Le Temps-Agences - Le Premier ministre israélien Ehud Olmert s'est rendu hier aux Etats-Unis pour participer à une conférence de paix, dénoncée par les islamistes du Hamas qui menacent de multiplier leurs attaques. M. Olmert rencontrera demain à Washington le président américain George W. Bush, hôte de la conférence qui se tient le lendemain à Annapolis, à une quarantaine de kilomètres de la capitale américaine. Une quinzaine de pays arabes ont annoncé la présence de leur ministre des Affaires étrangères à cette réunion, dont l'Arabie saoudite, initiatrice d'un plan de paix avec Israël récemment réactivé. Avant son départ, le Premier ministre israélien a eu d'intenses consultations téléphoniques avec des dirigeants étrangers, dont la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, a rapporté la radio publique. Israël, qui a tenté de réduire les attentes suscitées par Annapolis, en a toutefois salué la tenue et a mis en garde contre le maintien d'un statu quo favorable, selon lui, aux extrémistes palestiniens. "Le maintien du statu quo pourrait avoir des conséquences plus graves qu'une réunion non réussie", a affirmé M. Olmert, évoquant notamment le danger "d'une prise de contrôle du Hamas sur la Cisjordanie" après celle de la bande de Gaza, dans des propos rapportés avant-hier par le Haaretz. Il a également évoqué les conséquences "catastrophiques" que pourraient avoir selon lui "l'affaiblissement, voire la disparition du courant palestinien modéré" emmené par le président palestinien Mahmoud Abbas, du Fatah, son interlocuteur à Annapolis. Binyamin ben Eliezer, ministre des Infrastructures, a également souligné hier l'urgence d'une remise à flot des pourparlers de paix ensablés depuis sept ans. "Je ne pense pas que cette réunion soit une farce" du fait qu'Israéliens et Palestiniens s'y rendent sans être parvenus à formuler un document conjoint destiné à établir les contours d'un règlement du conflit israélo-palestinien, a-t-il déclaré à la radio publique. M. Abbas a annoncé la veille au Caire, où les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe sont convenus de leur participation, l'échec des négociations sur un tel texte. Le Hamas, qui doit organiser demain une conférence du refus à Gaza avec les radicaux du Jihad islamique, a menacé d'accroître ses attaques contre les forces israéliennes. "La période qui va suivre la conférence d'Annapolis verra une augmentation par tous les moyens et sous toutes les formes de la résistance, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, contre l'occupation sioniste", a assuré Moussa Abou Marzouk, bras droit du chef du Hamas Khaled Mechaâl, dans un communiqué. Qualifiant M. Olmert d'homme faible et incapable de faire des concessions, Moussa Abou Marzouk a appelé les Palestiniens "à organiser de grandes protestations, des manifestations, des actions populaires pour dire leur refus de la conférence d'Annapolis". Après-demain, les islamistes doivent organiser d'importantes manifestations à Gaza pour s'opposer à toute "concession" sur Al-Qods, les frontières d'un futur Etat palestinien, Al-Qods et le droit au retour des réfugiés de 1948, qui sont au cœur du conflit. Ils ont appelé les pays arabes à ne pas normaliser leurs relations avec israël, qui s'est en revanche félicité de la présence en force des pays arabes, une première dans l'histoire du processus de paix. Par ailleurs, Israël devrait libérer aujourd'hui plus de 400 détenus palestiniens du Fatah, en geste de bonne volonté envers M. Abbas.