Avec les responsables politiques et les réalités sur le terrain, le citoyen normal ne sait plus à quel saint se vouer, pour comprendre la finalité des programmes mis en place et dont un grand pourcentage reste lettre morte. C'est le cas avec le projet du renforcement des grands périmètres irrigués du nord qui bénéficie d'un financement, pas du tout gratuit, de la Banque mondiale Le projet des grands périmètres irrigués du nord a été présenté en grandes pompes par les responsables politiques qui défendent l'indéfendable, surtout si on prend en considération la situation actuelle des périmètres irrigués du pays en général , et ceux du nord en particulier, qui manquent cruellement de ressources hydrauliques, avec des barrages dont les réserves en eau sont à leur plus bas niveau et des agriculteurs qui se plaignent du rationnement de l'eau d'irrigation. Dès lors il importe d'éviter de tomber dans les pièges des maga-projets agricoles voués d'avance à l'échec, dans l'état actuel de nos réserves hydriques, même si les financements proviennent de parties étrangères qui font les bons samaritains. L'étude relative au projet pilote de renforcement des grands périmètres irrigués du Nord a été présentée, vendredi, à l'occasion d'un atelier de travail sur cette question. Le projet qui concerne les gouvernorats de Bizerte, Béja, Jendouba et Siliana adopte une méthode innovante pour la valorisation des périmètres irrigués, à travers l'amélioration du rendement et des services relatifs à l'irrigation et aux étapes après-production. Ce projet sera évalué et généralisé à d'autres régions, une fois les objectifs réalisés. Présidant les travaux de l'atelier auquel ont pris part le représentant de la Banque mondiale à Tunis, plusieurs cadres du ministère et les représentants de toutes les parties intervenantes, le secrétaire d'Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rabhi a indiqué que l'agriculture irriguée est un choix stratégique du pays. La surface irriguée est passée de 50 mille ha au cours des années soixante à 435 mille ha actuellement. Les investissements dans ce domaine ont atteint 3500 millions de dinars, selon des données du ministère de l'Agriculture publiées sur son site. Rabhi a souligné que ces périmètres irrigués jouent un rôle de premier plan dans le développement social et économique des différentes régions, contribuant à hauteur de 37% à la valeur du produit agricole national. Ils représentent 20% des exportations agricoles, assurent la production pendant les périodes de sécheresse et participent à la sédentarisation des populations. Ce bombardement de chiffres, concernant la valeur ajouté des produits agricoles et des exportations, est vraiment bizarre, parce qu'on veut convaincre l'opinion publique du bien-fondé de ces choix. Pourtant, tout le monde sait que l'agriculture n'attire plus les travailleurs, alors que la Tunisie a besoin de création de postes d'emploi, pour les centaines de milliers de jeunes sans-emploi. Parce que, dans les régions du nord, il y a d'autres projets qui n'attendent que le bon vouloir des politiciens et des décideurs pour être réalisés et créer des milliers de postes d'emploi. Il n'y a qu'à rappeler, à titre d'exemple, le projet de Jinene Medjerda à Béja et qui va assurer des milliers de postes d'emploi, alors que des décideurs veulent détourner les financements koweitiens pour l'étude de ce projet, vers un pseudo-projet d'arborisation qui ne rapportera, pratiquement, rien à la région, au niveau de l'employabilité, du développement et de l'amélioration de la qualité de la vie. Affaire à suivre...