La Fédération Générale du textile relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) tiendra aujourd'hui une réunion extraordinaire de sa commission administrative qui pourrait décréter une grève générale dans le secteur du textile-habillement en raison du refus des patrons d'activer l'accord conclu le 10 mars dernier sur les augmentations salariales. «Face aux atermoiements en ce qui concerne la signature de l'avenant à l'accord relatif aux augmentations salariales dans le secteur, la Fédération générale du textile a décidé de tenir une réunion extraordinaire de sa commission administrative pour prendre les mesures nécessaires », a précisé l'UGTT dans un communiqué laconique. Selon des sources bien informées au sein de la fédération syndicale, ces mesures pourraient aller jusqu'au lancement d'un mot d'ordre de grève générale sectorielle. D'après les mêmes sources, les chefs d'entreprises opérant dans le secteur du textile habillement ont fait machine arrière en ce qui concerne l'accord signé avec la Fédération nationale du textile et de l'habillement (FENATEX) rattachée à l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). L'accord en question prévoyait en effet des majorations salariales de 6% au titre des années 2016 et 2017. L'effet rétroactif de ces majorations au titre de l'année écoulée court à partir du 1er août 2016 alors que les augmentations qui seront servis au titre de l'année 2017 prendront effet e n janvier 2018. Entre temps, la FENATAX a cependant claqué la porte de l'UTICA après avoir considéré que l'accord portant augmentation salariale portera préjudice au secteur et menacera la pérennité des entreprises et des dizaines de milliers de postes d'emploi, ce qui a grandement compliqué les choses. Après avoir annoncé son divorce de l'UTICA, 528 chefs d'entreprises textiles employant 120.000 personnes ont annoncé début mai dernier la dissolution de la FENATEX et la création d'un nouveau syndicat patronal qui a pour mission de défendre le secteur, en l'occurrence la Fédération tunisienne du textile et de l'habillement (FTTH).Sa principale mission est de renégocier l'accord global sur l'augmentation des salaires dans le secteur privé signé le 10 mars dernier par l'UTICA. Cet accord jugé préjudiciable pour le secteur puisqu'il fait peser sur les entreprises textiles un surcoût de charges de 12,35% alors même que la masse salariale représente déjà 70 à 75% des coûts de production du secteur. Dans ce cadre, le nouveau syndicat représentant les professionnels du textile propose l'octroi d'augmentations salariales au titre de la seule année 2017, avec un effet rétroactif à partir du mois de janvier de l'année en cours. Outre la FTTH, le bureau exécutif du groupement professionnel de la confection et de l'habillement relevant de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), une organisation patronale rivale de l'UTICA, a affirmé «l'impossibilité d'appliquer l'accord signé entre l'UGTT et l'UTICA, relatif à la majoration des salaires sur 2017 de 6%, et rétroactivement sur l'année 2016 » et appelé à l'ouverture de nouvelles négociations à ce sujet. Du côté de l'UGTT, on assure toutefois que les négociations relatives à l'activation de l'accord salarial se déroulent avec la partie signataire, en l'occurrence l'UTICA. Selon les chiffres officiels de l'agence de promotion de l'Industrie (API), le secteur du textile et habillement compte 1852 entreprises employant quelque 180.000 personnes, soit 34% de l'effectif total des industries manufacturières. 1.548 d'entre elles sont des entreprises totalement exportatrices. 577 entreprises sont à capitaux 100% étrangers et 279 sont à capitaux mixtes. Les dernières statistiques disponibles font aussi ressortir que les exportations du secteur du textile, toutes branches confondues, ont régressé de 5183 millions de dinars en 2008 à 4916 millions de dinars, en 2012. La valeur ajoutée de l'ensemble du secteur est cependant passée de 1777,2 millions de dinars en 2008 à 1826,6 millions en 2012, soit une croissance annuelle moyenne de 1%.