Avec la fuite de près de 1000 médecins chaque année à l'étranger, des hôpitaux et des structures de santé publics complètement dépassés à tous les points de vue, l'indifférence totale des autorités à cet égard, et un personnel médical et paramédical aux abois, quoique très qualifié, des commentateurs se sont demandés comment la Tunisie n'a pas été submergée par la pandémie de coronavirus. Lors d'une action de protestation menée, ces derniers mois, contre leurs mauvaises conditions de travail, les médecins de l'hôpital universitaire de la Rabta à Tunis, s'étaient plaints, entre autres, du manque total des accessoires de soins les plus élémentaires, tels que les gants et les masques de protection au point de se voir astreints à se les procurer par leurs propres moyens. Déjà, depuis 2016, un guide de surveillance de la grippe saisonnière et ses formes sévères en Tunisie, d'un très haut niveau scientifique, mettait en garde contre la faible préparation du pays au risque de pandémie virale signalant sans le nommer le coronavirus sous l'appellation de grippes malignes ou pneumonies virales primaires. Outre les insuffisances de la coordination entre les intervenants, la recommandation de mettre à niveau les conditions de travail, et l'absence d'un système informatique pour la gestion intégrée et partagée des données, ce guide avait recommandé de prévoir des centres nommés pour la surveillance et la prise en charge, ce que nos responsables n'ont fait, à l'occasion de la pandémie de coronavirus, qu'il y a trois jours à peine, en nommant à cet effet l'hôpital de pneumonie et de phtisiologie de l'Ariana. Aussi, les commentateurs ont été surpris que dans la panoplie de mesures prises, à cette occasion, par les autorités tunisiennes mais ne nécessitant pas d'efforts particuliers à vrai dire, au-delà de leur efficacité et de leur bien fondé, aucune décision n'a été prise en vue de réhabiliter sérieusement le secteur de la santé publique, seul à même de permettre au pays de faire face aux situations de ce genre. Par contre, d'autres pays, en Europe et ailleurs, ont annoncé, à cette occasion, l'intention d'allouer des milliards de dollars supplémentaires pour la recherche médicale et sanitaire. Là où le secteur de la santé publique a été négligé, dans le monde, la pandémie de coronavirus a frappé fort.