Le coronavirus n'a pas fait de nouvelles victimes, a assuré M.Abdellatif Mekki, ministre de la Santé, au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue, hier, au siège du ministère. De la famille des coronaviridae, ce virus proche du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) a frappé en Arabie Saoudite où il a fait seize victimes parmi les trente personnes qui ont été contaminées. De retour du Qatar, un homme de nationalité tunisienne, âgé d'une soixantaine d'années, est décédé le 10 mai à Monastir des suites d'une insuffisance respiratoire aiguë. «Suspectant la présence du coronavirus, l'hôpital de Monastir nous a contactés pour procéder à des analyses», a relevé Amin Slim, professeur en microbiologie à la faculté de médecine de Tunis et président de l'Observatoire national de la grippe. «Nous avons effectué les analyses afin de déterminer de quel type de virus il s'agit. De son vivant, nous n'avons pas diagnostiqué chez cette personne le coronavirus. Après son décès, nous avons voulu faire de nouvelles analyses mais la famille du patient s'y est opposée». La certitude que le vieil homme était atteint du virus a été établie lorsque des analyses pratiquées sur ses enfants qui présentaient des symptômes proches de ceux de la grippe ont prouvé qu'ils avaient été contaminés par le coronavirus. Suivis de très près par les médecins, ils ont été mis sous traitement et sont actuellement en bonne santé. L'Organisation mondiale de la santé, qui ne dispose pas jusqu'ici de données sur l'origine du virus (animale ou humaine) ni sur les conditions de sa mutation ainsi que sur son mode de transmission, a recommandé la vigilance et émis une série de recommandations à suivre dans toutes les régions de la Méditerranée du nord et de la Méditerranée orientale. Tous les pays doivent mettre en place une stratégie de surveillance des infections respiratoires aiguës sévères consistant à procéder au dépistage et au diagnostic des cas présentant des symptômes pouvant faire suspecter une contamination par le coronavirus. Par ailleurs, si de nouveaux cas se déclarent, ces derniers doivent être automatiquement signalés à l'OMS, comme l'exige le règlement sanitaire international datant de 2005, qui sert de référence pour l'alerte et la mise en place de la riposte au niveau international en cas de pandémie. Ces recommandations ont été suivies à la lettre, a souligné le ministre de la santé qui a assuré que les mesures nécessaires ont été prises afin d'éviter qu'une éventuelle pandémie, provoquée par le virus, ne se déclare. Le plan de vigilance a été lancé avec la mise en place d'une commission nationale de suivi, composée de spécialistes alors qu'un guide présentant les techniques de dépistage et de diagnostic, les recommandations de l'OMS et les précautions à suivre par le personnel médical et paramédical en milieu hospitalier a, par ailleurs, été publié. Un dépliant comportant des informations sur les règles à suivre pour se protéger du virus sera, en outre, distribué au grand public. «Les symptômes du coronavirus sont semblables à ceux du rhume et de la grippe, a observé le directeur de l'Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, Noureddine Ben Achour. On observe une élévation de la température chez la personne atteinte du virus qui est enrhumée, courbaturée... Toutefois, il semble que les risques de contamination soient faibles. Il faut avoir passé suffisamment de temps à proximité de la personne contaminée pour attraper le virus. Parmi les mesures de précaution qui doivent être prises : éviter de rester en contact avec la personne atteinte par le virus, se laver les mains, aérer les pièces...». Ceux qui ont effectué le petit pèlerinage et qui seront bientôt de retour seront étroitement surveillés, a souligné pour sa part M. Chaouch responsable à la Direction des soins de santé de base (Dssb). Présente au niveau du terminal de l'aérogare des pèlerins, une équipe médicale sera chargée d'informer et sensibiliser les pèlerins et de détecter les cas suspects qui devront être automatiquement soumis à un dépistage afin de vérifier s'ils ne sont pas contaminés par le virus. Enfin, évoquant, sur un autre plan, les défaillances du système de la santé en Tunisie, le ministre de la Santé a relevé que si le pays est doté de compétences médicales hautement qualifiées, l'infrastructure, l'insuffisance d'équipements dans certaines structures hospitalières et la qualité de l'accueil font, par contre, défaut et posent problème. Une réforme du système est prévue, mais pour l'heure le ministère trouve des difficultés pour la financer d'autant plus que le budget du ministère a été revu à la baisse. «Le budget du ministère a été affecté par une baisse de dix mille milliards au cours de ces dernières années. C'est un montant considérable qui aurait pu permettre de construire 33 nouveaux hôpitaux d'une capacité similaire à celui de Charles Nicolles», conclut M. Mekki.