Le pays a, tellement, souffert des bonnes intentions qui finissent en catastrophes, avec des responsables politiques qui pensent être les seuls détenteurs de la vérité. Cette triste réalité vient de nous être rappelée par le système d'organisation mis en place par l'ISIE et la HAICA qui, à travers les règles qu'ils ont instaurées, ont donné une piètre image de la compétence des Tunisiens à organiser des élections municipales, avec les résultats que nous connaissons tous. Toutes les organisations d'observateurs, ainsi que d'anciens membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) ont été unanimes autour du fait que cette dernière a été incapable de mener à bien sa mission, en faisant preuve d'incompétence, pour ne pas dire d'insouciance, avec un certain penchant de ses membres pour servir ceux qui ont permis de les placer aux postes qu'ils occupent. Depuis quelques jours, Anouar Ben Hassen, l'ancien président par intérim de l'Instance a déclaré, sur la Radio nationale que « L'ISIE a perdu de son prestige et son actuel président est incompétent », ajoutant qu'il «y a eu un réel problème de communication et la manière dont ont été dirigées les opérations laissent à désirer. Les décisions du conseil n'ont pas été appliquées car il y a eu un entêtement de la part du président. Les échecs sont dus à des décisions unilatérales et au fait que Mohamed Tlili Mansri ne soit pas apte à diriger l'Instance». Ce jugement a été confirmé par l'organisation I Watch qui a dénoncé, samedi, la faiblesse et le manque de performance de l'ISIE. Lors d'une rencontre à Tunis avec les représentants de la société civile pour jeter la lumière sur les irrégularités constatées lors de ce scrutin, Morched Mdini, responsable à l'organisation I Watch a fait état du recul de la performance de l'Instance électorale en comparaison avec les élections de 2014. D'après lui, plusieurs infractions relevées par son organisation sont liées au rendement des membres des centres et des bureaux de vote, de l'ISIE et de ses sections régionales, alors que d'autres sont imputées aux autres acteurs directement liés à l'opération électorale. Pourtant, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a estimé que la couverture médiatique de la campagne électorale municipale par les différents établissements audiovisuels a été marquée par l'intégrité et la neutralité, conformément à l'accord commun conclu avec l'ISIE. «Le rapport final sur la couverture médiatique de la campagne électorale par les chaines de télé et de radio, étalée du 14 avril au 4 mai, a fait apparaitre le respect par les différents organes ayant conclu l'accord des taux horaires réservés aux listes indépendantes, partisanes et de coalition», a ajouté NouriLejmi, président de la HAICA, lors d'une conférence de presse tenue vendredi à Tunis. Toutefois, Lejmi a précisé que le parti Ennahdha a bénéficié du plus grand taux de couverture que le parti Nidaa Tounes par les chainés de télé et de radio (14,6 % pour Ennahdha par les télés contre 12,3 % pour Nidaa Tounes et 17,9 % pour Ennahdha par les radios, contre 15,6 % pour le Nidaa), tout en omettant de parler des autres partis et du taux de couverture pour les indépendants. Toutefois, pour certains les règles mises en place pour cette malheureuse campagne électorale avaient été tellement draconiennes qu'elles n'avaient pas permis de sensibiliser les électeurs et les pousser à aller nombreux aux urnes. Dès lors il est grand temps pour les deux institutions concernées de revoir leur copie et se réorganiser en prévision des législatives de 2019.