Situation inextricable, bras-de-fer entre familles de politiciens et partis politiques, avec un Hafedh Caïd Essebsi, soutenu par son père qui se croit le maître du pays, et un Youssef Chahed qui pense qu'il est investi pour servir ses maîtres des institutions internationales, afin d'appauvrir les citoyens. Tous les ingrédients sont là pour faire du vote de confiance pour le ministre de l'Intérieur à l'ARP un test plein de significations. Le parlement votera aujourd'hui pour accorder sa confiance à Hichem Fourati, nouveau ministre de l'Intérieur proposé, à la sauvette, par le chef du gouvernement Youssef Chahed. Certes, la situation actuelle ne peut pas permettre au pays de rester sans ministre dans ce département vital, mais la question est si le président du gouvernement a bien choisi le moment, pour cette nomination. Le mouvement Ennahdha, principal soutien actuel de Youssef Chahed a affirmé que le président du gouvernement l'a averti de cette nomination, trois heures avant son annonce. Nidaa Tounès, par la voie de son porte-parole, le sieur Harbaoui qui est la voix de son maître ‘Caïd Essebsi Jr), a affirmé que Chahed avait eu l'audace de ne pas consulter le sacro-saint président de la République, sans, toutefois, préciser si le Nidaa Tounès avait été informé de cette décision. Pour sa part, le revenant, récemment, Ridha Belhaj qui réintégré Nidaa, en quittant le parti qu'il avait créé et qui n'était pas arrivé à percer, parce qu'il ne représente rien sur la scène politique, est monté au créneau. Il a tiré à boulets rouges sur Youssef Chahed, pensant que c'est la seule manière de se replacer et d'être mieux apprécié par le président de la République. Cette allégeance n'est pas pour le servir, surtout que son parcours politique n'est pas des plus reluisants. Avec des politiciens aussi opportunistes à l'allure de mercenaires, on doit s'attendre à tout, aujourd'hui, avec le vote de confiance pour le ministre de l'Intérieur, Hichem Fourati, fraichement nommé à ce poste. Tous les scénarii sont possibles, surtout que, pour une fois, l'opposition va jouer un rôle important. Les deux alternatives sont des plus douloureuses. Un soutien à la nomination équivaut à un cautionnement du choix du mouvement Ennahdha qui a soutenu Youssef Chahed. Toutefois, en votant pour, elle pourrait, peut-être, rendre service à la Tunisie, malgré tous les griefs contre Youssef Chahed. Dans le cas contraire, elle ne ferait que consacrer la mainmise de Hafedh Caïd Essebsi et ses orientations, pour devenir un homme politique, alors qu'il n'en a pas l'étoffe. Certes, on ne doit s'attendre à rien de bon de cette opposition et il est certain que les débats vont être marqués par des tiraillements et des débordements de toutes sortes, avec des débats qui vont montrer aux Tunisiens de toutes les couleurs. Il est certain que nous allons avoir les dérapages de Samia Abbou, entre autres, et Amroussia et consorts qui ne font pas progresser les débats... mais la situation est tellement lamentable que rien ne va plus et, pour les Tunisiens, ils sont obligés de faire des pronostics. D'ailleurs, chacun a commencé à affuter ses armes, depuis, hier, avec la bataille autour des sièges des députés à comptabiliser et Ennahdha qui avait cherché à réduire la majorité simple à 108, surtout après la vacance annoncée des sièges de Kamel Hamzaoui, élu maire de la ville de Kasserine et Abeda Kefi décédé. Mais le décompte normal a été maintenu, soit le calcul sur la base de 217 sièges. Entretemps, le président de la République Béji Caïd Essebsi s'est investi, lui-même, et l'idée est qu'il cherche à faire capoter ce vote de confiance et donner un camouflet à Youssef Chahed, avec qui il a engagé la guerre au profit de son fils. Caïd Essebsi a reçu, hier, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, ainsi que le secrétaire général de Machrou Tounès, Mohsen Marzouk, ainsi que le président du groupe parlementaire "Watania" Mustapha Ben Ahmed. Des communiqués laconiques de la présidence de la République les entretiens ont porté sur la situation générale du pays et la nécessité de conjuguer les efforts au service de l'intérêt général et de l'impulsion de la vie économique. La situation est tellement inextricable qu'elle ressemble à une loterie... où chacun est obligé de faire son jeu, pour trouver la combinaison gagnante. Alors, comme on le dit lorsque rien ne marche... Rien ne va plus... faites vos jeux.