La direction générale des prisons et des services de rééducation, en collaboration avec d'autres partenaires dont l'Organisation mondiale de la réforme pénale, multiplie les actions à divers niveaux pour améliorer et promouvoir l'administration et le bon fonctionnement des prisons tunisiennes et faire en sorte que les établissements pénitentiaires cessent d'être une fabrique de terroristes et un espace pour la propagation de l'extrémisme et du radicalisme violent. Un projet dans ce sens relatif à la lutte contre le radicalisme violent dans les prisons tunisiennes a été, mardi 28 février, à Tunis, au centre d'un séminaire de formation ciblant quelques 250 cadres et agents des services pénitentiaires et de rééducation. Les travaux devaient durer deux jours, comportant des communications faites par des experts et des spécialistes tunisiens et d'autres pays frères et amis sur les mécanismes avérés dans le traitement des prisonniers adeptes du radicalisme violent, ainsi que sur la formation des agents dans ce domaine, les programmes de réhabilitation et de réinsertion à destination de cette catégorie de prisonniers , parallèlement aux enseignements pouvant être tirés des expériences menées, à cet effet, par certains pays arabes et autres. Selon le Directeur général des prisons et des services de rééducation, Ilyès Zallague, ce projet tend à prévenir plus particulièrement l'embrigadement et la polarisation des détenus ordinaires et de la population carcérale, en général, par les adeptes du radicalisme violent dans les prisons, en ce que les prisons, partout dans le monde et depuis le développement des courants radicaux de quelque obédience que ce soit, sont devenus des espaces idoines pour la propagation des idéologies extrémistes, notamment le radicalisme religieux. Au nombre des mesures, il y a l'isolement des prisonniers dangereux parmi les adeptes du radicalisme violent dans des zones spéciales de haute sécurité et la répartition des adeptes jugés moins dangereux de ce courant, entre les différentes prisons, dans une proportion ne devant pas dépasser 5% des détenus dans la prison. Il a souligné qu'au-delà de sa fonction principale qui est de protéger la société contre les criminels et de contribuer ainsi à l'instauration de la sécurité et de la paix, la prison fournit aussi aux autorités et aux pouvoirs publics une occasion précieuse pour œuvrer par tous les moyens à la rééducation et à la réhabilitation des prisonniers, en particulier les terroristes. Il a souligné que ces actions nécessitent des ressources humaines qualifiés suffisantes et de grands moyens matériels, émettant l'espoir que l'expérience tunisienne trouvera l'appui et le soutien nécessaires auprès des partenaires internationaux et des Instances internationales compétentes. A cet égard, les conférenciers ont mis l'accent sur l'impact des mauvaises conditions de détention, comme la surpopulation dont souffrent en particulier les prisons tunisiennes, sur la réceptivité des prisonniers ordinaires aux idéologies radicales. Le porte parole de la direction générale des prisons et des services de rééducation, Kais Soltani, a indiqué que les actions de la direction en matière de lutte contre la propagation des idéologies terroristes dans les prisons s'inspirent du plan national de lutte contre le terrorisme et du programme quinquennal de la direction en matière de mise à niveau des prisons, 2016/2020, ainsi que des décisions adoptées à ce sujet par le gouvernement, notamment le conseil ministériel du 19 janvier 2016. Il a évoqué les efforts déployés en vue d'accroitre la capacité d'accueil des prisons tunisiennes, de manière à la porter à 19 000 lits, alors que le nombre des prisonniers dépasse les 22 000, et ce en attendant la mise en œuvre de mesures propres à réduire le nombre des détenus comme l'application des peines alternatives et les bracelets électroniques. Il a mentionné la décision gouvernementale relative à la construction d'une prison spéciale pour les prisonniers dangereux parmi les adeptes du radicalisme violent, et même pour les prisonniers dangereux de droit commun, disant qu'elle est toujours à l'étude pour examiner les moyens de sa réalisation. D'après le conférencier Abdellatif Hannachi, le nombre des prisonniers de radicalisme violent (terroristes d'obédience religieuse) en Tunisie serait de 1650, passant en revue les nombreux cas de terroristes notoires en Tunisie et autres pays arabes et européens qui ont été originellement embrigadés et enrôlés dans les prisons par les groupes terroristes.