* Absence de mention sur la carte nationale, le refus des familles des personnes décédées ...les mentalités doivent changer ! La transplantation d'organes représente le traitement idéal de toute défaillance organique terminale. En Tunisie, nous comptons actuellement près de 8000 patients enregistrés sur la liste d'attente et qui ont tous besoin d'une transplantation. Depuis 1986, date de la première greffe de rein jusqu'à ce jour seulement 780 transplantation ont été faites alors que le nombre des patients ne cesse d'augmenter d'année en année. On compte environ 140 à 150 nouveaux cas par an contre 70 à 80 transplantations par an aussi. La non- mention sur la carte d'identité nationale de la qualité de donneur et le refus des parents qui s'opposent souvent aux prélèvements sur des patients décédés freinent l'évolution du processus et empêchent des centaines de personnes de survire et ce malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation organisées à cet effet.
Il est temps de se décider Dr. Abdelaziz Fedhila, président de l'Association tunisienne de sensibilisation au don d'organes a souligné hier lors d'un point de presse tenu à l'occasion du 3ème colloque France-Maghreb, qui aura lieu le 30 novembre et le 1er décembre prochain à Tunis, qu'en Tunisie nous bénéficions de toutes les garanties médicales, juridiques et religieuses et pourtant le nombre de greffes reste encore en deçà des espérances. Et il a ajouté qu'aujourd'hui, il est grand temps pour que cela avance et pour que chacun de nous assume ses responsabilités et décide de s'inscrire soit dans la liste des donneurs en mentionnant cette qualité dans la carte d'identité nationale soit dans celle des non donneurs disponible dans les tribunaux de première instance et dans les hôpitaux où s'effectuent les transplantations. Parfois un membre de la famille d'un défunt s'oppose au don et le fait perdre une action de bienfaisance alors que le patient décédé aurait peut- être accepté. Dr. Fedhila souligne que les causes de refus sont souvent liées à de fausses idées : « Plusieurs familles pensent à ce jour que notre religion interdit le don d'organes alors que les hommes de religion l'ont affirmé à maintes reprises qu'il s'agit plutôt d'acte de bienfaisance. D'autres pensent aussi qu'il y a du commerce d'organes, alors que cela n'existe pas du tout en Tunisie. Tout est régi par la loi ».
De moins en moins de refus et de plus en plus de greffes Le refus s'explique aussi par l'état d'impréparation. Les familles sont déjà sous le coup de l'annonce brutale du décès d'un des leurs, elles n'acceptent pas la mutilation de la dépouille et pensent que cela les empêcherait de l'enterrer dignement. Les médecins et le personnel doivent être bien formés pour prendre en compte le côté psychologique de la personne avisée. « Toutefois, il convient de signaler que le refus des familles commence à diminuer. Il était de l'ordre de 95%, actuellement il est à 75%. Ce qui est encourageant, car cela augmente le nombre de donneurs et donc de greffes. D'ailleurs le nombre de personnes ayant mentionné la qualité donneur sur leurs cartes d'identité s'élève aujourd'hui à 8500 bien que ce chiffre ne reflète pas le nombre réel de donneurs », indique Dr.Fedhila. Dr. Taïeb Ben Abdallah, président de l'association de la médecine rénale a indiqué que dans le cas où il s'agit de personnes vivantes le problème ne se pose pas vraiment. En revanche, quand il s'agit de personnes décédées, la famille peut s'opposer et cela constitue un vrai problème. « Pourtant, les greffes se font dans un cadre de transparence absolue. Les patients s'inscrivent dans la liste d'attente et dès que nous obtenons l'organe nous le transplantons immédiatement chez l'un des patients selon un ordre de priorité. Les greffes ne sont effectuées que dans l'un des 7 hôpitaux autorisés par le ministère de la santé publique», souligne Dr. Ben Abdallah. Mylène Ben Hamida, du Centre national pour la promotion de la transplantation d'organes a souligné que la technique de transplantation d'organes chez les enfants est bien maîtrisée en Tunisie et ce spécialement lorsque l'enfant pèse plus que 5 ou 6kg. « Toutefois, nous espérons pouvoir greffer plus de patients et avoir plus de donneurs », indique Mylène Ben Hamida.
Colloque France Maghreb Le 3ème colloque France Maghreb sera un véritable lieu d'échange en matière de don d'organes entre les pays du Maghreb et la France. Des conférences et des tables rondes auront lieu et réuniront les spécialistes dans le domaine pour discuter de la stratégie de sensibilisation, la prise en charge des familles, le rôle des associations de sensibilisation dans la promotion du don d'organes ainsi que nombreux autres thèmes non moins importants.