Commentant l'ascension de Souad Abderrahim à la tête de la municipalité de Tunis, le chef du mouvement islamiste d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a déclaré que cette victoire est un honneur pour tout homme qui respecte la femme et qu'il s'agit là d'une récompense concrète pour toutes celles qui se sont engagées dans la vie publique. Au cours d'une déclaration, Ghannouchi s'est adressé aux progressistes et aux modernistes en leur affirmant que soutenir la présidence de Souad Abderrahim à la municipalité de Tunis représente un réel défi pour eux ; selon l'intéressé, le fait que Souad soit une femme qui accède, pour la première fois de l'histoire de la municipalité en question, à ce poste doit annuler toutes les divergences d'ordre idéologique ce qui ne laisse à ces modernistes une seule option, soutenir Abderrahim becs et ongles. Une audacieuse déclaration pour celui qui a rédigé des théories entières où il explique que le rôle essentiel de la femme est reproductif et familial. Dans l'un de ses livres, Rached Ghannouchi s'est même dit fortement opposé au travail de la femme en dehors de son foyer conjugal tout en se plaçant en faveur de la polygamie, un devoir religieux absolu selon l'intéressé. Bien évidemment, et comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, le chef d'Ennahdha a le droit de revoir ses positions et de rectifier certains de ses tirs. Toutefois, et pour convaincre l'opinion publique et les observateurs de la sincérité de ces changements et de ces révisions, il ne faut pas que cela s'arrête là où nos intérêts s'arrêtent. Si Ghannouchi a profité de l'élection de Souad Abderrahim pour défier les progressistes, il a certainement oublié que lui et son mouvement peuvent aussi être défiés sur la sincérité de leur évolution ; s'ils ont l'élection de Souad, nous avons le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE) pour faire nos propres tests. Même si aucun défi ne leur a été lancé, les Nahdhaouis ont échoué à l'épreuve sans même s'en rendre compte ; dans un communiqué publié mercredi, le mouvement a mis en garde contre le rapport de la COLIBE expliquant que certains de ses points menacent sérieusement l'unité de la société et les fondements de la famille. Pour Ennahdha, la Tunisie un Etat civil pour un peuple musulman ce qui nécessite une approche qui respecte et les libertés individuelles et les principes de l'identité arabo-musulmane. Identité arabo-musulmane, peuple musulman, unité de la société et fondements de la famille seule critère respectable et recevable ; en somme, Ennahdha n'a rien changé de son discours de 2011, 2012 et 2013 qui avait causé, à l'époque, une grande scission sociétale qui a fini par causer des incidents de violences et deux assassinats politiques. Ennahdha n'a rien d'un mouvement islamiste qui a muté vers un parti civil prônant l'Islam démocratique ; Ennahdha est juste un parti extrémiste qui s'est accordé le droit de manœuvrer et de ne laisser paraître que ce dont il a besoin pour continuer à mener, secrètement, ses réels projets qui ne sont autres que l'instauration du sixième califat.