Dans quelques jours, (le 26 décembre 2007), il éteindra sa 20ème bougie. A peine un an dans l'équipe fanion de l'Etoile du Sahel, deux titres majeurs dans l'escarcelle, champion de Tunisie, champion d'Afrique, 4ème place en Coupe du monde des clubs, une prestation digne des stars du football mondial. Des éloges qui fusent de partout. Il attise la convoitise des grands clubs de la planète foot. Tout le monde parle de son immense talent, de sa vivacité, de sa vélocité et de sa grande culture tactique en dépit de sa jeunesse. Vous l'avez sans doute identifié. Il s'agit du nouveau prodige du football tunisien, Amine Chermiti. En un laps de temps très court, ce jeune espoir est en train de défrayer la chronique, de devenir l'une des idoles, une coqueluche des foules. Son ascension fulgurante risque de pousser ses dirigeants à laisser partir à contre-cœur ce petit bijou, ce trésor du ballon rond. Ecoutons parler la nouvelle petite étoile qui monte de son avenir immédiat, lointain, de cette Coupe du monde, du championnat tunisien, de la CAN 2008 au Ghana, et de l'équipe nationale.
• Le Temps : A tête reposée, un bilan de cette Coupe du monde au Japon, sur le plan personnel et sur le plan collectif. -Chermiti : Pour chaque joueur, participer (pour la première fois) à une manifestation sportive hautement médiatisée, à l'instar de la Coupe du monde des clubs, est un stimulant en soi pour briller, pour s'illustrer et pour se surpasser. Pour cette raison, tous les joueurs sans exception étaient extrêmement motivés et animés d'une volonté inébranlable son réussir leur baptême du feu dans ce challenge. Notre entrée contre Pachuca a fut timide. C'était compréhensible, tout début s'accompagne du trac, de peur et d'appréhension. Par la suite, on s'était rendu compte qu'on n'avait rien à envier aux autres et qu'on pouvait rivaliser avec les meilleurs. Petit à petit, on a repris confiance en nos moyens. Notre niveau s'est progressivement amélioré. . Face à Boca, on méritait mieux. Lors de la petite finale, nous avons été dominateurs. On avait étouffé la machine japonaise . Mais encore une fois, la réussite n'a pas été de notre côté. En un mot, l'Etoile a réalisé un mondial exceptionnel. Tout le monde nous a félicités Nous avons conquis tous les cœurs. C'est un grand acquis pour l'Etoile et pour le football tunisien. Ensuite, je voudrais dire une chose, il n'y a pas de réussite personnelle sans l'apport, l'aide et le soutien du reste du groupe. A un niveau pareil, à part la préparation physique, les consignes d'ordre tactique et technique, il y a une autre envie enfouie dans l'âme une force de caractère qui peut faire la différence et qui peut assurer la distinction. Ce sont peut-être les deux facteurs qui m'ont aidé à émerger relativement du lot. •Avant le départ au Japon, la plupart des joueurs, les chevronnés en particulier, à l'image de Ben Fraj et Ghézal, affichaient un optimisme jugé démesuré et suscitaient de la dérision dans certaines coulisses. Par quoi expliquez-vous cette mentalité nouvelle dans le camp étoilé. -Ecoutez, je vais vous dire une chose qui explique, à mon avis, les performances actuelles de l'Etoile. Nous, les joueurs jeunes, avons beaucoup appris de la rage de vaincre qui anime les joueurs appelés « âgés » ou « cadres » à l'instar de notre capitaine Seïf Ghézal, de Ben Fraj, de Majdi Ben Mohamed et du portier Methlouthi. Lorsque vous les fixez du regard avant le début de chaque match, ils vous communiquent instinctivement et instantanément cette ardeur de gagner. Cette flamme de triompher et cette ténacité de défendre corps et âme les couleurs du club. C'est cet état d'esprit, et cette solidarité qui font actuellement la force de l'Etoile. Les 80.000 spectateurs du stade du Caire, et les 65.000 du stade de Yokohama nous ont davantage galvanisés. •Chermiti qui a crevé l'écran au cours de cette Coupe du monde est annoncé partout. Comment vous concevez cette nouvelle perspective ? -Je garde encore les pieds sur terre. La folie des grandeurs ne m'a pas encore affecté, Dieu merci. Je suis encore jeune. Je dois mûrir avant de sortir. M. Moëz Driss est le seul habilité à décider de mon avenir. Je suis bien à l'Etoile. Je dois beaucoup à mon club. J'ai une dette à payer envers mes couleurs. Lorsque l'occasion propice se présentera pour une aventure professionnelle hors frontières, le président du club ne s'y opposera pas. « Rien ne sert à courir, il faut partir à point », dit le proverbe. Je sais que cette manifestation sportive au Japon couverte par plus de 300 chaînes télévisées est une Coupe du monde en miniature. C'est un grand marché de joueurs. Mais il ne faut pas succomber à n'importe quelle tentation. •L'Etoile a acquis une pointure internationale. D'après vous quelles sont les retombées de cette nouvelle dimension dans la compétition locale ? -C'est une arme à double tranchant. Elle pourrait nous servir au cas où nos adversaires intimidés par la valeur de notre effectif seraient psychologiquement bloqués voire « effrayés ». Elle pourrait en même temps les motiver pour nous faire tomber par tous les moyens. Il feraient du match face à l'Etoile une question de vie ou de mort, un honneur à ne pas souiller. • Comment vous voyez la suite du championnat pour l'Etoile ? -Ce sera très dur. Nous en sommes conscients chez nous, il y a d'autres conditions, d'autres facteurs, l'état des pelouses, la mentalité de l'adversaire qui affectent le niveau de notre football. Ce ne sont pas les trois matches disputés au Japon qui vont nous faire oublier notre réalité et notre vécu. Sans ce championnat qualifié par certains de « médiocre » nous ne serions jamais allés à Tokyo. Donc, soyons humbles, modestes et conséquents. Essayons de vaincre à Zarzis, à Gabès, à Gafsa, et le reste pour continuer à côtoyer les grands du football continental et mondial. Interview conduite par Mounir GAIDA