Du samedi 10 au 25 février, la Galerie Saladin abrite l'exposition personnelle de l'artiste-peintre Abdelmajid Jenhani Hidoud. Dès l'entrée, les premières œuvres qu'on rencontre suffisent pour traduire la sensibilité de l'artiste et toute la maitrise de son art. Au fur et à mesure qu'on se déplace d'un coin à l'autre, on découvre l'excellente technique, l'originalité du style et la riche palette du peintre. Quant aux thèmes, ils sont puisés dans le milieu où il est né, Kélibia, cette prestigieuse ville côtière du Cap Bon, où l'artiste a élu domicile depuis son retour de l'étranger en 1986. C'est ainsi qu'on retrouve la mer, les pêcheurs, les poissons, la nature, mais aussi les portraits et le corps humain. Dans l'ensemble de ses œuvres, on ressent cette liberté totale dans le choix des sujets et des motifs qu'il a tendance à parsemer de taches qui pourraient être inutiles, mais bien significatives pour l'artiste. Le mouvement est également pressenti à travers les traits et les couleurs appliquées à ses sujets. Abdelmajid Jenhani Hidoud est diplômé de l'Ecole des Beaux-arts en 1968 (spécialité céramique). Il obtint un certificat de maitrise (gravure sur bois), en 1983 à Paris. Il fut décoré de plusieurs prix dont notamment le premier prix du concours d'affiche (ministère de la jeunesse et de sport, en 1966) et le deuxième prix au concours de l'affiche (Paris, 1973). Il est membre de l'Union des Artistes Plasticiens, adhérent à l'Association des Artistes-peintres français et titulaire d'une carte d'identité artistique des artistes internationaux de l'UNESCO. Abdelmajid Jenhani Hidoud est l'un de ces peintres qui travaillent dans la discrétion, loin des lumières, quoique ses expositions personnelles et collectives, à l'étranger comme en Tunisie, soient nombreuses, sans compter ses exécutions de fresques murales en céramique et mosaïque sur les façades des bâtiments publics, jardins publics et salles d'exposition en Tunisie. Aussi peut-on dire que ce grand peintre, malheureusement méconnu du public en Tunisie, a connu deux vies artistiques : l'une à l'étranger, surtout en France où il était le chouchou de Bernadette Chirac qui se passionnait pour ses travaux et l'autre vie qu'il a passée en Tunisie depuis son retour, précisément à Kélibia où il jouit d'une grande estime de la part des habitants de sa ville natale, les deux étapes étant différentes. En France, il faisait de la peinture gestuelle, cette forme d'expression qui permet de répondre spontanément au geste créateur sans sujet de départ et sans idée préconçue, mais le geste chez notre artiste était plein d'âme et d'expression. Une fois en Tunisie, il s'intéresse de plus en plus à la forme des choses qu'il observe dans la nature et à la figuration et ses thèmes sont inspirés du milieu où il vit. Aujourd'hui, septuagénaire, notre peintre vit une certaine effervescence créatrice et continue à produire en dépit des infirmités dont il est atteint. Cependant, on a l'impression que l'artiste s'est juré de mourir en peignant ! En effet, il y a des peintres qui, atteints de vieillesse et de maladie, ne quittent le pinceau qu'à leur dernier souffle dans la vie ; ils sont mus d'une frénésie créatrice, même au seuil de la mort, et continuent à produire de belles œuvres, comme s'ils étaient encore dans la force de l'âge. Tel est le cas de notre artiste-peintre Abdelmajid Jenhani Hidoud qui, atteint depuis quelques temps d'une maladie paralysante, est contraint à garder le lit. Mais, malgré le tremblement des mains et la lenteur des gestes, il parvenait à saisir le crayon et le pinceau pour créer des œuvres artistiques à nous ravir. D'ailleurs,la quasi-totalité des tableaux accrochés sur les cimaises de la Galerie Saladin sont produites au cours de 2017, donc des travaux récents, à part quelques-uns qui remontent au siècle dernier et qui peuvent, d'ailleurs, exercer encore une grande attraction sur le visiteur. C'est que notre artiste, même souffrant, peignait avec toute son âme et toutes ses émotions, étant motivé par la foi en sa passion, la confiance en son talent et la maitrise de son art, telles sont les plus belles qualités chez notre artiste et ce sont là les plus grandes armes contre la maladie.