Le Temps-Agences - Les dirigeants des six monarchies pétrolières du Golfe achevaient hier à Doha leur sommet annuel, au cours duquel le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, premier chef d'Etat invité à ce forum, a tenu la vedette dans une assemblée qui s'inquiète du programme nucléaire de Téhéran. M. Ahmadinejad, dont la présence à Doha a été très médiatisée, s'est adressé au sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour proposer à ses pairs arabes un pacte de sécurité et un plan en 12 points pour une coopération tous azimuts, dont un accord de libre-échange et des investissements mixtes dans le domaine du pétrole et du gaz. Présents au complet à l'ouverture du sommet, les chefs d'Etat des six pays du CCG (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar et Bahreïn) sont restés sur leur faim concernant les ambitions nucléaires de l'Iran, totalement occultées par M. Ahmadinejad dans son discours. Ce discours a été fraîchement accueilli dans les milieux des délégations des monarchies du CCG présentes à Doha, qui l'ont invariablement jugé "utopique", "irréaliste" ou encore "fantaisiste". "En plus, il a présenté dans son discours le Golfe arabique comme +le Golfe persique+", répétaient plusieurs délégués et journalistes arabes du Golfe, indignés pour certains par "le manque de courtoisie du président iranien alors qu'il est l'invité de chefs d'Etat arabes". La présence au sommet de M. Ahmadinejad, qui a affirmé avoir "répondu à une invitation de l'émir du Qatar", cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, hôte du sommet du CCG, n'a pas fait l'unanimité parmi les six membres du groupe régional. "Nous l'avons appris par la presse", a affirmé le ministre koweïtien des Affaires étrangères, cheikh Mohammad Al-Sabah Al-Salam Al-Sabah, à propos de cette invitation, soulignant les craintes face aux ambitions nucléaires de l'Iran, qui refuse de suspendre son programme d'enrichissement de l'uranium. "Il est demandé à l'Iran de donner des assurances au monde, et non seulement au Golfe, sur le caractère pacifique de son programme nucléaire", a ajouté le ministre koweïtien dans un entretien publié hier par le quotidien qatari Al-Watan. Un expert des affaires irano-arabes, Mohammad Saleh Sedghian, est de son avis: "Je m'attendais à ce que le président Ahmadinejad donne les assurances qu'il devait donner aussi bien sur le programme nucléaire iranien que la non-agression des territoires des pays du CCG", a dit M. Sedghian, directeur du Centre arabe d'études iraniennes, basé à Téhéran. "Par ses propositions à l'ouverture du sommet, il a voulu focaliser son discours sur les points de convergence entre les deux parties (...), et sur l'avenir", a-t-il ajouté. En occultant la controverse sur le nucléaire, M. Ahmadinejad "a voulu dire que ce dossier est clos" tout en présentant le programme nucléaire iranien comme "un fait accompli, qui ne prête plus à discussions", selon l'expert. Dans un bref communiqué publié peu avant la clôture du sommet, la présidence qatarie de cette rencontre a dit "se féliciter" des propositions de M. Ahmadinejad, ajoutant qu'"elles seront étudiées par le CCG de manière à renforcer les relations de bon voisinage et de respect mutuel" et "contribuer au renforcement de la sécurité et de la stabilité régionales". Par ailleurs, le sommet devait annoncer la création d'un marché commun au CCG, qui ambitionne de lancer en 2010 une monnaie unique, un projet mis à mal par une inflation galopante et la faiblesse du dollar. Le chef de la diplomatie émirati, cité par l'agence WAM, a déclaré qu'aucune décision ne serait prise pendant le sommet concernant une désindexation des monnaies du CCG par rapport au dollar, une perspective largement évoquée ces derniers mois dans la presse régionale.