" Je suis malheureusement fasciné par les bijoux. L'or m'hypnotise. ", devait-il déclarer à l'enquête préliminaire. Le cambrioleur était au bord des larmes, tant il est subjugué par ce métal précieux qui en fait lui rapporte gros. Son éclectisme particulier le comble, c'est pourquoi il agit seul pour s'offrir, selon ses dires, un plaisir indicible. Sa tactique est simple : une fois, la griffe spéciale pour forcer les serrures des portes d'entrée confectionnée, et la demeure, qui donne l'apparence d'appartenir à des gens aisés, choisie, il se poste au coin de la rue pour attendre patiemment la sortie du couple. Ayant ensuite pris ses précautions d'usage après avoir jeté un coup d'œil à droite et à gauche, il s'y introduit discrètement. Une fois à l'intérieur, il se dirige machinalement vers la chambre à coucher, là où généralement se trouve le coffret à bijoux. Là, Il s'enferme alors à double tour pour le rechercher minutieusement dans le dressing. Quelques instants plus tard, il l'exhibe fièrement pour le vider complètement de son précieux contenu. Son cœur bat la chamade, non de peur d'être découvert, mais plutôt de ... fascination pour cet or ocre jaune, blanc ou rouge écarlate qui lui embrouille les yeux. Instinctivement et comme mû par enchantement, il se saisit avec délicatesse des gourmettes, boucles d'oreilles, bagues, bracelets, pendentifs et autres colliers qu'il contemple intensément pendant d'interminables minutes avant de les enfouir dans les coins les plus cachés de ses guenilles, satisfait de sa besogne. Rien ne l'intéresse. Ni le lecteur DVD dernier cri ni le home-cinéma qui trône dans le salon auprès d'une TV magnifique n'attirent son attention. Il quitte ensuite furtivement les lieux pour se fondre dans la foule. Un manège qu'il a reproduit victorieusement à plusieurs reprises dans la banlieue sud de Tunis. Les plaintes s'amoncelèrent jusqu'au jour où notre voleur, amoureux de tout ce qui scintille, se retrouva dans la nasse érigée par les policiers. Coup de théâtre : le malfaiteur, en gentleman racé, leur a non seulement confessé son amour sans borne pour l'or qu'il dérobe, mais il les a conduits dans sa tanière qui regorgeait d'une panoplie inimaginable de bijoux dont la plupart ont été rendus à leurs propriétaires. Bientôt, le tribunal de première instance de Ben Arous examinera cette affaire qui a défrayé la chronique.