Deux-cent-six partis politiques constituent en principe le paysage politique postrévolutionnaire. Si en 2011 cette diversité a permis aux partis de la Troïka (Ennahdha, le CPR et d'Ettakatol) de remporter la partie et de diriger le pays pendant un certain nombre d'année, elle a intensifié, après les élections de 2014, la présence du phénomène du populisme politique qui règne notamment sur nos plateaux médiatiques. Si l'on devait établir un Top 3 des rois du populisme en Tunisie, on aurait un peu mal à choisir entre Moncef Marzouki, Hechmi Hamdi et Bahri Jelassi. Moncef Marzouki se serait imposé sans aucune difficulté grâce, notamment, à ses récentes déclarations au cours desquelles il s'est permis d'insulter, lors d'une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, le peuple tunisien « corrompu, paresseux et malhonnête » a-t-il dit. A peine quelques jours après la polémique provoquée par ces propos, l'ancien président provisoire de la République est revenu, au cours d'un autre entretien à une autre chaîne étrangère, à la charge, accusant les médias tunisiens ‘pourris' d'avoir reçu des milliards de dinars pour mener (dans le temps, en 2014) une campagne médiatique de dénigrement commanditée contre lui pour qu'il ne réussisse pas à remporter le second tour de l'élection présidentielle. Comparant sa situation à celle du président égyptien déchu, Mohamed Morsi, Moncef Marzouki s'est créé l'image du militant victime des rouages de l'ancien régime et des forces antirévolutionnaires. Or, en vérité, il avait bénéficié, au second tour de la Présidentielle, des voix des bases d'Ennahdha comme l'a d'ailleurs confirmé Abdelfattah Mourou, un des dirigeants du mouvement islamiste, lui-même lorsqu'il avait claché Marzouki lors d'un passage radiophonique en 2015. Mourou a rappelé Marzouki à l'ordre en lui expliquant que les voix (un million quatre cent milles voix) qui lui ont été consacrées n'étaient qu'un simple empreint. Si le populisme devait avoir un principe, cela serait la déformation des vérités... Le symbole du simplisme Mais Marzouki se retrouve dans une cruelle concurrence dans ce Top 3 avec Hechmi Hamdi, président du Courant de l'amour et propriétaire de la chaîne privée ‘l'Indépendante'. Hechmi Hamdi qui a réussi, en 2011, à s'imposer en tant que troisième parti au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC) avec vingt-six sièges, est vite devenu l'emblème du simplisme et du populisme politique. Sans s'attarder sur ses anciennes prestations, nous nous arrêterons sur sa dernière sortie où il a menacé de retirer l'invitation qu'il avait, au préalable, adressée au président américain Donald Trump. Une invitation qui serait officialisée en 2019 lorsque Hechmi Hamdi reporterait la Présidentielle. Toutefois, le président du Courant de l'amour a eu le courage de s'adresser à Trump en lui conseillant d'atténuer ses positions vis-à-vis des musulmans au risque de rater cette rencontre historique... Inutile de commenter. No comment, Sans commentaire. Divagation S'il est presque impossible de choisir entre Moncef Marzouki et Hechmi Hamdi, le duo Bahri Jelassi et Hechmi Hamdi pourrait remporter la partie. Connu pour ses tendances ‘pédophiles' – après qu'il ait basé son programme électoral en 2011 sur la nécessité de revoir à la baisse l'âge légal du mariage des filles – Bahri Jelassi représente ce qu'il y a de plus répugnant sur la scène politique tunisienne. Invité, au cours de cette semaine, à un débat télévisé, il a surpris tout le monde en annonçant, publiquement et fièrement, avoir « acheté », au temps de l'ANC, huit députés et ce sous la demande pressante du chef du mouvement d'Ennahdha, Rached Ghannouchi. Et d'ajouter que les dirigeants du mouvement islamiste faisaient appel à lui à chaque fois qu'ils se sentaient en danger. Des propos dangereux qui supposent soit que ce Bahri Jelassi dit vrai et, dans ce cas, il parle de trafic de députés – ce qui serait un crime contre tout le peuple –, soit il aurait complètement perdu le nord et il serait peut-être temps de l'interner.