La première chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a examiné récemment une affaire de meurtre avec préméditation dans laquelle est impliqué un jeune d'une trentaine d'années qui, sous l'emprise de la colère, a perforé un rein de son rival, provoquant du coup sa mort. Ce drame s'est passé le jour de l'Aïd El Kébir de l'an dernier dans la cité Ettadhamen, proche banlieue populaire de la capitale. L'accusé déambulait avec un cousin à travers les ruelles de son quartier à la recherche d'un boucher pour accomplir son rite religieux quand apparut, au détour de leur chemin, un ancien camarade avec qui il avait des litiges antérieurs. D'emblée, la discussion entre les deux hommes s'anima et même le cousin, qui essaya de s'interposer pour ramener le calme, n'échappa pas à la vindicte de leur adversaire. Conséquence de cette intervention qui ne lui a pas plu, ce dernier administra une gifle magistrale à l'intrus. Immédiatement et en guise de représailles, une bagarre opposa le trio et l'agresseur battit en retraite, vu le déséquilibre des forces. Rancunier, ce camarade, muni d'un coutelas, revint à la charge pour prendre sa revanche. Il ne tarda pas alors à frapper à la porte de son rival qui l'accueillit avec des velléités évidentes. Surtout qu'il a aperçu l'arme blanche. En un éclair, il l'en déposséda pour lui perforer un rein avant de s'enfuir. Il a suffi d'un seul coup pour que la victime soit mortellement atteinte. Alertées, les forces de l'ordre accoururent rapidement pour découvrir que le blessé, qui gisait sur le trottoir dans une mare de sang, était passé de vie à trépas. Des badauds, ayant assisté à la scène, dénoncèrent l'assassin qui a été arrêté en un temps record ainsi d'ailleurs que son cousin. Lors de l'enquête préliminaire, l'accusé avoua son forfait en soulignant toutefois qu'il avait l'intention de faire peur à son protagoniste et non de le tuer. " Dans le feu de l'action, le coup a été porté accidentellement. Je ne l'ai pas prémédité. D'ailleurs, si j'avais eu vraiment l'intention de le tuer, je lui aurais porté de nombreux coups pour être assuré de sa mort. Ce qui prouve bien que c'est le destin qui a voulu de la sorte : un seul coup malencontreux a suffi pour le terrasser " devait-il déclarer dans sa déposition devant le juge d'instruction qui a relâché le cousin. Ce dernier étant totalement étranger au crime. D'autre part, le rapport de l'autopsie pratiquée sur le cadavre signale clairement que la victime a succombé à une blessure de trois centimètres, constatée sur un rein, ajoutée à une hémorragie fatale. À l'audience, le prévenu a corroboré ses déclarations antérieures, faisant remarquer au juge qu'il n'avait nullement l'intention de tuer son rival, réfutant farouchement l'accusation formulée contre lui, celle de meurtre avec préméditation. Lui emboîtant le pas, la défense a sollicité du tribunal de reconsidérer l'acte de son client en violences graves qui ont entraîné la mort. La cour sera-t-elle de cet avis ?