer de la grève. «Nous sommes contre le blocage des activités économiques et nous nous excusons auprès des citoyens pour les désagréments qu'ils vont connaître durant les deux journées de grève. Le ministère du Transport en refusant le dialogue, nous oblige à recourir à la grève », dit-il. Il appelle à protéger l'agent de transport et à améliorer ses conditions matérielles et morales. Il ajoute que le syndicaliste ne verse pas seulement dans les revendications. Il est jaloux de la situation de son entreprise. Il déplore que des bus qui n'ont pas plus de deux mois d'activité soient immobilisés pour des réparations qui ne coûtent pas très cher alors le P-dg s'est permis le luxe d'une voiture qui vaut 90 millions. Revendiquant plus de 120.000 adhérents en une année, les dirigeants de l'UTT attendent d'être écoutés par les pouvoirs publics et déplorent que certaines chaînes de télévision ne les associent jamais aux débats auxquels ils associent les autres organisations syndicales. Hassen Kanzari, rappelle que son organisation n'appartient à aucun parti politique et espère que le dialogue soit entamé avant la grève. Rappelons que l'annonce de la création de l'UTT a été faite le 1er mai 2011. Elle a été créée par Ismaïl Sahbani qui avait auparavant occupé le poste de secrétaire général de l'UGTT de 1989 jusqu'à 2000, cautionné par Ben Ali. Des problèmes avec ce régime l'ont conduit en prison pour «malversations» et «mauvaise gestion». Condamné en 2001 à 13 ans de prison ferme, il a été amnistié en 2003. L'UTT est la deuxième centrale syndicale qui a vu le jour depuis la Révolution du 14 janvier, après la Confédération générale des travailleurs tunisiens (CGTT), créée elle aussi par un ancien cadre de l'UGTT, Habib Guiza. D'ailleurs, l'UTT compte célébrer la fête du Travail, le 1er mai prochain, par un rassemblement devant son siège qui sera suivi par une marche. La marche passera par l'avenue Habib Thameur, la place de la République, la rue du Ghana, l'avenue Mohamed V vers le Palais des congrès où un meeting des travailleurs aura lieu. Elle évitera l'avenue Habib Bourguiba qui est réservée à l'UGTT.