Tandis que les regards sont tous tournés vers notre deuxième épreuve avec la pandémie et les risques encourus par la population dans ce confinement dit « ciblé », les politiques se déchainent les uns contre les autres et le Facebook continue à faire ses ravages parmi eux et dans le pays. Plusieurs campagnes se sont propagées sur les réseaux sociaux dernièrement critiquant violement la politique du gouvernement et surtout le travail de l'ARP et son président, Rached Ghannouchi, et appelant ouvertement à un soulèvement populaire pour faire dissoudre le parlement. Le parquet a annoncé enfin au début de cette semaine son intention de poursuivre les responsables de ses publications dont le contenu « porte atteinte aux organismes de l'Etat ». Ces publications et beaucoup d'autres, en moins violent et radicaux, expriment en fait un état d'esprit qui s'installe dans le pays depuis le déclenchement du Coronavirus. Cette surenchère se nourrit tous les jours par les bévues commises, soit par le gouvernement et ses ministres dans leur gestion souvent hasardeuse de la crise, soit par les comportements des députés de tous bords qui ne ratent aucune occasion pour s'écharper devant les caméras ou par post Facebook interposés ! Il n'en fallait pas plus pour que le parti Ennahdha se fonde d'un communiqué, au nom de son Conseil de la Choura, fustigeant « ceux qui s'en prenne au parlement et à son président ». La polémique enfle ensuite entre les partis et entre leur interprétation de ces appels à la désobéissance ! Avec Ennahdha, d'autres partis trouvent que ces appels enfreignent la loi et mettent en danger la vie démocratique du pays. D'autres crient au scandale et au retour de la censure et du « bâton ». Mongi Rahoui, député Front Populaire, s'indigne qu'on puisse mettre en cause le droit du peuple à s'exprimer et à refuser « un pouvoir » qui n'est pas, selon lui, à la hauteur de ses promesses. Pour Abir Moussi, les campagnes qui sont mises en cause ne l'intéresse que modérément. Pour la présidente du PDL, elle et son parti n'appellent qu'à des actions légales, y compris le droit de manifester et d'organiser des sit-in s'il le faut. Les islamistes, pour le PDL, sont en passe de mettre la main sur tous les rouages du parlement qu'ils veulent transformer en filiale de Montplaisir (siège d'Ennahdha). Les autres partis, et particulièrement ceux de la coalition au pouvoir, ont d'autres chats à fouetter, même s'ils sentent que la gestion du gouvernement Fakhfakh, dont ils font partie, est mise en cause par ces campagnes de dénigrements de toute « la classe politique ». En fait, cette affaire vient s'ajouter à d'autres qui concernent tous les rouages de l'Etat. Des couacs énormes, des affaires pas claires, des décisions bâclées et corrigées dans à la va-vite sont les quotidiens du pays depuis les dernières élections. Les trois présidences s'occupent à se chercher des noises, la diplomatie est en panne, la gestion du quotidien de la pandémie laisse à désirer et fait planer l'ombre d'une catastrophe sanitaire, avec l'absence de clarté dans le discours gouvernemental. Pour beaucoup d'observateurs ces signes là sont ceux d'un pays mal gouverné ! Si, en plus, on intègre la donne économique qui prévoit une récession en bonne et due forme, on est on droit de se demander s'il y a quelqu'un à la barre ?