L'actualité culturelle du mois d'octobre a été marquée par la tenue des Journées marocaines en Tunisie. Théâtre et musique sont à l'honneur avec le groupe Jil Jilala et la compagnie du Théâtre de l'Instant. Clôture des JMT le 30 octobre avec un récital de musique de chambre avec trois solistes marocains. Les Journées du Maroc en Tunisie (JMT) se déroulent pour la deuxième année consécutive et se déploient jusqu'au 30 octobre. Mises en oeuvre par Latifa Akherbache, l'ambassadeure du Maroc en Tunisie qui a pris l'initiative de les créer, ces journées ont réservé deux belles rencontres au public tunisien. De Jil Jilala à Taieb Essidiki Ce sont de véritables revenants qui se sont produits en ouverture des Journées du Maroc en Tunisie. C'était le 14 octobre à la Cité de la Culture, le public tunisien ému retrouvait ses héros des années 1970 qui, depuis de longues années n'avaient pas foulé les planches d'une scène tunisienne. Jil Jilala était en effet de retour et ce groupe a gardé intact tout son punch et sa vitalité. Personne en Tunisie n'a oublié les passages désormais mythiques de Jil Jilala à Carthage et ailleurs. Ces troubadours d'un nouveau genre avaient révolutionné la musique de leur époque et procédé à une superbe fusion où le rythme entraînant et les textes engagés faisaient mouche à tous les coups. Quarante ans après, la magie continue à opérer et la formation n'a rien perdu de sa verve. Toujours adeptes du protest-song, les Jil Jilala ont enchanté un public très bigarré et rappelé à notre bon souvenir les années où Ness el Giwan et Lemchaheb avaient conquis la scène tunisienne au point où naîtra dans leur sillage une kyrielle de groupes armés d'un luth et de percussions à l'image de Ouled Bou Makhlouf ou Imazighen. Quelques jours plus tard, le théâtre était à l'honneur avec une création signée Taieb Seddiki qui lui aussi eut ses heures fastes en Tunisie dans les années soixante. La représentation de "Badii el Zaman el Hamadani" par le Théâtre de l'Instant s'apparentait à un hommage au grand Seddiki et son ambition d'un théâtre total qui soit ancré dans une relecture brechtienne du patrimoine arabe. Haut en couleurs, parfaitement mis en abyme avec le contemporain, le spectacle rappelait l'impeccable mécanique des oeuvres de Seddiki et son rapport à la narration elliptique. Avec un zeste de nostalgie pour cette génération théâtrale à l'imaginaire débridé. "L'Ame du Maroc" à l'Acropolium de Carthage Les Journées du Maroc en Tunisie valent autant par leur contenu culturel que leur pôle réflexion. En effet, l'année dernière, les JMT avaient organisé un colloque sur la culture des droits de l'homme et engagé un intéressant débat maghrébin à ce niveau. Pour 2018, le thème choisi a rapport aux échanges commerciaux entre nos deux pays et la manière de les développer. Plusieurs experts tunisiens et marocains ont participé à ces discussions et contribué à établir un bilan tout en dessinant des perspectives d'avenir. Le programme des JMT est complété par un récital de musique de chambre qui assurera la clôture de la manifestation. Ce sont trois jeunes artistes classiques marocains qui seront mardi 30 octobre sur la scène de l'Acropolium de Carthage. Tout en participant à l'Octobre musical, ils clôtureront le programme des JMT 2018 avec un récital intitulé "L'Ame du Maroc". Ces musiciens sont la pianiste Lina Berrada, l'alto Mohamed Elhachoumi et le violoncelliste Anwar Saidi. Ils se produiront en trio avec un programme qui comprendra des compositions de Rachmaninov, Haydn, Schumann et Schubert. Habitués des scènes internationales, ces trois artistes ont à leur actif plusieurs prix internationaux. L'embellie culturelle marocaine se confirme après une première participation l'année écoulée à l'Octobre musical et une présence remarquée lors du dernier festival de la médina. De plus, le Maroc était récemment à l'honneur à la Foire internationale du livre de Tunis tout en participant à de nombreuses manifestations culturelles. Une nouvelle donne remarquable soutenue aussi bien par l'appui des entreprises marocaines en Tunisie que le dynamisme et la fibre culture de l'ambassadeure Latifa Akherbache.