Les moyens de transport dans toutes les métropoles du monde sont pris quotidiennement d'assaut par des centaines de milliers d'usagers, le plus souvent les nerfs à fleur de peau, surtout lors des heures de pointe. Cela est devenu une constante à tel point que les sociétés, qui les desservent, ont invité leurs employés à observer un calme olympien quand les bousculades font rage pour accéder aux bus. Toutefois, il est vraiment difficile de canaliser l'ardeur de chacun dans de pareilles circonstances. Treize heures avaient déjà sonné et les fonctionnaires s'apprêtaient à rejoindre leurs domiciles pour prendre leur déjeuner. Bien entendu, les stations étaient noires de monde et les éventuels passagers attendaient fiévreusement l'arrivée de ces bus multicolores qui rencontraient les pires difficultés pour effectuer leurs rondes sempiternelles d'une manière ponctuelle. De ce fait, ils n'étaient presque jamais à l'heure et lorsque leurs portières étaient ouvertes, les citoyens s'engouffraient tous ensemble pour se bousculer devant les sièges vides afin de briguer une place assise, surtout pour tous ceux qui avaient de longs trajets à accomplir. Une fois le bus bondé, le chauffeur fermait par réflexe les portières et il arrivait parfois qu'un passager se retrouve coincé, surtout s'il est encore sur le marche-pied du véhicule. C'est ce qui est arrivé à une bonne dame qui n'a pas trouvé mieux que de blâmer le chauffeur sur un ton acerbe. La réplique de ce dernier a été instantanée. Sortant de ses gonds, il l'abreuva d'injures avant de la malmener sous le regard incrédule des passagers du bus. Humiliée, elle alla se plaindre aux agents du poste de police le plus proche qui convoquèrent le chauffeur. Celui-ci reconnut les faits, déclarant avoir agi sous l'emprise d'une colère aveugle. Traduit devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis, il écopa d'une peine de deux mois de prison pour violences graves et autant pour atteinte aux bonnes mœurs. La cour d'appel, devant laquelle il a recouru, a confirmé la sentence du tribunal correctionnel.