Aux origines des récits de voyage modernes, l'itinéraire de Chateaubriand en Tunisie et en Orient est une oeuvre majeure quoique peu connue. L'écrivain français y raconte ses impressions de Carthage et ouvre la voie à plusieurs auteurs, dont Flaubert, qui découvriront la Tunisie sur ses traces. Une rencontre littéraire au Centre culturel international de Hammamet revient sur ce voyage et ses échos... Comment revenir deux siècles plus tard sur le fameux voyage de Chateaubriand à Carthage? Comment raconter son périple en Orient et ramener à la surface les jours et les heures d grand écrivain français dans notre pays? Ces questions et bien d'autres seront abordées au cours d'une rencontre culturelle qui aura lieu vendredi 17 décembre à 16h au Centre culturel international de Hammamet, dans le cadre des Vendredis de Dar Sebastian. Deux mois à Tunis et Carthage C'est le 12 janvier 1807 que Chateaubriand accoste en rade de La Goulette. Après une quarantaine de six jours, il arrive enfin à Tunis où il séjournera jusqu'au 5 mars. Durant les quelques six semaines qu'il passera dans la région, Chateaubriand ira se recueillir sur les ruines de Carthage et narrera aussi la légende selon laquelle le dernier des Abencérages serait enterré à Tunis. Chateaubriand découvrira aussi la Tunisie de l'époque aussi bien à travers des lectures que de nombreux témoignages qui lui furent confiés. Par ailleurs, le valet qui accompagnait Chateaubriand, le désormais fameux Julien, rédigea aussi son propre journal et le tiendra au jour le jour, à l'image de son maître. Quittant Alexandrie pour Tunis, le périple de Chateaubriand dura une quarantaine de jours à cause d'une mer en furie qui transforma cette traversée en "une espèce de continuel naufrage de quarante-deux jours". Le pire faillit se produire entre Lampedusa et Kerkennah mais heureusement des vents favorables finirent par se lever. Huit jours durant, le bateau qui menait Chateaubriand à Tunis demeura en rade devant les îles Kerkennah qu'il put par conséquent admirer à son aise tout en anticipant les ombres fugaces de Marius ou Hannibal dont les destins croisèrent cet archipel. Arrivé à La Goulette, Chateaubriand devra de nouveau patienter et il faudra l'intervention du consul de France pour qu'il puisse débarquer et abréger une quarantaine qui dura tout de même six jours que le lettré mit à profit pour relire ses grands classiques de Salluste à Tertullien en passant par Strabon et Saint-Augustin. Le consul Devoise, dont une rue porte encore le nom dans la médina de Tunis, introduira alors l'écrivain français dans la bonne société de la capitale tunisienne. Chateaubriand pourra alors aller de découverte en découverte et ira chercher l'inspiration dans les ruines de Carthage. Un voyage fondateur et un récit à découvrir Comment se déroula ce séjour de 1807? Quelles en furent les répercussions sur la littérature et précisément la littérature de voyage? Comment relire aujourd'hui la narration qui en est faite aussi bien par Chateaubriand que son valet Julien? Autant de questions qui ouvriront des perspectives sur la mémoire littéraire tunisienne et l'ouvrage "Itinéraire de Paris à Jérusalem" dans lequel Chateaubriand consigne ses impressions de Carthage et Tunis. Rappelons que les Vendredis de Dar Sebastian sont organisés par l'Association démocratique des Français de l'étranger, le Cercle Ibn Rochd et le Centre culturel international de Hammamet.