Décidément, le congrès du CPR n'a pas manqué de rebondissements. Juste avant l'élection du nouveau secrétaire général, Imad Daïmi que beaucoup le prédestinaient à ce poste, a préféré retirer sa candidature, en toute denière minute, laissant Mohamed Abbou faire face au jeune Walid Haddouk. Expliquant son retrait, Daïmi indique que, d'abord, il ne savait pas jusqu'à une date récente, qu'il y avait en fait quatre candidats en lice pour la direction du parti (le 4ème, Makram Ben Khelifa, s'est retiré dimanche, matin) et que finalement il a dû prendre cette décision pour « préserver l'unité du parti, mais aussi d'autres raisons ». Directeur du cabinet présidentiel, Daïmi a été le chef de file au sein du CPR de toute l'équipe qui en avril dernier a remis en cause le mandat d'Abderraouf Ayadi et repris en main l'appareil du parti, tout en convoquant un conseil national le 12 mai à Tataouine. Ayadi n'a pas voulu insister, claquant la porte et créant son propre parti Wafa. A Tataouine, des élections serrées pour le secrétariat général provisoire en attendant le congrès, avaient mis en compétition Daïmi et Abbou, récoltant chacun à égalité 34 voix. Pour les départager, Salim Ben Hmidane avait eu l'idée de faire appliquer le droit d'ainesse, ce qui a été à la faveur d'Abbou. Compromis accepté, mais un deuxième round était prévu lors du congrès, le weekend à Tunis.
Une fois de plus, Imad Daïmi ne prend pas en main les rênes du CPR, cette fois-ci de son propre chef. A quelques mois des élections qui s'annoncent décisives pour le parti et au moment où dans sa lettre au congrès, Marzouki trace toute une feuille de route pour que le CPR puisse rééditer son exploit du 23 octobre, il ne se retrouvera pas aux commandes opérationnelles. Avait-il pressenti dimanche un équilibre de force qui n'est pas en sa faveur ? A-t-il changé de stratégie, estimant qu'il sera beaucoup plus à Carthage qu'au siège du CPR, rue Dargouth Bacha? Daïmi qui a longtemps vécu en exil quasi-clandestin (Mauritanie et Sénégal avant de s'installer en France) sait cultiver le mystère autour de ses intentions. Ce n'est sans doute guère de son plein gré qu'il a renoncé à sa candidature, la donne a certainement changé pour lui lors même du congrès. Il continuera à jouer dans ses instances comme auprès de Marzouki un rôle clef et sera un élément incontournable.