Le Temps-Agences - Sept ans après un premier sommet au Caire, Européens et Africains se retrouvent à Lisbonne en cette fin de semaine pour, espèrent-ils, relancer sur un pied d'égalité une relation en panne, à l'heure où l'Afrique suscite l'intérêt croissant des géants de l'Asie, en particulier de la Chine. Plus de 70 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus pour ce qui sera le plus grand événement diplomatique jamais accueilli au Portugal. Grande absente des retrouvailles, la Grande-Bretagne sera représentée par un membre des Lords, le gouvernement de Gordon Brown refusant de s'asseoir à la même table que le président zimbabwéen Robert Mugabe, soumis à des sanctions européennes pour violations des droits de l'homme. Robert Mugabe a fait une arrivée très discrète jeudi soir à Lisbonne, quittant l'aéroport par une porte dérobée pour éviter les nombreux journalistes et photographes qui l'attendaient. L'arrivée de M. Mugabe n'a pas été confirmée par les autorités portugaises, qui craignent que la présence de cet encombrant invité n'éclipse les enjeux d'un sommet que Lisbonne voudrait "historique". Pour le président en exercice de l'UE, le Premier ministre portugais, José Socrates, ce 2e sommet UE-Afrique doit permettre d'établir "non pas une stratégie de l'Europe pour l'Afrique, mais une stratégie conjointe, pour la première fois dans l'histoire." "Il nous faut tourner la page post-coloniale en instaurant un véritable partenariat d'égal à égal entre l'Europe et l'Afrique", insistait le secrétaire d'Etat portugais à la Coopération, Joao Gomes Cravinho, à la veille de la rencontre. La question du Zimbabwe, si elle ne figure pas officiellement à l'ordre du jour du sommet, devrait toutefois être soulevée par certains responsables européens, qui en avaient fait un préalable à la levée temporaire de l'interdiction de séjour, imposée à Mugabe et aux dignitaires de son régime depuis cinq ans. Ce sommet "n'a pas pour objectif de résoudre tel ou tel problème particulier du continent africain", mais de "définir l'avenir de la relation euro-africaine", selon M. Cravinho. Cinq grands thèmes ont été choisis par l'Union européenne et l'Union africaine : Paix et sécurité; Démocratie et droits de l'homme; Commerce et développement; changement climatiques/énergie; Migrations et emplois. Ils seront au centre de la "stratégie conjointe" qui devra être adoptée dimanche par les chefs d'Etat, accompagnée d'un plan d'action définissant huit partenariats prioritaires à mettre en oeuvre dans les trois ans, avant un prochain sommet, théoriquement prévu en 2010 en Afrique. Plus de 3.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour assurer la sécurité du sommet, qui se tiendra dans un vaste complexe de l'est de Lisbonne, et la protection des délégations logées dans 22 hôtels. Premier chef d'Etat présent depuis jeudi matin, le Libyen Mouammar Kadhafi est logé au Fort militaire de Sao Juliao da Barra, à l'ouest de Lisbonne, où il a installé la tente sous laquelle il recevra ses invités. La plupart des autres délégations devaient arriver dans la journée d'hier pour assister à une réception offerte dans la soirée par la présidence de l'UE, où se produiront, ensemble, la star du nouveau fado portugais, Mariza, et la chanteuse cap-verdienne, Cesaria Evora.