Les avocats ont manifesté, hier, leur vive opposition à la levée du secret professionnel prévue par l'article 34 de la loi de Finances 2019. Répondant à l'appel à la mobilisation lancé par l'Ordre national des avocats de Tunisie (ONAT), des centaines de robes noires ont organisé une marche de protestation sous le slogan «Le secret professionnel, une ligne rouge». Partis du Palais de Justice de Tunis, à Bab Bnet, les défenseurs de la veuve et de l'orphelin ont rejoint la Place du gouvernement à la Kasbah, en passant par l'Avenue 9 avril. Ils ont scandé des slogans hostiles à la levée du secret professionnel et au chef du gouvernement, Youssef Chahed, comme «Gouvernement de l'échec, la rue est la solution» et «la loi de la honte ne passera pas». Des escarmouches entre les manifestants aux forces de l'ordre ont été enregistrées près du Palais du gouvernement à la Kasbah. Les avocats ont été par la suite rejoints par des experts comptables, des médecins, des ingénieurs et des experts comptables regroupés au sein de l'Union tunisienne des professions libérales (UTPL) défendant les professions libérales en l'occurrence. La marche de protestation organisé par l'Ordre des avocats fait suite à une grève observée lundi dans tous les tribunaux de la République en signe de protestation contre la levée du secret professionnel qui «porte atteinte à la confiance établie entre les avocats et leurs clients». L'Ordre National des Avocats Tunisiens a par ailleurs annoncé la création d'une commission juridique chargée de contester la constitutionnalité des dispositions de la loi de finances de 2019, adoptée par les députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Dans un communiqué rendu public mardi, l'ONAT a souligné que la commission est composée de spécialistes du droit constitutionnel. «L'article 34 de la Loi de finances ne sera pas applicable. Rejeté par les avocats, cet article ne sera pas non plus accepté par les justiciables ni par le reste des professions concernées (experts comptables, huissiers notaires et de justice) », a martelé le bâtonnier, Me Ameur Meherzi. Réagissant à la polémique suscitée par l'article 34, le ministre des Finances, Ridha Chalghoum a affirmé, hier, que la question de la levée du secret professionnel a été mal comprise. «La levée du secret professionnel ne va pas concerner l'activité principale des avocats. J'espère qu'ils vont comprendre. D'ailleurs, les avocats qui siègent à l'ARP ont voté pour» a-t-il déclaré. «Nous avons au contraire gardé le secret professionnel lié à toute consultation juridique ou affaire en cours liées à l'activité principale de l'avocat. La levée ne concerne que les autres activités autres que l'activité principale» a-t-il ajouté. Il a donné dans ce cadre l'exemple d'une société qui mandate un cabinet d'avocat pour payer ses taxes au lieu de le faire directement, cette opération ne sera pas sous le joug du secret professionnel parce qu'il s'agit d'une activité autre que l'activité principale de l'avocat. Le ministre a également souligné que la levée du secret professionnel concernant les activités annexes existe dans la plupart des pays du monde.