Le dirigeant suprême de la Corée du Nord n'a pas assisté aux cérémonies officielles du 15 avril et il est toujours absent de la scène politique. Les rumeurs sur son état de santé se sont emballées. Est-il mourant ou simplement en train de se protéger du Covid-19 ? Que se passerait-il s'il devait quitter le pouvoir ? Les autorités de Séoul restent prudentes. Selon Kim Yeon-chul, le ministre sud-coréen de l'Unification, un danger vital n'expliquerait pas l'absence de Kim Jong-un aux cérémonies traditionnelles pour l'anniversaire de son grand-père Kim Il-sung, fondateur de la République démocratique de Corée. Kim Jong-un, dont le train a été observé à Wonsan sur la côte Est du pays, serait à l'isolement par mesure de précaution face à la pandémie de coronavirus. Cela fait deux semaines que l'actuel leader suprême à Pyongyang n'a pas été vu en public. Une absence inédite qui a alimenté les spéculations sur son état de santé. Citant une source nord-coréenne, Daily NK, un site d'information établi à Séoul, a rapporté la semaine dernière qu'il avait été opéré du cœur le 12 avril. Le dirigeant est connu pour avoir des problèmes d'obésité et de tabagisme. Pour les médias japonais, Kim serait dans un « état végétatif » après « avoir agrippé sa poitrine puis être tombé au sol ». Depuis, la presse officielle nord-coréenne n'a donné aucune preuve de vie du dirigeant, au-delà d'un message d'encouragement aux travailleurs nord-coréens diffusé sans photo de Kim. D'après Anna Fifeld, la spécialiste de la Corée du Nord au Washington Post, cela signifierait qu'il est « toujours au pouvoir mais pas montrable devant une caméra ». Pour le gouvernement de Séoul, les informations selon lesquelles il a été opéré du cœur sont donc fausses, tout comme l'envoi d'une équipe médicale chinoise en Corée du Nord. Malgré cette prudence, nombre d'observateurs de la Corée du Nord s'accordent sur un point : cette situation n'est pas normale. D'où une série de questions légitimes sur les scénarios possibles si Kim Jong-un devait mourrir. Officiellement nommée République démocratique et populaire, la Corée du Nord a cependant toujours été gouvernée par l'un des membres de la même famille depuis sa fondation en 1948. La légitimité revendiquée par le Parti des Travailleurs repose sur le combat de Kim Il-sung contre l'occupant japonais puis contre la coalition de l'ONU menée par les Américains lors de la guerre de Corée (1950-53). Le Parti maintient depuis lors son emprise sur la société nord-coréenne - « l'unité d'esprit » est l'un de ses plus vieux slogans. Personne ne s'attend à une insurrection contre lui si Kim venait à mourrir. Selon Andrei Lankov du Korea Risk Group, interrogé par Reuters, « les généraux nord-coréens et les responsables politiques de haut rang ne déclencheront pas de lutte pour le pouvoir, ou bien ce serait une lutte limitée. Ils accepteraient un nouveau dirigeant issu de la famille Kim. »