Les photos parvenant du nord-ouest depuis vendredi matin sont dignes d'une carte postale figeant la beauté d'une nature luxuriante recouverte d'un blanc manteau de neige. Ain Draham, localité située à Jendouba et si belle en cette saison mais comme chaque année, cette vague de froid polaire et ces centimètres de neige sont plus problématiques qu'enchanteurs et pour cause! Année après année, à la même période, la neige recouvre les hauteurs de la Tunisie et le froid se fait glaçant dans ce régions reculées où vivent des milliers de famille sous le seuil de la pauvreté. Certes, les paysages sont magnifiques mais cette richesse naturelle est mal exploitée surtout de point de vue touristique et pose problème à chaque hiver. C'est qu'en cas de neige, les routes sont rapidement bloquées et les accès coupés. Résultat : une panique générale, des centaines voire milliers de personnes bloquées sur les lieux, un manque de ravitaillement et des jours de tension extrême. C'est que les moyens mis à la disposition des gouvernorats touchés par ce phénomène sont bien en dessous du nécessaire et les équipements de déneigement sont bien peu suffisants. Comme chaque année d'ailleurs et avec l'annonce d'une glaciale vague de froid, les commissions de lutte contre les catastrophes naturelles se sont réunies aux sièges des gouvernorats pour étudier la situation et planifier la distribution de tonnes de denrées alimentaires et de couvertures mais concrètement, est-ce bien suffisant ? Il suffit pourtant de se rendre sur les lieux, un peu en train de la ville à Ain Draham par exemple et de partir à la rencontre des villageois de Zwitina, d'Ouled Dhifallah, de Ouled Khemissa et de tant d'autres coins perdus de la Tunisie pour se rendre compte que la situation est intenable à cause de la précarité et qu'elle devient carrément cauchemardesque avec l'arrivée du froid et des premiers flocons de neige. Pourtant, ces régions qui se distinguent par leur époustouflante beauté gagneraient tellement à exploiter ce potentiel naturel et à en faire un atout touristique qui drainerait d'importants revenus qui viendraient renflouer les caisses locales et redynamiser l'économie. Malheureusement et si de nombreux projets notamment écotouristiques ont été pensés et prévus, la concrétisation reste problématique et ce pour plusieurs facteurs. Longtemps privées de développement et de ressources, ces régions se sont fermées sur elles même et les habitants y vivent depuis des décennies blasés. Tout un travail sur les mentalités et sur la motivation notamment des plus jeunes devrait être mis en place pour encourager les locaux à s'investir pleinement pour la réussite des projets implémentés. Des solutions concrètes doivent être adoptées pour encourager les populations locales à travailler et à investir dans leurs régions plutôt que de les quitter, dès leur plus jeune âge, pour aller s'implanter dans les grandes villes, laissant derrière eux des familles sans ressources. Il faut également combattre la contrebande qui fleurit dans ces régions, faute de circuits légaux permettant aux locaux de vivre décemment et de subvenir à leurs besoins capitaux. Tellement d'efforts sont nécessaires pour revigorer ces régions et les dynamiser. Cela nécessitera du temps et surtout une forte volonté politique, appuyée par les efforts de la société civile en matière de sensibilisation, d'éducation, de développement et autres. En attendant, il continue de neiger sur les hauteurs et la population continue de grelotter en attendant le retour des beaux jours.