Le Temps-Agences - Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a agité avec force hier la menace iranienne pour convaincre les pays du Golfe de mettre la pression sur Téhéran et se doter d'un "parapluie" antimissile, alors qu'un rapport des renseignements américains affirme que Téhéran a suspendu son programme d'armes nucléaires. "Ce rapport intervient à un mauvais moment, il a ennuyé un certain nombre de nos amis et embrouillé nombre de gens", a admis M. Gates lors d'un forum organisé par l'Institut international d'études stratégiques (IISS). "La politique de l'Iran est de fomenter l'instabilité et le chaos" et "sa politique étrangère déstabilisatrice est une menace pour les intérêts des Etats-Unis, les intérêts de chaque pays du Moyen-Orient et de tous les pays se trouvant à portée des missiles balistiques développés par l'Iran", a-t-il dit. M. Gates a tour à tour accusé Téhéran du "financement et l'entraînement de milices en Irak", du "déploiement d'armes et de technologie mortelles en Irak et en Afghanistan", du "soutien d'organisations terroristes comme le Hezbollah et le Hamas", au Liban et dans les territoires palestiniens, et du "développement de missiles balistiques". Cette offensive intervient quelques jours après la publication d'un rapport du Renseignement américain, selon lequel l'Iran aurait arrêté en 2003 un programme secret pour fabriquer l'arme nucléaire et serait moins déterminé aujourd'hui à posséder la bombe atomique. Ces conclusions affaiblissent l'argumentaire utilisé jusqu'ici par l'administration américaine pour obtenir de nouvelles sanctions contre Téhéran. Tout comme le président George W. Bush, M. Gates a toutefois assuré que le danger était toujours présent et exigeait la poursuite des pressions économiques et diplomatiques. "La communauté internationale devrait demander au gouvernement iranien des explications sur son précédent développement illégal d'armes nucléaires", "insister pour que l'Iran cesse son programme d'enrichissement d'uranium" et exiger que Téhéran renonce à développer ces armes, a-t-il répété. Interrogé sur la volonté des Etats-Unis d'entamer des discussions avec l'Iran, M. Gates a estimé que le comportement du pouvoir iranien "ne permettait pas de croire qu'un dialogue serait productif". Le chef du Pentagone a par ailleurs vivement encouragé les pays du Golfe à travailler ensemble pour améliorer leur sécurité, en appelant à un "effort multitatéral pour développer des systèmes régionaux de défense antimissile qui fourniraient un parapluie défensif" à la région, face à la menace iranienne. Mais Washington peine à convaincre et M. Gates a d'ailleurs dû répondre à des questions sur la menace que ferait peser Israel, qui disposerait déjà de l'arme atomique, alors que Téhéran n'en serait qu'au stade préparatoire. Bahreïn, allié régional des Etats-Unis, s'est félicité avant-hier de la proposition du président iranien Mahmoud Ahmadinejad de renforcer la coopération entre l'Iran et ses voisins arabes du Golfe. Evoquant par ailleurs l'Irak, où il vient d'effectuer une visite, le secrétaire américain à la Défense a demandé aux pays du Golfe de soutenir ce pays, où les progrès "sont réels mais fragiles". "Les nations du Moyen-Orient ont beaucoup à perdre si l'Irak tombe dans le chaos, et beaucoup à gagner d'un Irak sûr, stable et prospère", a-t-il affirmé. "Je vous demande d'exercer votre influence sur les Irakiens pour les encourager à atteindre leurs objectifs et tenir leurs promesses. Je vous demande aussi de les aider par tous les moyens possibles", a-t-il ajouté, évoquant la lutte contre l'extrémisme.