Des confessions édifiantes sur le relâchement sécuritaire ayant favorisé le développement des activités terroristes en Tunisie, sous le gouvernement de la Troïka, entre fin 2011 et 2014, ont marqué les premières audiences du procès des éléments terroristes regroupés au sein de l'ex organisation salafiste tunisienne dite Ansar el Chariâa (les défenseurs de la Chariâa) entamé, vendredi, par la chambre criminelle chargée de juger les crimes terroristes au tribunal de première instance de Tunis. Un des accusés comparaissant en état d'arrestation, un jeune salafiste de la dite-organisation, a avoué avoir dirigé en 2014 dans la ville libyenne de Sabrata un centre d'accueil des salafistes tunisiens. Ce centre faisait office de lieu de rencontre aux salafistes djihadistes déjà formés pour élaborer leurs plans et projets d'action, ainsi que de lieu de dispatching aux jeunes recrutés par la mouvance islamiste radicale en Tunisie puis envoyés en Lybie à ce centre d'accueil en vue de recevoir une formation militaire dans des camps d'entrainement appartenant à divers groupes terroristes dont le groupe de Daech, avant d'être réexpédié de nouveau en Tunisie pour commettre des attentats terroristes ou acheminés vers les foyers de combat en Syrie et en Irak, pour grossir les rangs des djihadistes dans ces deux pays. Des cadres salafistes s'étaient notamment réunis dans ce centre d'accueil pour préparer et planifier les attaques terroristes perpétrées, en 2015, contre le musée national de Bardo, un hôtel touristique à Sousse et ensuite contre la ville de Ben Guerdane, près des frontières tuniso-libyennes. Organes de propagandes Au même moment, la chambre a jugé 19 membres de cette même organisation terroriste tunisienne dite Ansar el Charia dont certains étaient jugés en état en fuite, opérant au sein de son service d'information et de propagande créé en 2011, en même temps que l'organisation elle-même pour la faire connaitre et diffuser l'idéologie salafiste djihadiste. Ainsi, en 2013, cette organisation avait dit pouvoir mobiliser entre 40 mille et 50 mille adhérents et partisans. Appelé à la barre, le responsable de ce service d'information et de propagande, Afif Lâamouri, comparaissant en état d'arrestation, a avoué être membre de Ansar el Charia et qu'il avait participé activement, depuis 2011, aux rassemblements de propagande que cette mouvance salafiste radicale organisait dans les différentes villes tunisiennes. Il a révélé qu'au cours de l'un de ces rassemblements, le chef de cette organisation salafiste lui-même, Abou Iyadh (Seifeddine Ben Hassine), un des terroristes tunisiens notaires, gracié après la révolution de janvier 2011, l'avait chargé de créer un service d'information et de propagande pour le compte de l'organisation, comprenant une radio, un journal et des sites et pages électroniques sur l'Internet en vue de faire de la propagande idéologique salafiste de type djihadiste et endoctriner les jeunes tunisiens, ce qu'il entreprit de faire de concert avec un programmeur et autres éléments dont Fatma Zouaghi. Un autre accusé, propriétaire d'une ferme agricole aux environs de la ville d'El Krib, au gouvernorat du Kef, a avoué sa participation aux activités menées par l'organisation. L'enquête avait établi qu'il avait reçu de son frère, jugé en état de fuite, deux révolvers et deux caisses remplies de munitions que les forces de l'ordre découvrirent dans la ferme lors d'une perquisition. Cependant l'accusé avait pu fuir entre temps, car il était recherché pour un délit de droit commun, puis sentant que toutes les issues s'étaient fermées devant lui, il se rendit à la police. Parmi les accusés comparaissant en état d'arrestation se trouvait aussi l'imam prédicateur de la grande mosquée de la ville d'El Krib qui a avoué avoir eu de nombreux contacts avec les membres du service d'information ainsi que des rencontres à diverses occasions autant avec Abou Iyadh qu'avec beaucoup d'autres salafistes de la région qui fréquentait la mosquée. L'enquête avait révélé qu'il recevait des fonds pour la cause salafiste de la part de Abou Yadh et autres membres de l'organisation. Enfin, un autre accusé, un étudiant en 3ème année génie mécanique, a avoué que le responsable du service d'information et de propagande de Ansar el Charia, le dénommé Afif Lâamouri, lui avait demandé de construire un de ces petits avions dirigeables à distance pour espionner les postes sécuritaires et les établissements publics sensibles.