Selon des sources sécuritaires, les femmes représentent 10% des terroristes en Tunisie. Toutefois, au-delà de cet aspect purement quantitatif, l'importance du rôle assuré par les femmes dans les activités terroristes revient à la qualité de leur participation, comme l'illustrent si bien les confessions faites par la terroriste Fatma Zouaghi, en tant qu'ancienne communicatrice au service de l'ex organisation salafiste tunisienne dite Ansar el Chariâa (les défenseurs de la Charia), active en Tunisie entre fin 2011 et début 2015, devant la chambre criminelle chargée de juger les crimes terroristes au tribunal de première instance de Tunis. Cette chambre a achevé mardi soir 22 janvier l'audition des 20 accusés dont Fatma Zouaghi, composant la section d'information, de propagande et d'action caritative de l'organisation dite Ansar el Chariâa, reportant au 12 février prochain l'audition des plaidoiries des avocats. Aussi, est-ce avec raison qu'il est dit « chercher la femme » pour démêler l'écheveau d'un crime, mais dans le cas du terrorisme de ces dernières années, il faut y ajouter « chercher aussi dans les réseaux sociaux sur l'Internet ». Appelée à la barre, Fatma Zouaghi a indiqué qu'après l'interdiction de l'organisation dite Ansar el Chariâa, et la fermeture de ses sites sur l'Internet, en 2013, elle avait créé sur le réseau électronique facebook une page intitulée « les gardiens de la cité » ( houmat el diar en arabe) qu'elle avait utilisée pour faire l'apologie du groupe terroriste tuniso algérien appelé « phalange de Okba Ibn Nafâa » et publier des vidéos concernant les opérations et attentats terroristes que cette phalange perpétrait, notamment en Tunisie, et ce sur la demande de l'un des dirigeants de ladite phalange qui l'avait chargée en outre de créer des pages similaires pour le compte de certains éléments terroristes, membres du groupe. Il lui avait également demandé d'encadrer les vidéos par des enregistrements sonores propres à émouvoir les jeunes et à les sensibiliser à l'action terroriste de manière à les inciter à intégrer les rangs des groupes terroristes actifs et en particulier la phalange de Okba Ibn Nafâa. Fatma Zouaghi publiait également ces vidéos avec leur encadrement sonore sur la page électronique intitulée « l'aube de Kairouan » utilisée en tant que support de communication par la phalange signalée. L'enquête a révélé que Fatma Zouaghi avait aussi des contacts avec le terroriste connu, membre de ladite phalange, Lokman Ben Sakhr, qui lui avait demandé de recruter quatre éléments dont deux femmes voilées, acquis à la cause salafiste, en vue de commettre des attentats suicides ciblant notamment la caserne de police d'El Gorjani, à Tunis et celle de Bou Choucha, entre Tunis et le Bardo. Elle recruta trois éléments qui firent part de leur dévouement à la cause et leur disposition à commettre ces attentats.