Durant les trois derniers jours, nous avons assisté à une série de spectacles des plus désolants. Le personnel de l'hôpital de Médenine qui « dégage » une ambulance ayant à son bord une patiente atteinte du corona virus. Le ministre de la Santé publique qui ne laisse aucune occasion pour s'offrir en spectacle lors de visites pour le moins superflues et sans relation évidente avec son travail. La Troisième est cette sortie nocturne du Président Kaïs Saïed, bravant les consignes du confinement national qu'il avait lui-même signées. La scène de Médenine aussitôt reprise dans les réseaux sociaux, a vite enflé pour devenir ni plus ni moins un conflit intra régional entre Djerba et Médenine, centre du gouvernorat. Au moment où le ministre « compétent » de la Santé publique, Abdellatif Mekki plantait victorieusement un arbre à Sousse. Dans un spectacle qui interroge plus qu'il n'apporte des réponses sur la teneur de ce périple sans fin, et ses spectacles de mauvais goût dont le gouvernement martyrise les différentes régions du pays. Et ce bain de foule nocturne que Kaïs Saïed s'est offert, dans un patelin de la région de Kairouan, en temps de « couvre-feu », sous prétexte de distribution d'assistances à de miséreux sujets parmi les plus menacés par la pandémie. Cette tournée présidentielle n'a qu'un seul sens. Elle vient quelques heures seulement avant la réunion, dans la matinée de vendredi, du Conseil National de Sécurité, devant statuer sur la prorogation ou non du protocole social du confinement. Autant de gestes qui plaident ensemble en faveur de certaines caractéristiques curieuses de la présente équipe au pouvoir, et de son mode d'action par temps de crise. Et les briefings quotidiens sur la pandémie ? Tandis que nous entamons la septième semaine de la crise justement, certaines données sont venues changer les tendances à plus d'un niveau. Une grave cacophonie gouvernementale sur les dossiers de l'alimentation de la population ainsi confinée. Une montée en puissance de certaines organisations patronales refusant certaines décisions de compensations et de règlement des salaires des ouvriers et des fonctionnaires des secteurs publics et privés. Avec leur épilogue sans cesse ressassé, à savoir leur part du « gâteau de la crise » ou de la guerre contre le corona virus. Tout cela à pomper dans les caisses de l'Etat, lesquelles commencent à faire entrer des sommes de plus en plus consistantes afin de faire face à cette situation inédite dans l'histoire de la « Tunisie démocratique ». Cette fébrile activité du chef de l'Etat et de certains ministres du gouvernement semblent présenter un pied-de-nez que la classe dirigeante semble opposer à la pandémie, faute de programme clair et circonstancié de suivi de la situation en cours. Reste cette visite nocturne à des villages du gouvernorat de Kairouan. Pourquoi la nuit ? Tandis que la visite est tournée en dérision sur les réseaux sociaux en tant qu'un acte de chevalerie déplacé et hors du temps, la question reste entière. Le Président de la république a-t-il sciemment choisi de sortir de nuit comme mesure tactique ? Voulait-il éviter un danger quelconque dans la région ? Voulait-il signifier aux appareils sécuritaire et militaire une évaluation de la menace qui diffère de la leur ? Reste que la nuit est une arme à double tranchant. En ce sens qu'elle dissimule également l'agresseur et la cible. En temps normal, nous doutons fort qu'un responsable sécuritaire puisse endosser une telle décision. Que dire donc de la situation actuelle, où la menace terroriste est doublée de la menace imminente du virus en circulation. Le changement c'est maintenant Quoi qu'il en soit, le mode d'action de la Présidence de la République et de celui de certains membres du gouvernement démontre, entre autres positions, un certain inconfort dans le confinement qu'ils ont imposé, sans grande conviction à ce qu'il parait, puisqu'ils médiatisent quotidiennement des activités contrevenant aux règles élémentaires de l'hygiène en temps de crise. Dans ce cas, on voit mal la suite du confinement dans des milieux sociaux démunis et sans arme face aux conséquences de ces décisions masquées, lesquelles ont versé finalement dans une grande pénurie de masques, aggravée par une lourdeur et une bureaucratie politique qui a tendance à tout bloquer. Ainsi, il serait judicieux de vite passer aux solutions alternatives, avant que les retombées de la crise ne dépassent les capacités disponibles actuellement. La pire des perspectives, c'est de voir la population s'en remettre à ses instincts pour se ménager une survie. La machine actuelle démontre chaque jour un peu plus sa désuétude, voire son inutilité face à une crise qui devrait avoir changé bien de mauvais reflexes.