Ainsi, donc, Hamdi Meddeb s'est (enfin !) décidé à jouer la carte de la transparence. Non, qu'il ait des choses à cacher lui-même. Mais, croyant devoir se comporter en « grand seigneur » et croyant, surtout, que le linge sale de l'Espérance doit être lavé en famille, il se réfugie dans le mutisme, ne révèle guère des pratiques pas vraiment claires ni ne dénonce les instigateurs de ce dépiècement de l'Espérance. A l'évidence, Hamdi Meddeb a le sentiment qu'on lui a imposé la présidence d'un club qui n'avait plus de repères. Mais il se consolait à l'idée de pouvoir souder le puzzle, de pouvoir réunir les « cadres » espérantistes autour de lui. Dans son projet de reconstitution éthique du club figurent son prédécesseur et Slim Chiboub lui-même. Et les autres. Ceux qui ont été marginalisés... Cette reconstitution, toujours dans son esprit, devait se faire dans « l'esprit de famille » avec, pour épicentre, Bab Souika que son prédécesseur immédiat, a déserté. Un homme qui dirige un holding de près de 5000 employés, un manager qui réussit, peut se laisser aller à quelques épanchements du cœur. Sa première erreur aura, justement, été celle de réfléchir avec son cœur. Celle de laisser les autres, ceux qui avaient des choses à se reprocher, instrumentaliser sa fibre affective. Quand il a été plébiscité président de l'Espérance,quelques heures auparavant, des noms à « La Coluche », postulaient au poste. A ce point, l'Espérance était banalisée ? A ce point, elle donnait l'air d'être paumée, telle une grande dame tombée en disgrâce ? L'alternative, la seule était donc, Hamdi Meddeb... Mais, entre ses hésitations, ses « oui » et ses « non », la campagne des transferts se consumait. Durant cette transition, forcée d'ailleurs, parce que son prédécesseur ne comprenait toujours pas que la situation était grave ! - personne ne s'est occupé de l'équipe, de ses besoins en renforts. Pire : on a fait croire à Hamdi Meddeb que la pépinière était bien riche et que l'Espérance était sur quelques grands coups du Mercato. Rien. Commença, alors, un laborieux déblayage. Où en étaient les comptes de l'Espérance ?... Chaque jour apportait son lot de surprises : débits de compte ici, chèques et traites qui tombent, là... Et puis, une masse de joueurs de seconde zone payés au prix fort, sans parler de quelques opérations de bradage dont la plus criarde, scandaleuse même, aura eu pour nœud-gordien, l'énigme Michael ! Aujourd'hui, Hamdi Meddeb pense qu'on l'a assez roulé comme ça, dans la farine. Il refuse qu'on croie qu'on puisse lui faire ingurgiter des couleuvres dont le staff précédent est passé maître du genre. Sans doute, a-t-il eu, lui aussi, ses erreurs d'appréciation. El Ouaer n'est pas encore suffisamment mûr pour ce poste. Kanzari n'est guère meilleur à Ali Ben Néji. Et puis, Cabral a été « fait » par Ezzamalek et non l'inverse. On peut, à la limite dépasser des insuffisances techniques puisque, de toutes les manières, l'Espérance a un besoin pressant de renforts. Mais, que fera Hamdi Meddeb face à un déficit de 3 millions de dinars ? Et qui en répondra ? C'est dans ce sens que le « gentil » Hamdi Meddeb a rompu le silence !